Av. J. C.27. fallut pas lui faire une grande violence: AN. R.725 bientôt il fe rendit, mais il appofa à fon confentement certaines reftrictions qui, en fauvant les déhors de la modeftie, ne nuifoient point aux intérêts bien entendus de fon ambition. Il partage file Provin ces avec ie Après donc qu'il eut déclaré que par déférence pour la volonté du Sénat fi expreffément marquée, il fe chargeoit Sénat de la conduite générale des affaires de la République, il ajouta que fon intention n'étoit pas d'en porter feul tout le faix, & qu'il étoit réfolu de partager les Provinces avec le Sénat & le Peuple, enforte que les unes fuffent ၁ fous la direction fpéciale du Sénat, & les autres fous la fienne. Dans le choix des Provinces, il témoigna être difpofé à prendre pour lui les plus tumultuen fes, les plus fujettes aux mouvemens & aux troubles, les frontiéres expofées aux incurfions des ennemis du dehors, laiffant aux Sénateurs celles dont la tranquillité leur permettroit de gouter les douceurs du commandement, fans en éprouver les inquiétudes & les allarmes. C'étoit un difcours fpécieux pour mettre fous fa main toutes les forces de l'Empire, au lieu que le Sénat n'ayant dans fon partage que des Pro. Av. J.C.270 AN. R. 725. vinces défarmées, fe trouveroit fans troupes, & par conféquent hors d'état de lui donner aucun ombrage. Les Provinces du département du Sénat furent l'Afrique, c'est-à-dire, le pays autour de Carthage & d'Utique, la Numidie, l'Afie proprement dite, qui comprenoit l'ancien Royaume de Pergame, la Gréce, que l'on appelloit alors plus communément Achaïe, la Dalmatie, la Macédoine, la Sicile, l'Ifle de Créte avec la Cyrénaïque, la Bithynie,à laquelle on joignoit le Pont, l'Ile de Sardaigne, & en Efpagne la Bétique. Octavien fe réferva le refte de I'Efpagne, divifé en deux Provinces, le Tarragonoife & la Lufitanie, toutes les Gaules, comprenant la Narbonnoife, la Celtique, que l'on commençoit alors à appeller la Lyonnoife, l'Aquitaine, la Belgique, & les deux Germanies, haute & basse, c'est-à-dire, la lifiére du Rhin, à la gauche de ce fleuve, depuis les environs de Bâle jufqu'à fon embouchure. Du côté de l'Orient la * Céléfyrie, la Phénicie la Cilicie, l'Ifle de Chypre,& l'Egypte, *Je tranfcris Dion : feulement la partie apcependant, il eft conftant pellée Céléfyrie, étoit par les faits que la Syrie dans le département des soute entiere, & non pas Céfars, étoient encore dans le lot d'Octavien. Av. R. 725. gouverner, comme avant le changement introduit dans la République. Tous les habitans en étoient citoyens Romains; & chaque peuple, chaque ville avoit fes Magiftrats, qui dans les occafions importantes fe pourvoyoient à Rome devant le Sénat & les Magiftrats Romains, ou devant le chef de l'Empire. Il faut encore remarquer que dans le partage dont il vient d'être parlé, on ne fit entrer que les pays qui étoient fous le domaine direct de la République. Dans l'étendue de l'Empire il se trouvoit des villes & des peuples libres; des Rois, tels qu'Hérode en Judée, en Mauritanie Juba,qui époufa Cléopatre fille d'Antoine. Ces Rois & ces peuples n'étoient point regardés comme fujets, quoiqu'ils vécuffent fous la protection & dans la dépendance de l'Empire Romain. Par la fuite tous ces pays l'un après l'autre furent réduits en Provin AN. R. 725. ces, & accrûrent toujours à la part des Av. J. C.27. Empereurs, & non à celle du Sénat. Enfin, j'obferverai que la distribution des Provinces faite par Octavien ne fut point invariable. Lui-même il reprit la Dalmatie, où il s'étoit élevé une guerre confidérable, & rendit en échange au Sénat, Chypre & la Narbonnoife. Il fe fit encore fous fes fucceffeurs divers changemens, dont nous rendrons compte forfque l'occafion s'en préfentera. Il ne fe charge du gouverne moyen de jours répé tées il le gar vie. Telle est donc la premiére réserve par laquelle Octavien modéra & refment que treignit, au moins en apparence, le pour dix pouvoir fans bornes que le Sénat lui ans: mais au abandonnoit. Il y joignit, toujours. continua- dans le même goût, une autre limitations tou- tion quant à la durée. Il ne voulut recevoir l'autorité du gouvernement que da toute fa pour dix ans, & il protefta, avec sa fincérité accoutumée, que fi dans un moindre efpace de temps il réuffiffoit à mettre la République dans un état de confiftance heureufe & durable, il n'attendroit pas l'expiration du terme pour fe démettre. Ce n'étoient-là que des paroles. Au bout des dix ans, il fe fit continuer le régime fuprême tantôt pour cinq ans, tantôt pour dix, & le garda ainfi jufqu'à la fin de fa vie. Ses Av. J. C.27 fucceffeurs, qui recevoient l'Empire AN. R. 725 fans aucune fixation de tems,mais pour toute leur vie, ne laifferent pas de conferver un veftige de ces reprifes décennales, en célébrant tous les dix ans des fêtes folemnelles, comme pour un renouvellement de la fouveraine puiffance en leur perfonne. Le partage des Provinces entre Oc- Il reçoit le tavien & le Sénat fut arrêté le treize nom d'Au Tillemont. Dio. Janvier: & le dix fept, Octavien reçut gufte. le nom d'Augufte. Il étoit bien-aife de Aug.VI. prendre un nouveau nom, qui fût un titre de diftinction, fans être odieux ni tyrannique. Il penfa d'abord à celui de Romulus, qui lui fembloit propre à le faire refpecter comme le fecond fondateur de Rome. Mais Romulus avoit été Roi, & un Roi defpotique, qui Suet. Aug. avoit armé contre lui la vangeance des c. 7. Sénateurs. Octavien craignit donc que ce nom ne reveillât des idées fâcheufes, & même funeftes. Il préféra celui d'Augufte, qui, felon l'énergie du terme, marque une perfonne ou une chose con facrée par la Religion, & tenant de près, pour ainfi dire, à la Divinité. Plancus, fans doute de concert avec lui, en fit la propofition, & le Sénat le lui déféra folemnellement. Ce nom |