Page images
PDF
EPUB

différoit de le reconnoître, on ne devoit pas attribuer ce retard à de mauvaises intentions; mais à de simples convénances de famille. Ainsi S. M. Napolitaine, en cultivant les bonnes relations établies entre ses états et la France, attendoit de la marche des négociations, sa reconnoissance formelle de la part de S. M. Très-Chrétienne.

Mais les négociations auxquelles a donné lieu la réunion du congrès. général des puissances. européennes à Vienne, ont fait connoître aux soussignés, ministres plénipotentiaires de S. M. le roi de Naples, que les dispositions de la France ne sont pas telles que le Roi avoit droit d'attendre d'une puissance amie, et d'un souverain qu'il a contribué par tous ses moyens à placer sur le trône.

Dans cet état de choses, S. M. le roi de Naples s'adresse avec confiance à S. M. l'Empereur d'Autriche, son auguste et puissant allié, afin qu'il veuille bien employer toute son influence pour engager la cour de France à respecter l'engagement qu'Elle a pris par l'article premier du traité de Paris, d'être en paix avec tous les alliés de l'Autriche, et par conséquent avec la cour de Naples. S. M. le roi de

Naples croit d'autant plus pouvoir compter sur les bons offices de S. M. I., que la démarche pour laquelle il les réclame, n'est qu'une suite de l'article 10 du traité du 11 janvier, portant qu'il ne sera conclu ni paix ni trève, de part ou d'autre, sans y comprendre réciproquement les deux parties.

S. M. Napolitaine se flatte que S. M. l'Empereur d'Autriche voudra mettre d'autant plus de sollicitude à faire ces offices, qu'il est à prévoir que si l'on souffre que la France commette une infraction aussi révoltante au traité de Paris, en agissant hostilement contre un allié de l'Autriche, sans la moindre provocation, elle ne sera pas plus religieuse à respecter les autres stipulations du traité.

Les soussignés prient S. A. monsieur le prince de Metternich de vouloir bien porter cette note à la haute connoissance de S. M. l'Empereur d'Autriche et de ses augustes alliés, et de faire connoître ensuite aux soussignés le résultat des démarches que le cabinet de Vienne aura faites auprès du gouvernement françois, et avec les autres puissances qui ont signé le traité de Paris pour l'objet sus-mentionné.

Les soussignés saisissent cette occasion pour

réitérer à S. A. monsieur le prince de Metternich les assurances de leur haute considération.

Le duc DE CAMPOCHIARO.

Le prince DE CARIATI.

N° XV.

Extrait d'une dépêche du duc de Wellington adressée au vicomte Castlereagh, en date de Vienne le 25 mars 1815 (1).

Le duc de Campochiaro est venu chez moi, il y a quelques jours, avec le prince de Cariati, pour m'informer qu'aussitôt que Murat eut appris, le 5 de ce mois, à Naples, le départ de Buonaparte de l'île d'Elbe, il avoit convoqué son conseil et lui avoit fait connoître sa résolution de persister dans son alliance avec l'Empereur d'Autriche, et l'avoit chargé (lui, duc de Campochiaro) de faire connoître cette résolution aux ministres d'Autriche et aux plénipotentiaires des alliés, réunis à Vienne.

Il fit la même communication verbale au prince Metternich, au prince Talleyrand, et à tous les autres ministres.

Trois jours après, le 23, le prince de Met

(1) Traduit de l'anglois.

ternich reçut de Naples l'avertissement que toute l'armée napolitaine étoit en mouvement vers la frontière; que les chevaux et équipages de campagne de Murat avoient été envoyés à Ancône, et que lui-même devoit les suivre incessamment et établir son quartier-général dans cette place. Cependant le 12 il n'étoit encore parti.

pas

Il paroît que quelques jours après le 5 mars, il a manifesté un vif intérêt à ce qui se passoiten France, et a été très-agité.

Il avoit eu de fréquentes entrevues avec certains officiers françois établis à Naples, et en avoit dépêché plusieurs en France; et il avoit donné au ministre d'Autriche, comte Mier des réponses très-peu satisfaisantes, tant à l'égard de la conduite qu'il alloit observer dans la lutte qui probablement va avoir lieu en France, que par rapport au mouvement que ses troupes faisoient vers la frontière.

Par la même occasion on reçut de Rome des nouvelles, par lesquelles il paroît qu'il a prévenu Lucien Buonaparte de son intention d'entrer dans les États du Pape, et de diriger une colonne sur Rome, et que Lucien, pensant que la mesure étoit sur le point de s'exécuter, en a averti le Pape.

On pense que la non-réussite de Buonaparte à Antibes, dont on avoit reçu la nouvelle à Naples, avoit engagé Murat d'arrêter la marche de ses troupes, et de retarder son départ de Naples; mais qu'il reprendra son plan et l'exécutera, aussitôt qu'on aura la nouvelle des premiers succès de Buonaparte.

Ces renseignemens sur la conduite de Murat, réunis aux preuves que V. S. m'a transmises dans sa dépêche du 12 de ce mois, de la trahison de Murat dans la dernière guerre, paroissent avoir convaincu les puissances assemblées ici, de la nécessité absolue de l'attaquer sur-lechamp.

D'après les dernières nouvelles, toute l'Italie étoit tranquille; il paroit que l'expédition de Buonaparte en France y a occasionné beaucoup de mécontentement et de terreur.

Je ne doute pas que Murat n'aille se mettre en avant aussitôt qu'il apprendra le succès de Buonaparte; et s'il trouve que les Autrichiens ne se soumettent pas patiemment à ses envahissemens, il se proclamera probablement roi d'Italie, et essaiera de révolutionner ce pays.

« PreviousContinue »