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moire du roi de Prusse. Le général, en y répon dant, déclare la cessation de la trève, à la réception de ce mémoire, et termine en disant : « Nous n'avons plus de bases pour des négociations; je vais suivre les opérations de la campagne; il est fâcheux que deux Nations généreuses et braves se déchirent pour les vues secrètes d'une cour perfide: mais ce n'est pas ainsi qu'on traite avec une Nation libre et souveraine ».

LE général Dumourier à la Convention nationale.

Du 2 octobre 1792.

CITOYENS LÉGISLATEURS,

« La liberté triomphe par-tout.. mon bon ami Kellermann fait la poursuite à nos ennemis avec quarante mille hommes, et je crois qu'ils ne l'oublieront pas. L'armée que j'ai commandée, je dois le dire à la Convention nationale, a bien mérité de la patrie.

Pendant quinze jours, dix-sept mille hommes aux gorges d'Argone, ont soutenu les efforts d'une armée de quatre-vingt mille hommes: ce défilé a été une autre thermopyle; mais plus heureux que les Spartiates, nous avons été secourus par

deux armées redoutables; alors, paraissant céder à l'ennemi, nous nous sommes retirés au camp inexpugnable des hauteurs qui commandaient les défilés, tandis que l'ennemi s'est logé dans un lieu aride et inhabité; il s'en souviendra....

Je suis venu à Paris passer quatre jours pour me concerter avec le conseil exécutif, sur les moyens de continuer la campagne durant tout l'hiver. >>

Le mécontentement qui se manifestait hautement dans les États prussiens, à l'occasion d'une guerre qui n'avait aucun objet réel d'utilité pour la Prusse; l'épuisement du trésor amassé par le grand Frédéric et réservé, disait Favier, pour les dernières extrémités; la réputation militaire des généraux des armées coalisées, compromise. par de grands revers successivement reçus ; et sur-tout les nombreuses et brillantes victoires remportées de toutes parts par les Français, et notamment les batailles de Wurtignies, de Trassignier, de Sombref, de Vaterlo, d'Aldenhoven, la bataille si

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mémorable de Fleurus, etc. gagnées par les troupes aux ordres du général Jourdan; les batailles de Courtray, Menin, Ypres, Boxtel, Nimègue, d'Amesfort, etc. gagnées par les troupes aux ordres du général Pichegru; l'invasion et l'occupation de la Hollande, de la Belgique, des pays d'entre Meuse et Rhin, la prise de toutes les places fortes de ces pays, fruits des victoires des armées du Nord, Meuse et Ardennes; tant de motifs réunis déterminèrent la Prusse, comme l'on devait s'y attendre, à abandonner Ja coalition, et à traiter particulièrement avec la France.

RAPPORT du Cen. Rewbell, au nom du comité

de Salut public, sur le traité de paix avec la Prusse. Conclu à Bále le 16 germinalan III, (15 avril 1795).

Séance du 21 germinal an III.

REPRÉSENTANS DU PEUPLE,

Vous êtes à la veille de recueillir les fruits de vos principes: des puissances qui paraissaient avoir juré la perte d'une république gouvernée par des tyrans, et tourmentée par des factieux,

se sont empressées de vous demander la paix, de puis que vous avez prouvé à l'univers que la justice et l'humanité seront les seuls guides qui dirigeront tous vos pas pour opérer le bonheur du peuple.

Votre comité de salut public a suivi vos intentions pour des paix partielles : il offre à votre ratification celle qu'il vient de conclure avec le roi de Prusse.

Nous n'avons pas oublié un instant que, si les voeux du Peuple français étaient pour la paix, ce ne pouvait être que pour une paix glorieuse, qui ne pût compromettre la dignité, ni blesser les intérêts de la République. Il fallait aussi lier, par son propre intérêt, au maintien de la paix, un gouvernement qui reprenait des sentimens d'amitié, qu'il n'aurait jamais dû rompre.

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Toute autre paix n'aurait été ni solide ni durable: ce n'aurait été qu'un simulacre de paix. Vous jugerez dans votre sagesse, à la lecture du traité, si votre comité de salut public a atteint le but.

Quoique vous ne vous soyez pas encore prononcés sur les limites du territoire de la République, votre comité a cru devoir traiter dans. le sens qui lui a paru avoir obtenu jusqu'à présent l'assentiment de la nation: mais l'objet prineipal auquel il s'est attaché, a été de rétablir des relations commerciales qui nous deviennent si

nécessaires, et de les étendre, en éloignant, autant qu'il a dépendu de lui, le théâtre de la guerre du Nord de l'Allemagne.

La proposition en avait été faite par le roi de Prusse. Il acquérait par-là une grande considération parmi les États d'Empire, dont il devenait le bienfaiteur; et nous avons cru qu'il était bon qu'une puissance, qui redevenait notre amie, jouît dans l'Empire Germanique d'une prépondérance qui peut devenir très-utile à la République. Nous nous y sommes portés d'autant plus volontiers, que toutes les relations prouvent que la nation prussienne n'a laissé échapper aucune occasion, dans tout le cours de cette guerre, de nous donner des témoignages d'affection et d'estime, qu'un intérêt mal entendu n'avait pu parvenir à altérer,

Il ne faut pas vous dissimuler que votre comité de salut public a essuyé tous les obstacles que l'éloignement des lieux de la conférence, et les formes diplomatiques devaient naturellement faire naître mais secondé par le zèle infatigable de votre ambassadeur en Suisse, il les a tous vaincus, et il ne s'est servi d'autres armes que de cette franchise et de cette loyauté républicaine qui doit finir par porter la conviction dans tous les

cœurs.

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