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VI.

J'ai reçu, Monsieur, votre lettre du 2gė juin, avec le plan de Lyon dont l'inspection me fait juger combien vos alarmes étaient fondées et je suis ravi de vous en voir delivré, en obtenant ce que nous souhaitons. Je ne suis pas fâché que les mesures que j'avais prises du côté de la cour et de Mr le prévôt des marchands deviennent inutiles. Je m'intéresserai toujours infiniment à ce qui regardera votre séminaire. Vous connaissez les sentiments avec lesquels je suis parfaitement à vous.

Du 14 juillet 1741.

Le card. de TENCIN.

Il eût été en effet déraisonnable que tant de mouvement qu'on s'était donné tournât à une conclusion humiliante. Ce fut le contraire qui arriva, et, avant la fin de juin, dans une réunion tenue à Saint-Irénée, la paix fut signée entre les directeurs et les échevins qui retirèrent purement et simplement leur malencontreux devis. L'intendant de la province, M. Pallu, le prévôt des marchands, M. de la Tourette, l'abbé des Augiers, homme de confiance de Mgr de Tencin qui l'avait envoyé d'Embrun, en qualité de grand-vicaire et devait bientôt lui obtenir l'évêché de Die, se rencontrèrent au séminaire pour une dernière tentative de conciliation. Ce dernier plaida la cause du rejet avec vivacité et tous arguments dehors: mais on s'aperçut bientôt, remarque le Mémoire que nous consultons, que les représentants de l'Etat et de la cité étaient radoucis et on comprit que le cardinal Fleury avait écrit « efficacement ». M. l'Intendant donna sa parole que le projet n'aboutirait pas; M. Claret de la Tourette à qui il était dur de reculer, soutenait qu'on s'alarmait à tort, que c'était terreur panique, et il proposait de tenter au moins un essai avec promesse de démolir si l'on était réellement incommodé. A quoi un des professeurs, nommé M. Bernard, originaire de Normandie, s'écria : « Ah! Messieurs, point d'échantillon d'une si mauvaise pièce. »

. On pria ces Messieurs, dit M. de Vaugimois, de se rafraîchir et l'on se quitta les meilleurs amis du monde. M. Cousturier écrivit ensuite qu'on allât les remercier en son nom. »

Le quartier de Vaise hérita de la fonderie et de ses annexes,

de sa fumée et de ses émanations. On la construisit entre les deux portes, en face du couvent des Deux-Amants. Les pauvres religieuses de Sainte-Elisabeth témoignèrent en vain de leur répugnance; leurs instances demeurèrent sans réponse : lamentations de nonnes n'émurent jamais des politiques, entêtés à ne se courber que devant la signature d'un premier ministre.

Abbé J.-B. Vanel.

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Les cloîtres de Saint-Just et de Fourvière furent incontestablement le théâtre des plus graves excès qui suivirent « la prinse de Lyon par ceulx de la Réforme dans la nuit du 31 avril au 1 mai 1562. A Saint-Just, église, maisons canoniales, murs d'enceinte, tout fut détruit. De Fourvière, il ne resta guère que les murailles de l'église.

Pendant de longues années, les ressources fort modestes du Chapitre de la collégiale ne devaient pas permettre de songer à

une restauration, alors surtout que toutes les autres églises de la ville avaient, elles aussi, quelques dommages à réparer. Plus tard, l'œuvre put être entreprise grâce à la libéralité du Chapitre de Saint-Jean, mais cette libéralité se restreignit à l'édifice religieux et ce fut aux chanoines de Fourvière qu'incomba la charge de faire réédifier de leurs propres deniers les maisons canoniales. Par un sentiment bien naturel, ils voulurent que le souvenir de la part prise par eux dans cette restauration ne disparaisse pas entièrement, et, pour le perpétuer, décidèrent d'imposer sur chacune des maisons reconstruites le service d'une fondation à leur nom (1).

La délibération prise par eux à ce sujet, et c'est l'intérêt particulier de cette pièce, permet de reconstituer le cloître de Fourvière à une époque intéressante : les déprédations de 1562 ont à peu près disparu et bientôt la chapelle va devenir le centre de pèlerinage qu'elle est demeurée depuis.

Du lundy neufviesme jour de juilliet l'an mil cinq cens quatre vingt et dix, avant mydy, a ésté tenu chappitre, en l'ésglize collégialle Nre Dame et Sainct Thomas de Forvieres, par messieurs les chanoines de ladicte eglize, y convoquéz et assembléz, au son de la cloche, au lieu et heures accoustuméz.

Auquel estoient prs venerables messieurs mres Claude du Soleil secrétain, Jean Pascal chantre, Martin Bazod, André Amyot, Ligier de Villesavoye, Claude le Riche, et Guillaume Sarcey, tous chanoines en lad. église de Forvieres cappitulans.

Nul ne peult ignorer, au grand regret d'ung chacun bon catholique, quel malheur a rapporté l'hérésie en ce royaume de france, jadiz tant florissant non seulement quand à la police temporelle, mais beaucoupt davantaige en la piété et religion en laquelle il est demeuré si ferme et stable, au milieu d'une infinité d'hérésies, lesquelles ont régné, non seullement en Asie, Affrique, mais aussi en l'Europe, par plusieurs années, la France estant seule préservée par la grâce de Dieu de tels monstres. Jusques à la venue de ce méschant et apostat Calvin, lequel estant sussité avec ses satellites par les astuces de Sathan, tachant par tous les moyens desteindre la religion catholique, appostolique et Romeyne, fondée par Jesus Christ

(1) Cahour s'est trompé lorsqu'il a indiqué que les chanoines voulaient, par ces fondations, « aviser aux moyens d'achever les réparations de leur église

sur la ferme pierre à l'encontre de laquelle les portes d'enfer ne pourront prévalloir; nonobstant que pour l'excercisse des bons, et pour déstourner les yeux parmy les hérétiques, Dieu permet quelle soit afligée, a ravagé presque toute la France mêmes. En l'an mil cinq cens soixante deux, et le dernier jour d'apvril, les calvinistes se saisirent de la plus grand part des plus grandes et principalles villes entre lesquelles la ville de Lyon en est l'une des premieres, de laquelle chassant d'icelle tous les écclésiastiques et aultres bons et fermes catholiques, semparant de leurs biens, mesmes de tous ceulx des ésglizes, ne se contentant demporter tous les joyaulx et reliques que les gens de bien avoient donnéz, mais, que pis est, ont renversé par terre la pluspart des églizes, et entre aultres l'églize Nre Dame et St Thomas de Forvieres, laquelle ils ont ruynée jusques à abouser et my par terre le couvert dicelle et lever toutes les pierres et tumbes du pavé, ny laissant que les quatre murailles; et, de ce non comptans, pour myeux faire paroistre leur mallice, ils ont démoly à raz de terre toutes les maisons appartenans aux chanoines dicelle ésglize, et mys par terre les murailles du cloistre. Lesquelles ruynes tant de lad. église que des maisons et closture, lesd. sieurs ont taché de réparer le mieux qu'ils ont peu, et ce, non point du revenu de lad. eglise (ayant ésté presque tout perdu par les susd. troubles), mais de leurs propres deniers, ce qu'ils ont faict. Et, à telle fin que ceux qui viendront à succédder, après ceulx qui ont basty lesd. maisons, ayent occasion de prier Dieu pour eulx, ils ont faict chacun une fondation de quarante sols t(ournoi)s, par chacun par an, qu'ils ont imposé chacun sur sa maison canonialle dud. Forviere, ainsi que s'ensuit : Premierement, vénérable personne méssire Claude du Soleil, chanoine et secrétain de lad. eglise, pour sad. fondaon veult estre dictes en lad. église, chacun an à perpetuite, chacun jour et feste St Claude, vigilles pour les trespassés et le lendemain, une grand messe aussi des tréspassés, et après icelle Libera me avec les oraisons accoustumées; et pour icelle fondation veult estre paye, par son successeur en la maison qu'il a faict bastir de fond en syme, quarente sols laquelle maison est size, dans le cloistre dud. Forvieres, joincte la maison de vénérable personne messire Martin Bazod, chanoine de lad. eglise, de soir, le chemin par lequel lon vad de la grand porte dud. cloistre à l'église dud. Forviere de bize, le jardin dud. sieur secretain de vent, et les jardin et masures de messire Charles Levrat, aussi chanoine, de matin. Vénérable personne messire Jean Pascal, chanoine et chantre de lad. eglise, a fondé deux grands messes de trespassez en lad. eglize: assavoir, une chacun jour vingt neufviesme janvier, et l'aultre chacun jour vingt deuxiesme jour daoust; pour lesquelles veult estre payé quarante sols

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