De la religion: considérée dans sa source, ses formes et ses développements, Volume 1

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Popular passages

Page 61 - La liberté ne peut s'établir, ne peut se conserver, que par le désintéressement; et toute morale étrangère au sentiment religieux ne saurait se fonder que sur le calcul. Pour défendre la liberté, on doit savoir immoler sa vie, et qu'y at-il de plus que la vie, pour qui ne voit au delà que le néant? Aussi quand le despotisme se rencontre avec l'absence du sentiment religieux, l'espèce humaine se prosterne dans la poudre, partout où la force se déploie...
Page 340 - C'est une industrie des athées * , ditil, pag. 374, «et un effet de cet esprit d'irréligion qui « fait aujourd'hui des progrès si sensibles dans le monde , « d'avoir détruit en quelque sorte dans l'idée de ceux « mêmes qui se piquent d'avoir de la religion, qu'il se « trouve des hommes qui aient commerce avec les dé« mons par la voie des enchantements et de la magie.
Page 259 - II ya un état d'amour de Dieu, qui est une charité pure, et sans aucun mélange du motif de l'intérêt propre. Ni la crainte des châtiments, ni le désir des récompenses, n'ont plus de part à cet amour...
Page 25 - Il faut bien que cette disposition soit inhérente à l'homme, puisqu'il n'est personne qui n'ait, avec plus ou moins de force, été saisi par elle, dans le silence de la nuit, sur les bords de la mer, dans la solitude des campagnes. Il n'est personne qui ne se soit, pour un instant, oublié lui-même, Senti comme entraîné dans les flots d'une contemplation vague, et plongé dans un océan de pensées nouvelles, désintéressées, sans rapport avec les combinaisons étroites de cette vie. L'homme...
Page 99 - On lui doit de connaître l'antiquité dans sa profondeur et dans son charme. Nos érudits avaient étudié les monuments et les traditions des temps écoulés, comme les couches d'un monde sans vie, ou les squelettes d'espèces détruites. Les Allemands ont retrouvé dans ces...
Page 38 - Voltaire n'essaieront pas même d'ébranler la croyance de leurs contemporains. Ils le tenteraient inutilement. Les applaudissements que de leur temps ils ont obtenus, les éloges qui les ont encouragés , ils en sont redevables moins à leur mérite qu'à la conformité de leurs doctrines avec celles qui commençaient à s'accréditer. Ils ont dit sans ménagement et sans retenue ce que tout le monde pensait. Chacun se reconnaissant en eux, s'est admiré dans son interprète.
Page 35 - Il veut pouvoir compter sur sa croyance ; il faut qu'il la retrouve aujourd'hui ce qu'elle était hier, et qu'elle ne lui semble pas, à chaque instant, prête à s'évanouir et à lui échapper comme un nuage. Il faut , de plus , qu'il la voie appuyée du suffrage de ceux avec lesquels il est en rapport d'intérêt , d'habitude et d'affection : destiné qu'il est à exister avec ses semblables, et à communiquer avec eux, il ne jouit de son propre sentiment que lorsqu'il le rattache au sentiment...
Page 12 - L'on n'a jusqu'ici envisagé que l'extérieur de la religion. L'histoire du sentiment intérieur reste en entier à concevoir et à faire. Les dogmes, les croyances, les pratiques, les cérémonies, sont des formes que prend le sentiment intérieur et qu'il brise ensuite*.
Page 13 - L'homme n'a besoin que de s'écouter lui-même, il n'a besoin que d'écouter la nature qui lui parle par mille voix, pour être invinciblement porté à la religion. Sans doute aussi, les objets extérieurs influent sur les croyances : mais ils en modifient les formes , ils ne créent pas le sentiment intérieur qui leur sert de base. « C'est là cependant ce qu'on s'est obstiné à méconnaître. On nous a montré le sauvage rempli de crainte à l'aspect des phénomènes souvent malfaisants de...
Page 20 - L'homme n'est pas religieux parce qu'il est timide; il est religieux parce qu'il est homme. Il n'est pas sociable parce qu'il est faible ; il est sociable parce que la sociabilité est dans son essence. Demander pourquoi il est religieux, pourquoi il est sociable , c'est demander la raison de sa structure physique et de ce qui constitue son mode d'exister (i).

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