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étoient pas fouciés. La devife de cet Ordre étoit une étoile avec ces mots * Monftrant Regibus Aftra viam, faifant allufion à l'étoile qui conduifit les trois Rois à Bethléem.

CHAPITRE IV.

De l'Ordre de S. Michel.

LE premier jour d'Août 1469, Louis XI inftitua l'Ordre de S. Michel, premier Chevalier, ditil, qui, pour la querelle de Dieu, victorieufement batailla contre le Dragon, ancien ennemi de nature humaine, & le trébucha du ciel, & qui fon lieu & oratoire, appellé le Mont S. Michel, a toujours sûrement gardé, préservé, défendu & empêché d'être pris, fubjugué ni mis ès mains des anciens ennemis de notre Royaume......

Sigebert, dans fa Chronique, rapporte qu'en 709, fous le règne de Childebert III, S. Michel apparut en fonge au pieux Aubert, Evêque d'Avranches, & l'avertit de lui faire bâtir un Ora

* Les Aftres guident les Rois.

toire fur le rocher qui a été appellé depuis ce temslà le Mont S. Michel. On raconte que toutes les fois que les Anglois, ou autres ennemis de la France, ont tenté de s'approcher de ce Mont, on y a vu cet Archange exciter des orages en l'air & fur la mer; & que voilà l'origine de la devise de l'Ordre de S. Michel, Immenfi tremor Oceani.

ARTICLE PREMIER.

Premièrement, avons ordonné & ordonnons qu'en ce préfent Ordre de S. Michel, il y aura trente-fix Chevaliers Gentilshommes de nom & d'armes

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fans reproche, dont nous ferons l'un, Chef & Souverain en notre vie, & après nous, nos Succeffeurs Rois de France; lefquels Freres & Compagnons dudit Ordre, à l'entrée d'icelui, feront tenus de délaiffer & délaifferont tout autre Ordre, fi aucuns en avoient, excepté Empereurs, Rois & Ducs, qui, avec ce préfent Ordre, pourront porter l'Ordre dont ils feront Chefs, moyennant le confentement de nous & de nos Succeffeurs, Chefs & Souverains dudit Ordre ; pourront, s'il nous plaît, porter l'Ordre de l'un des fufdits Empereurs, Rois ou Ducs, avec le nôtre, pour plus grande démonstration de vrai amour l'un envers l'autre, & pour l'espérance du bien qu'il en pourra arriver..

L'ufage,

L'ufage, entre les Souverains, de s'envoyer réciproquement le collier de leurs Ordres, tire fans doute fon origine de l'ancienne adoption militaire. Un Prince faifoit cette adoption en donnant, ou en envoyant par des Ambafladeurs, fon armure à un autre Prince. Ce fut ainfi que Théodoric, Roi des Oftrogoths, adopta le Roi des Hérules, & qu'il avoit été lui-même adopté par l'Empereur Zénon. Les titres & les ornemens de Patrice, de Conful & d'Augufte, envoyés à Clovis par l'Empereur Anaftafe, n'étoient, je crois, qu'une femblable adoption. Elle étoit uniquement une marque d'eftime & d'amitié, & ne donnoit aucun droit à la fucceffion du père adoptif.

Dans la Lifte des Chevaliers de S. Michel, on voit des Rois de Suede, de Danemarck, d'Écoffe, l'Empereur Charles-Quint, Philippe II fon fils, les Rois d'Angleterre Henri VIII & Édouard VI. On voit de même dans la Liste des Chevaliers de la Jarretiere, nos Rois François I, Charles IX, Henri III & Henri IV.

Un Souverain, en recevant le collier de l'Or dre d'un autre Souverain, promet d'en garder & obferver les Statuts, en ce qu'ils ne feront point contraires au bien de fon État, à sa grandeur & majefté royale. Un Particulier qui reçoit le collier Tome VI,

B

de l'Ordre d'un Prince dont il n'eft pas le Sujet, jure auffi d'en obferver les Statuts, en ce qu'ils ne feront pas contraires au devoir & à la fidélité qu'il doit à fon Souverain.

ARTICLE III.

Pour faire connoître ledit Ordre & les Chevaliers qui en feront, nous donnerons, pour une fois, à chacun defdits Chevaliers, un collier d'or, du poids de deux cents écus d'or, fait à coquilles lacées l'une avec l'autre d'un double las, affifes fur chaînettes & mailles d'or, au milieu duquel il y aura une image d'or de Monfieur Saint Michel fur un roc, laquelle image pendra fur la poitrine. Lequel collier nous & nos fucceffeurs, & chacun des Chevaliers dudit Ordre, feront tenus de porter chaque jour, à découvert, fur peine de faire dire une Messe, & donner pour Dieu le tout jufqu'à la fomme de fept fols fix deniers tournois; laquelle chofe fe fera en confcience de la part des défaillans, chaque jour qu'ils manqueront de le porter, excepté à l'armet feulement, où il fuffira de porter ladite image de S. Michel pendante à une chaînette d'or, ou lacet de foie ; & pareillement, quand ledit Souverain ou l'un des Chevaliers voyageront, ou

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feront en particulier en leurs maifons ou à la chaffe, ne feront aftraints de porter ledit grand coltier, mais feulement ladite image de S. Michel de la maniere qu'il est dit.

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« Il ne falloit jamais quitter le petit cordon,

dit Brantôme, dans quelques batailles, com» bats ou dangers que l'on fe trouvât, fût-ce pour » fauver fa vie, ou n'être pas mis à fi groffe ran» çon. J'ai ouï dire, ajoute-t-il, que François I réprimanda vivement un Chevalier qui ayant » été pris dans un combat, avoit ôté & jetté son » cordon, afin que ne le connoiffant point, on » ne le mît pas à fi grande rançon; difant le Roi » que pour tous les biens du monde, il ne falloit >> cacher une telle marque d'honneur ».

La rançon ordinaire d'un prifonnier ne devoit être que d'une année du revenu de fes terres, charges, pensions & appointemens; mais il y en a qui en exigent bien davantage, dit Montluc dans fes Commentaires : cela eft indigne, ajoute-t-il, de les écorcher ainfi jufqu'aux os, fur-tout quand ce font perfonnes d'honneur qui portent les armes.

Le Marquis de Villarceaux, en 1690, ayant été nommé pour être Chevalier des Ordres, obtint de Louis XIV que fon fils, au lieu de lui, feroit honoré de cette diftinction. Le nouveau

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