Page images
PDF
EPUB

bére transfére les élections au Senat, qui fe trouve ainfi représenter feul L'ancienne République. La nation Romaine dédommagée de la perte de fa liberté par le bonheur dont Augufte la fait jouir. Les Provinces plus heureufes fous le nouveau Gouvernement. Mot d'Augußte fur Aléxandre. L'Hiftoire devenue plus ftérile. Nouveaux honneurs & priviléges décernés par le Sénat à Augufte.

AN. R.723. C. JULIUS CESAR OCTAVIANUS V.

Av .J.C.29.

[blocks in formation]

SEX APU LÉLUS.

ÉSAR Octavien par une fuite d'injuftices, de violences de cruautés, & d'entreprises tyranniques, étoit enfin parvenu à fe voir le maître de tout l'Empire Romain. Il avoit commencé par abattre les défenfeurs de la liberté Républicaine : la maifon ennemie de la fienne, les rivaux & les concurrens qu'il avoit eus dans fon propre parti, tout étoit détruit. Il ne reftoit plus d'autre puiffance que celle dont il jouiffoit, d'autres armes que celles qui reconnoiffoient fes ordres.

Ce haut dégré de grandeur lui avoit trop couté à acquérir, pour qu'il ne

[ocr errors]

Av. J. C.29

fat pas bien réfolu de le conferver. AN. R.723 Mais il n'y avoit d'autre droit que la force: & il fentoit parfaitement combien un titre fi odieux étoit infuffifant en lui-même, & dangereux pour les conféquences. Les preuves mêmes de douceur, de fagesse, de modération qu'il avoit eu foin de donner, depuis que la cruauté avoit ceffé de lui paroître néceffaire, pouvoient bien lui concilier l'affection d'un grand nombre de citoyens, mais ne corrigeoient pas le vicede fon ufurpation. Quelque aimable qu'il eût rendu fon gouvernement, c'étoit toujours une injufte tyrannie qui l'expofoit aux foulevemens confpirations, de la part de tous ceux qui confervoient encore quelque refte des anciens fentimens Romains. On eût été perfuadé que lui arracher le commandement & la vie, c'étoit faire une action louable, & bien mériter de la République. Plein de ces réfléxions, Octavien entreprit de légitimer par le confentement de la Nation, une puiffance inique dans l'origine : & il procéda à l'exécution de ce deffein avec une prudence exquife, & qui ne peut être trop foigneufement remarquée. Avant tout il crut devoir feindre Dans certe

aux

feindre d'abdiguera

AN.R. 723 d'abdiquer l'autorité du gouverneAv. J.C.29. ment. Il ne pouvoit s'en difpenfer,fans vie il veut fe faire accufer de mauvaise foi. Le prétexte de fa prise d'armes avoit été la vengeance de la mort de fon oncle & pere adoptif: cette vengeance étoit pleinement accomplie. La rivalité avec Antoine lui avoit fervi de motif pour demeurer armé: Antoine n'étoit plus & tous les termes marqués pour la du rée du Triumvirat étoient expirés depuis longtems: il y avoit trois ans au moins qu'Octavien n'exerçoit la fouveraine puiffance qu'en vertu de la Magiftrature Confulaire,dans laquelle il avoit pris foin de fe perpétuer.

tion.

#. 28.

Il prend Réfolu donc de faire tous les femblans Pavis d'A d'une abdication, pour donner un air grippa & de Mécéne fur de fincérité à cette démarche, il voulut fon abdica- en délibérer avec fes principaux MinifSuet. Aug. tres & confidens intimes, Agrippa & Mécéne Illes manda enfemble,& leur Dio. I. LII. ordonna de lui dire librement leur avis fur un point fi délicat & fi important. Agrippa, qui avoit l'ame grande & Aui confeille. noble, opina pour le parti le plus gé néreux. Il confeilla à Octavien de remettre l'autorité fuprême au Sénat & au Peuple Romain,conformément aux engagemens tant de fois pris avec eux; & de prouver ainfi la bonne foi & la

'Agrippa la

Av. J.C.399

candeur de fes procédés. Il prétendit AN.R. 711 que la fûreté même de fa perfonne y étoit intéreffée, & pour le prouver il lui allégua les exemples contraires de Sylla & de Céfar:comparaifon effrayante pour quiconque fe détermineroit à garder dans Rome un pouvoir monarchique. Il infifta fur l'impoffibilité de reculer, fi Octavien prenoit une fois ce parti;fur fa mauvaise fanté, qui fuccomberoit fous l'énorme fardeau du gouvernement d'un fi vafte Empire. Pour donner plus de poids à fon confeil,il obferva que ce n'étoit pas l'intérêt propre qui le lui dictoit, puifque par la faveur d'un feul il étoit parvenu aux plus hautes dignités, au lieu dans la forme Républicaine, homme d'une naiffance médiocre comme il étoit, il avoit à craindre d'être étouffé par un très grand nombre de Nobles

que

* Cette réfléxion a été | illuftres Poëtes,qui la met traitée par un de nos plus dans la bouche d'Octavien. Sylla m'a précédé dans le pouvoir fuprême, Le grand Céfar mon pere en a joui de même ; » D'un œil fi différent tous deux l'ont regardé, » Que l'un s'en est démis, & l'autre l'a gardé. ■Mais l'un cruel, barbare,eft mort aimé, tranquilles ⚫ Comme un bon citoyen, dans le fein de fa ville. L'autre tout débonnaire, au milieu du Sénat A vû trancher fes jours par un affaffinat. Corneille, Trag. de Cinna, A&t. II. Sc. I.

Av. J.C.29.

AN. R.723. dont l'éclat ne pouvoit manquer de l'obfcurcir. Il ajouta en finiffant que fi toutes fortes de motifs engageoient Octavien à abdiquer, il ne s'enfuivoit pas qu'il dût fe hâter d'exécuter cette réfolution: qu'au contraire il étoit très convenable qu'il fe donnât le tems d'y préparer les voies,en établissant la tranquillité publique fur de bons fonde

Mécéne l'en diffuade,

mens.

gou

L'avis d'Agrippa ne fut point gouté de Mécéne. Ce Miniftre, dont le mérite. propre étoit une prudence rare, & un efprit très délié & très fin, penfa, peutêtre avec raifon, que le confeil d'abdiquer avoir plus de brillant que de folide. Il voyoit qu'un Empire qui comprenoit la plus grande partie du monde connu, ne pouvoit fe paffer du vernement d'un feul : & l'expérience. de près de foixante ans de guerres civiles, ou de féditions turbulentes, l'avoit convaincu, auffi bien que tour ce qu'il y avoit alors de plus fages têtes, la témérité de la multitude & les factions des Grands expofoient la République à de continuelles tempêtes, dont la Monarchie étoit pour elle le feul port & l'unique abri. Pour ce qui eft de la fûreté perfonnelle d'Octavien, on ne pouvoit pas douter qu'après le grand

que

« PreviousContinue »