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Un orfèvre lyonnais T.-J. Armand-Calliat et son œuvre, 1822-1901. Discours de réception à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, prononcé à la séance publique du 12 mai 1903, par M. Lucien BÉGULE, peintre-verrier, Lyon, Alexandre Rey, imprimeur, 1903. In-8, 22 p., nombreuses gravures.

Un artiste de grande valeur racontant l'œuvre d'un autre grand artiste, c'est là une étude peu banale. M. Bégule a retracé l'histoire et fait revivre le sentiment si artistement chrétien dont sont pénétrés les chefs-d'œuvre d'Armand-Calliat. Ce discours de réception a été abondamment illustré des meilleures œuvres du maître et il peut compter comme une excellente contribution à l'histoire de l'art.

Un petit coin de la Bourgogne. Dictionnaire patois ou recueil par ordre alphabétique des mots patois et des expressions du langage populaire les plus usités dans la Bresse Louhannaise (Arrt de Louhans, Saône-et-Loire) et une partie de la Bourgogne avec l'origine et l'étymologie des mots; par Lucien GUILLEMAUT. Louhans, imprimerie A. Romand. Par séries, in Bulletin « La Bresse Louhannaise » 1894-1902. In-8, x11-334 p.

On sait l'importance attachée aujourd'hui à l'étude des patois locaux. De tous côtés, dans les Universités françaises, cette étude est de plus en plus suivie et les sociétés savantes de provinces, dans leurs Mémoires, impriment volontiers des études de patois ou de folk-lore. Le présent ouvrage apporte une très utile contribution à ce genre de travaux on y trouve, en effet, non seulement la signification de chacun des mots patois, mais encore l'étymologie de ces termes toutes les fois qu'il a été possible de l'établir d'une façon authentique l'auteur a très heureusement aussi fait des rapprochements soit avec l'ancien français, soit avec des langues étrangères. En somme, M. Guillemaut a, par un travail opiniâtre et de longue haleine, recueilli dans son ouvrage près de trois mille mots ou expressions locales sur lesquelles il donne des explications ou des notes qui rendront de réels services.

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Compl sets

6-14 80

DES SCICELES

ATOMELLES & ARCHELO

FONDEE 1893

SIEGE SOCIAL

& BOURG

La Rose d'or de la Primatiale de Saint-Jean.

Une lettre inédite de Benoît XIV

Comme la Collégiale de Saint-Just, le chapitre Métropolitain posséda longtemps une rose d'or qu'il tenait également de la munificence d'Innocent IV.

C'était une élégante pièce d'orfèvrerie, formée d'une tige de rosier, avec une fleur épanouie au sommet, et de chaque côté, quatre ou cinq légères ràmures, ornées de boutons et de feuilles. Le vase qui la contenait, finement ciselé, portait au centre l'image en relief du donateur, entourée de brillants. Le tout mesurait une hauteur de 60 à 65 centimètres et atteignait environ le poids de 100 grammes; le travail artistique n'en était pas moins précieux que la matière et les pierres gravées, saphirs, diamants, qui l'embellissaient.

Le pape en faisait la bénédiction, le quatrième dimanche de carême, en récitant sur elle des oraisons particulières et en la parfumant de musc et de baume. Il la tenait ensuite pendant la procession, sans doute comme le symbole de la joie et de la paix annoncées par l'office liturgique, dans les premiers mots de l'Introït de la messe : Lætare Jerusalem.

Communément elle était destinée à un personnage de marque, bien méritant du Saint-Siège, à une reine en pèlerinage aux Saints-Apôtres, à une princesse, à une abbesse de sang royal, quelquefois on la réservait pour une ville, pour une église particulière, pour un lieu de dévotion célèbre. Lorsqu'il en gratifia les chanoines de Saint-Jean et de Saint-Just, Innocent IV voulait remercier les uns et les autres de l'hospitalité qu'il en recevait, pendant un exil qui se prolongea près de sept années; son intention était de les récompenser de leur dévouement et des sacrifices qu'ils avaient consentis pour ses intérêts. Il n'avait point ménagé aux citoyens les marques de sa bien

veillance ni de sa protection; il s'était déclaré, par des bulles soigneusement insérées dans le cartulaire municipal d'Etienne de Villeneuve, le défenseur de leurs privilèges et de leur indépendance communale encore précaire et turbulente; n'était-il pas juste que les ecclésiastiques eussent leur tour et jouissent de quelques faveurs sensibles? Le don de la rose d'or compta, à leurs yeux, comme une des plus désirables.

Mais tandis qu'à Saint-Just on veilla sur elle avec une attention jalouse qui la conserva jusqu'à la Révolution, le clergé de Saint-Jean en fut privé d'assez bonne heure, probablement à la fin du xve siècle ou dans le cours du siècle suivant, sans qu'il soit possible ni d'indiquer la date de l'enlèvement, ni par quelles mains il fut accompli. La mémoire cependant n'en fut point effacée; la tradition se perpétuait et les actes capitulaires, comme les anciens inventaires du trésor, auraient au besoin confirmé témoignages et regrets. Il n'est donc pas surprenant qu'une démarche ait été tentée auprès de Benoît XIV et qu'on ait espéré obtenir de ce savant pontife la faveur accordée jadis par un de ses prédécesseurs. C'est la réponse à cette requête, dont le cardinal de Tencin prit l'initiative que nous publions aujourd'hui. Il est naturel, toutefois, de la présenter à nos lecteurs avec quelques mots d'éclaircissement historique.

S'il eût été difficile aux chanoines de déterminer les circonstances et le temps où le bijou papal avait cessé d'appartenir à leur trésor, ils pouvaient, du moins, appuyer les preuves de leur ancienne possession sur des titres sérieux. La bulle originale, datée de Pérouse, le 13 décembre 1251, s'était égarée de bonne heure; mais il en existait un Vidimus transcrit et scellé à l'officialité par Mr. Girard, le 7 mars 1260 (1).

Au xve siècle, en 1418, un chanoine de Saint-Just, nommé trésorier en remplacement de Jean de Genas, procéda au réco

(1) Inscriptio privilegii Rosa. Nos Magister Girardus officialis curiæ lugdunensis notum facimus universis presentes litteras inspecturis quod nos vidimus, diligenter inspeximus de verbo ad verbum quasdam litteras apostolicas nobis exhibitas, vera bulia Dmi Innocentii pp. IV bullatas prout prima facie apparebat, non cancellatas, non viciatas, non abolitas, non rasas, nec in aliqua parte corruptas, sanas et integras quarum tenor talis est Innocentius, etc... (Le texte a été publié par M. GUIGUE. Monographie de la cathédrale de Lyon. Introduction p. 8, note). Datum anno Domini MCCLX, sexta mense martii. Archives du Rhône, Fonds de Saint-Jean : Armoire Aaron. Vol. 32, no 8.

lement des ornements, des châsses et des reliques dont il prenait la garde; la rose d'or y est mentionnée entre une coupe de la Vierge Marie et trois cornes d'ivoire. Trente ans après, en 1448, quand l'inventaire est grossi de toutes les richesses léguées par le cardinal de Saluces, on y lit toujours: Item rosam auri cum repositorio que monstratur in quama (1). C'est dans des vérifications postérieures, au XVIe siècle, que la suppression se produit mais comme la moins récente d'entre elles n'a été close que le 21 janvier 1581, c'est-à-dire vingt ans après le passage des bandes huguenotes du fameux baron des Adrets, on a géneralement été porté à fixer le larcin à cette époque troublée; tant de ruines furent alors entassées par le fanatisme farouche des soldats et de leurs chefs!

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Cependant, en y regardant de plus près, cette accusation paraît avoir été assez légèrement établie et ne reposer que sur des motifs trop vagues pour être maintenue. Les protestants ont été de terribles destructeurs mais ils ne se sont pas moins montrés des comptables soigneux et ils dressaient, sans réticence comme sans honte, la nomenclature exacte des objets sacrés anéantis, jetés au feu ou mis aux enchères. Nulle part il n'est question de la rose d'or. Plus tard, au moment où des restitutions se sont opérées par les soins de la veuve du greffier, Jean Croppet, et de leur fils, qui avait assisté à l'examen et à l'évaluation de l'argenterie et qui avait aidé à la transporter dans la maison d'Henri de Gubiano, banquier du parti, aucune allusion ne vient indiquer qu'on déplore la perte récente du joyau fameux et que l'espérance demeure d'apprendre qu'il a été sauvé de la tourmente. Vraisemblablement il n'existait déjà plus en 1562. Il faut remonter plus haut, et voici le fait très vulgaire qui a frappé notre attention et nous a semblé n'être pas entièrement étranger à la vérité que nous cherchons à découvrir.

Nous apprenons, en effet, par divers procès-verbaux des archives de Saint-Jean, qu'au cours des années 1520, 1521, 1522, 1526, les capitulants s'occupèrent beaucoup des reliques et prirent à leur sujet diverses délibérations qui furent promptement exécutées. On entreprit de les loger dars un local sûr

(1) VITAL DE VALOUS: Inventaires du trésor de l'Eglise de Lyon en 1448 et 1724. Lyon, Brun, libr., 1877. 66 pp.

et spécialement accommodé à cet effet: on installa des armoires dont l'élégance ne nuisait pas à la solidité; on ordonna au receveur, Robert Magnin, d'acheter trois marcs d'argent, afin d'entourer d'une enveloppe de ce métal, la coupe de la bienheureuse Vierge Marie. Toutes ces réformes furent proposées à la suite d'un vol, dont on cache l'importance, mais qui ne dut pas être médiocre, car le trésorier en charge perdit sa place et fut mis en prison. Serait-on bien loin de tomber juste, en soupçonnant que la relique d'Innocent IV fut dérobée ce jour-là? (1).

Quoi qu'il en soit de cette hypothèse, qui ne sera peut-être jamais tirée au clair, il vint à l'esprit de Mgr de Tencin de réparer le dommage, si vieux qu'il fût, et de demander au Souverain Pontife, avec lequel il entretenait les rapports les plus confidentiels, d'imiter l'exemple d'Innocent IV et de gratifier son église du même présent. L'Archevêque savait par là devoir plaire à son chapitre, en flatter l'amour-propre et lui fournir une preuve nouvelle du crédit dont il jouissait à la cour romaine. La requête, partie de Paris, nous est demeurée inconnue mais on lira avec intérêt la réponse que le Pape écrivit : loin de contenir un refus, elle exprime en termes gracieux le désir de donner satisfaction à un solliciteur aussi important que le Cardinal ministre d'Etat; le projet est simplement ajourné et les raisons, qui obligent à ce retard, ne sont pas moins curieuses à connaître qu'édifiantes à juger.

LE PAPE BENOIT XIV AU CARDINAL DE TENCIN

2 août 1747.

« Vous nous avez demandé la rose d'or pour votre église métropolitaine qui en a déjà une qui lui fut donnée autrefois par Innocent IV. Il y a six ans que nous sommes pape. La rose d'or n'a été envoyée que la première année et elle le fut à la reine de Naples, le comte Corsini m'ayant dit que le grand pape son oncle, d'heureuse mémoire, l'avait promise à cette princesse. Les années suivantes, on a fait à l'ordinaire la bénédiction de la rose qui a toujours été la même et qui n'a été envoyée

(1) Archiv. départ. du Rhône. Actes capitulaires de Saint-Jean. Liv. 36, fo 294 et 299. Liv. 38, f 205, 208, 270. Liv. 57, fo 293. Liv. 61, f 60.

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