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de bases dans le travail élémentaire; et pourquoi la statistique n'aurait-elle pas, comme l'astronomie, son observatoire ?

Mais il est de la plus haute importance que les premiers travaux se fassent sur des matériaux certains; que l'on puise dans des sources pures; que l'on procède avec une attention même minutieuse, et avec une sorte de sévérité. Voilà mon systême; je n'y tiens pas; j'en embrasserai un autre avec plaisir, si l'on me le montre meilleur. Du reste, je le livre à la dispute des hommes; seulement, je desire avoir du moins contribué à répandre le goût d'une des plus utiles études qui puisse occuper un citoyen. Ce vœu du citoyen DUQUESNOY, éditeur de l'ouvrage de Hoeck, proposé avec raison comme modèle de statistique, je me l'approprie, et je le forme aussi sincèrement.

Malgré la critique sévère que je viens de me permettre, on se méprendrait beaucoup sur mes véritables sentimens, si l'on me croyait ingrat envers les savans qui ont jusqu'ici consacré leurs veilles aux pénibles recherches des élémens statistiques. Ils ont

tracé la route; ils ont fait la découverte. J'ai personnellement trop d'obligation à plusieurs, pour que je ne leur en témoigne pas publiquement ma gratitude. Les auteurs dans lesquels j'ai puisé les matériaux de mon ouvrage, sont principalement Buschings Guthrie, Beaufort, Chantreau, Gorani, Mentelle, Peuchet, Riesbeck, Murphy, Hoeck-Duquesnoy, Favier, Segur, Arnoult, (Balance du commerce) Schmits, Delacroix, les auteurs de l'Encyclopédie, Duchâtelet, etc. etc.

Je reviens à l'ouvrage même, que je présente aujourd'hui. Il contient cinq parties bien distinctes.

1o. La statistique des puissances.
2o. Les motifs de guerre.
3. Les faits militaires.
4. Les traités de paix.

5°. Quelques observations.
Je reprends.

1o. Statistique. On vient de lire mes réflexions à ce sujet.” .....

2o. Motifs de guerre. Les rapports officiels où j'ai puisé, ont la teinte de l'esprit du tems

Par quelques retran

où ils ont été faits chemens dans ces citations, j'ai sacrifié aux convenances. Plusieurs personnes me blàmeront peut-être de n'avoir pas étendu plus loin ce sacrifice, tandis que d'autres approuveront certaines réticences. Dans le vrai, il faut convenir que ces matériaux appartiennent aujourd'hui à l'histoire; et la paix n'a-t-elle pas mis un intervalle immense entre ces tems et celui où nous vivons? Quel inconvénient, dit Toulongeon (*), dans ses époques de la Révolution, de parler « des défauts et des talens » de Mirabeau, des forfaits de Robespierre, » des violences de Marat, des entreprises » de la Commune de Paris, des menées de » Culonne, des intrigues des cabinets diplomatiques, du systême de conduite de » Maury, du caractère de Pitt? »

3o. Faits militaires. Je n'ai pas eu l'ambition de faire une Histoire, ni même un Précis, des événemens qui ont immortalisé nos campagnes: la tâche eût été au-dessus

(*) Législateur,

de mes forces, et le sujet ne le comportait pas. Le général Dumas (*), achèvera sans doute celle qu'il a si heureusement commencée, sous un titre trop modeste, avec une si grande supériorité de talens. Je me borne à ce qui lie naturellement la déclaration de guerre au traité de paix. A cet égard, j'ai interrogé, autant qu'il m'a été possible, les pièces officielles. Si j ai donné un peu plus de développement à l'article Armée du nord, c'est parce que, chargé d'une mission importante près de cette armée, lors de l'invasion de la Hollande, je fus témoin des faits, et que peu de personnes sont, plus que mes collègues et moi, à portée d'en rendre un fidèle compte.

4°. Les traités de paix. J'ai apporté la plus grande exactitude à cette partie, objet auquel toutes les autres se rapportent : cellesci ne sont, pour ainsi dire, que des accessoires propres à jeter un grand jour sur les dispositions des traités mêmes. Si je les pro

(*) Aujourd'hui Conseiller d'état, auteur du Précis des Evénemens militaires.

duit, sous la forme de procès-verbaux, c'est parce qu'ils en sont extraits, et cette forme garantit leur authenticité même.

Vous dont le génie a préparé, dicté, conclu ces traités glorieux pour ma patrie, je vous en rends grâces. Sans les combinaisons savantes et profondes dont ils ont été le fruit, peut-être, je ne serais plus français, et l'étranger foulerait la terre où je trace ces lignes!

5o. Enfin les Observations. Elles portent, en général, sur le caractère et les principes de la nation, ou des gouvernans. Ici j'ai laissé parler les hommes en possession d'une réputation, sans doute méritée, d'exacts observateurs.

Sur ce simple apperçu, on peut juger du plan de l'ouvrage. Mon but a été de le rendre utile, soit aux hommes d'état, qui ont besoin chaque jour de documens: ament meminisse periti; soit aux hommes, que leurs talens, leurs connaissances, appellent aux fonctions de l'administration publique; à ceux surtout qui se destinant à la carrière diplomatique, se livrent à l'étude du droit,

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