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QUELQUES NOTES INÉDITES

sur Monseigneur de Marbeuf

Une bienveillante communication a remis entre nos mains, il y a quelques jours, une collection de papiers intéressant Mgr de Marbeuf, archevêque de Lyon, pendant les dix dernières années du XVIe siècle. J'ignore comment ces pièces ont été rassemblées; mais leur authenticité n'est pas douteuse; la plupart sont des originaux et ont été en dépôt autrefois au secrétariat de l'évêché d'Autun, d'où la Révolution les aura dispersés. Un court inventaire nous a semblé utile, au moins pour en signaler l'existence à ceux qu'intéresse cette époque de notre histoire religieuse.

Le dossier comprend d'abord les lettres des diverses ordinations du prélat :

1o Ses lettres de tonsure, le 1er septembre 1748, dans la chapelle du Séminaire Saint-Sulpice, par l'évêque de Saint-Claude, ancien chanoine-comte de Lyon, Mgr Joseph de Fargues. L'abbé de Marbeuf était âgé de quatorze ans ; fils de Claude-François-Marie de Marbeuf, président à mortier au Parlement de Bretagne, et de dame AnneMarie de Kérousy, son épouse, il était, en effet, né à Rennes le 17 mai 1734. et baptisé, le surlendemain, dans l'église Saint-Jean de cette ville.

2o Des quatre moindres, conférés par l'archevêque de Paris, Christophe de Beaumont, dans la chapelle des Bénédictines du prieuré de Conflans, le 20 décembre 1754.

3o Du sous-diaconat, le 24 mai 1755, dans la cathédrale de Meaux, par Antoine-René de la Roche de Fontenille, évêque de Meaux, premier aumônier de Mme Adélaïde.

4o Du diaconat, 26 mars 1756, le samedi avant le dimanche de la Passion, par le cardinal Etienne Potier de Gesvres, évêque de Beauvais, dans la grande chapelle du palais épiscopal.

5o De la prêtrise, le 4 avril 1759, le Samedi-Saint, par Jean Armand de Roquelaure, évêque de Senlis, dans la chapelle épiscopale.

Mais, plusieurs années avant de recevoir le sacerdoce, le jeune ecclésiastique breton avait été pourvu d'un canonicat à la Primatiale Saint-Jean de Lyon. On sait que cette dignité lui fut accordée sur la recommandation expresse du Dauphin; la lettre que ce prince

écrivit auxcomtes, à cette occasion, est transcrite dans les Actes capitulaires.Le futur doyen du Chapitre, M. de Bouillé, maître de l'oratoire du Roi, et le comte de la Châtaigneraie, aumônier du roi, avaient prévenu leurs confrères que la première place vacante leur serait demandée; c'est au lever du roi, où ils s'étaient rencontrés avec Monseigneur le Dauphin, que les premiers pourparlers avaient été ouverts. Le Chapitre répondit sans retard qu'il se ferait toujours un honneur de se conformer à des désirs qu'il regardait comme des ordres. Un tel langage et une docilité, si heureuse de sacrifier l'indépendance de l'élection, méritaient des compliments. La lettre suivante en fut l'expression courtoise :

Messieurs les Doyen, Chanoines et Chapitre, Comtes de Lyon,

Je souhaite véritablement que vous soyez persuadés de la satisfaction que m'a donnée l'empressement avec lequel vous avez rempli le désir que j'avais de la nomination de l'abbé de Marbeuf à la première place vacante dans votre chapitre; les sentiments que vous m'avez marqués en cette occasion, si parfaitement exprimés dans la lettre que vous m'avez écrite, ne peuvent que fortifier l'estime et l'affection que j'ai pour vous.

Je prie Dieu qu'il vous ait, Messieurs les Doyen, Chanoines et Chapitre, Comtes de Lyon, en sa sainte garde et suis votre bon ami.

A Versailles, le 1er février 1752.

Signé : Louis.

La réception eut lieu le samedi, 5 août 1752; la mort de M. Chantelot laissait une stalle inoccupée et les preuves de la noblesse examinées, le 7 novembre 1750, avaient été trouvées valides. Cependant, à peine en possession de son bénéfice, M. de Marbeuf sollicite l'autorisation de s'absenter pour continuer ses études qu'il a commencées à Paris au collège Du Plessis; il envoie régulièrement les attestations de ses professeurs; le 3 juillet 1756, il y joint un certificat de M. Couturier, supérieur de Saint-Sulpice, annonçant qu'il est entré au séminaire.

Le 3 février 1757, il est reçu bachelier en théologie à la Sorbonne. Le 25 septembre 1758, il est informé qu'il sera le conclaviste du cardinal Potier de Gesvres, à ce titre il assiste à l'élection du pape Clément XIII. Notre dossier contient plusieurs concessions de faveurs et d'indulgences accordées par le Souverain Pontife à cette occasion. Le 22 juillet 1759, lettres de nomination, signées à Paris, par Monseigneur Dominique La Rochefoucauld, au titre de vicaire général de Rouen.

10 août 1759, lettres royales de dispense de temps d'étude et d'in

terstices en droit; données à Versailles, enregistrées au Parlement avec le consentement du Procureur général, le 27 août; coût 19 livres 16 sols au contrôle ; plus 30 livres 10 sols: total 70 livres.

31 août 1759, diplôme de bachelier in utroque jure, accordé par la Faculté de Reims ; l'examen eut pour objet principal d'après les positiones du candidat, le titre X de Simonia.

26 décembre 1760, nomination à l'abbaye de Saint-Jacut de l'ordre de Saint-Benoît, diocèse de Dol, vacante depuis le 24 octobre précédent, par le décès de l'abbé Laubany.

7 mars 1761, prise de possession de ce bénéfice en commende.

27 janvier 1763, bail de l'abbaye, signé à Saint-Malo, par FrançoisMarie Carissan, ayant procuration de M. de Marbeuf. Le fermier se nomme Jean-Joseph Gorju, sieur de la Chapelle, demeurant au Bourget, paroisse de Saint-Cas, évêché de Saint-Brieux; le contrat avait été passé le 15 juillet; le preneur s'engageait à payer un revenu annuel de 7.000 livres, auxquelles il ajouterait encore 1.500 livres, parce que le chiffre des boisseaux de froment, qui montait réellement à 907, n'avait pas été complètement déclaré.

20 juin 1763, prise de possession du prieuré de Saint-Médard de Domard-les-Ponthieu, dans le diocèse d'Amiens. Les provisions ont été accordées par Messire René-Auguste de Marbeuf, prêtre, docteur en théologie de la Faculté de Paris, abbé de Saint-Germer-de-Fleix ordre de Saint-Benoît, du diocèse de Beauvais. Les témoins de la cérémonie, qui consistait pour le titulaire dans une entrée solennelle de l'église, l'aspersion d'eau bénite, une prière devant le maître-autel, furent Messire Honoré de Cuisy, prêtre, vicaire général de Lombez et prieur de Saint-Brison, en Berry, demeurant à Lombez, et Nicolas Dubrun, procureur fiscal de la châtellenie de Saint-Valéry-sur-Somme et de Cayeux, demeurant en ce dernier lieu.

Il y eut probablement des difficultés et des compétitions à propos de la jouissance de cette prébende, car au procès-verbal que nous verons de mentionner, on trouve joint un indult du Pape, tertio idus junii anno Vo, 11 juin de la sixième année du pontificat de Clément XIII, visé à Paris, le 12 juillet 1764, confirmant la nomination du titulaire.

10 juin 1767, lettre de Clément XIII à Mgr de Marbeuf, évêque élu d'Autun, lui annonçant une diminution notable sur les frais de ses bulles. Le bref mérite d'être rapporté intégralement.

CLEMENS PAPA XIII

Dilecte fili salutem et apostolicam benedictionem. Accepimus tuas litteras, quæ nobis afferunt ad episcopatum Augustodunensem fuisse te nominatum a christianissimo rege, quod tibi ad æternam salutem tuam, et

ecclesiæ illi ad ædificationem prodesse magnopere cupimus. Nosti, dilecte fili, quanta tibi sit opus virtute, ut bene personam geras episcopi, quem fideles tuæ fidei crediti et curæ, tanquam Jesum Christum, ut ait beatus Ignatius martyr, revereri debeant. Facito igitur, dilecte fili, si populum tibi obsequentem cupis atque morigerum, et te duce in viis Domini impigre gradientem, ut ad absolutissimum illud episcopi exemplum, quod descripsit beatissimus Paulus, te conformes De sumptibus, quos in expeditionem litterarum apostolicarum te facere oportet, postulare videris, ut tibi omnem remittamus.summam ; quod tuum desiderium etsi non explevimus, tantum tamen de integra summa tibi detraximus, ut intelligere possis, nobis satisfaciendi tibi voluntatem non defuisse. Tibique, dilecte fili, apostolicam benedictionem peramanter impertimur. Datum Romæ apud Sanctam Mariam Majorem, sub annulo piscatoris, die Xa junii MDCCLXVII, pontificatus nostri anno nono.

M. A., archiepiscopus Chalcedonensis.

Dilecto filio Alexandro de Marbeuf, canonico et comiti Lugdunensi, electo Augustodunensi.

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Peu de jours auparavant, le 3 juin, Mgr de Marbeuf avait annoncé sa nomination à ses collègues du Chapitre; sa lettre fut lue dans la séance du 27 et le doyen reçut mission de lui répondre. La veille de son sacre, qui eut lieu le 12 juillet, le prélat envoya sa démission officielle; on lui accorda de jouir, pendant le reste de l'année courante, de la moitié de ses livres capitulaires et de la moitié de la pension de 1.000 livres, qui lui était servie pour le dédommager de n'avoir pas de maison à loger.

Le 27 juillet 1767, le nouvel évêque prête le serment dans la chapelle du château de Compiègne; il est présenté au roi par le grand aumônier de France, archevêque de Reims, Charles-Antoine de la Roche-Aymon, assisté de son vicaire général, Le Rat, abbé de Bellosane.

Le 4 août 1767, une lettre royale aux conseillers gens des comptes les avertissant de la prestation de serment et autorisant la mise en possession des fruits et revenus de l'évêché.

Le 8 août 1767, enregistrement de la lettre précédente à la Chambre des comptes, contresigné par Jacques-Joseph Le Noir, écuyer, conseiller du roi, trésorier général de ses offrandes, aumônes, dévotions et bonnes œuvres. Le coût fut de 33 livres, qui pourront être employées «< même pour aider à marier de jeunes filles ».

Le 8 août 1767, arrêt des gens des comptes du roi, destiné au juge royal d'Autun, lui mandant de relâcher les fruits et revenus de l'évêché d'Autun, contresigné : Chassepot de Beaumont. Jean-Baptiste Leclerc, huissier de la Chambre des Comptes, en transmet copie à M. le Procureur général de la Chambre des Comptes, demeurant rue

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des Francs-Bourgeois, et à M. Marchal de Sainsey, économe général du clergé, rue des Fossés-Montmartre.

Le 17 août 1767, Hallé Jean-Claude, huissier, par exploit, en livre copie à M. Le Vitte de Rigny, procureur du roi aux bailliage, chancellerie et siège présidial d'Autun.

Le 8 août 1767, Mgr de Marbeuf, habitant rue Saint-Dominique, - quartier Saint-Germain-des-Prés, donne procuration à Jean-Baptiste de Velle de Villette, abbé de Saint-Etienne et chanoine de l'église cathédrale d'Autun, de prendre en son nom possession du siège. L'acte est passé devant les deux notaires, Boussier et Gobert; il fut contrôlé et enregistré au greffe des Insinuations ecclésiastiques d'Autun, le 17 août 1767, par Gagnard, commis.

Le

4 août 1771, mémoire de réparations à l'évêché.

Le 31 janvier 1776, indult obtenu à Rome, le 25 novembre 1775. par Mgr l'évêque d'Autun, conseiller aux Conseils du roi, abbé commendataire de Saint-Florent-de-Bonneval, ordre de Saint-Benoît, congrégation de Saint-Maur, diocèse de Chartres, de conférer en commende tous les bénéfices dépendant de cette abbaye, à l'exception des prieurés conventuels, offices claustraux, bénéfices de cures et des premières dignités des Eglises métropolitaines, cathédrales et collégialles. L'enregistrement en est ordonné par le Grand Conseil, avec lettres d'attache du 6 janvier précédent.

Le 27 mars 1776, lettres du roi, nommant conseiller au Parlement de Dijon Monseigneur d'Autun, lui accordant l'entrée en séance à cette cour, comme une marque d'honneur convenable à son mérite et à sa qualité ; l'autorisant, quand bon lui semblera, à y avoir voix et opinion délibératives en toutes matières d'affaires, assemblées et propositions, La lettre est datée de Versailles, signée: Louis et par le roi : Lamoignon. L'enregistrement au greffe du Parlement de Bourgogne est du 5 décembre 1776.

Le 5 décembre 1776, extrait des registres du Parlement de Dijon ; procès-verbal de séance, dans laquelle sont déposées les lettres patentes précédentes, scellées en cire jaune, telles que les avaient toujours obtenues les sieurs évêques d'Autun; requête par Mgr de Marbeuf de l'admettre aux rang et séance de conseiller d'honneur; adhésion de la cour, toutes Chambres assemblées; l'évêque prête serment et occupe la place réservée à sa dignité.

Les documents, qui ont passé sous nos yeux, ne nous en apprennent pas davantage. De si mince contribution qu'elle puisse être, nous avons cependant pensé à donner cette courte analyse, parce que l'archevêque de Lyon attend encore un historien et que les notices imprimées jusqu'ici sont d'une insuffisance, qui rend nos vœux plus ardents de voir enfin cette lacune comblée.

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