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la traite devoit s'étendre jusqu'au cap Formosa, par conséquent beaucoup plus loin que M. le prince de Talleyrand venoit de l'annoncer. Lord Castlereagh a dit que la différence étoit d'autant plus intéressante, qu'en bornant cette mesure à cent lieues au delà du cap des Palmes, non-seulement toute la côte méridionale de la Guinée, objet particulier des sollicitudes de l'Angleterre, seroit menacée de nouveau des ravages de la traite, mais les parties même de l'intérieur de l'Afrique, qu'on avoit cru délivrées par la cessation de ce commerce sur les côtes occidentales, s'y trouveroient de nouveau exposées par les débouchés que la côte méridionale offriroit aux vendeurs d'esclaves. L'autre observation de lord Castlereagh a été qu'il seroit digne des principes sages et humains, manifestés déjà à cet égard par S. M. le roi de France, de défendre dès à présent la traite à ses sujets sur toutes les côtes au nord de l'équateur, et de rassurer par là la grande moitié de l'Afrique contre le retour de ses anciennes calamités.

M. le prince de Talleyrand a répliqué que, quant à l'objet de la première observation, il en consulteroit avec le ministre de la marine

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de France, et quant à la seconde, il ne manqueroit pas de la soumettre à son gouver

nement.

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Lord Castlereagh ayant dit, dans le cours de ces explications, que l'abolition de la traite au nord de l'équateur, étoit surtout désirable, comme fournissant les moyens les plus simples et les plus sûrs pour mettre un terme à tout trafic illégal et frauduleux, et pour exercer la police contre les bâtimens qui se prêteroient à un pareil trafic, M. le prince de Talleyrand a prié lord Castlereagh dé déterminer le sens de cette dernière expression. Lord Castlereagh a répondu qu'il entendoit par cette police, celle que tout gouvernement exerçoit en vertu de sa propre souveraineté ou de ses traités particuliers avec d'autres puissances.

M. le prince de Talleyrand et M. le comte Palmella ont dit qu'ils n'admettoient en fait de police maritime que celle que chaque puissance exerce sur ses propres bâtimens. S'adressant ensuite à M. le chevalier de Labrador, lord Castlereagh s'est expliqué sur l'intention de S. M. le roi d'Espagne de défendre dès à présent à ses sujets le commerce des noirs sur toutes les parties des côtes d'Afrique, excepté celles qui sont comprises entre l'équateur et

TOME VII.

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le 10 degré de latitude septentrionale; intention dont M. de Labrador lui avoit donné connoissance. Il a représenté à M. le plénipotentiaire d'Espagne, qu'une mesure pareille seroit non-seulement de peu d'utilité, mais directement opposée au but auquel on visoit et à celuj même qu'on devoit attribuer à S. M. le roi d'Espagne, attendu que cette partie des côtes d'Afrique qu'elle excluroit des bienfaits de l'abolition, étoit précisément celle qui en avoit joui jusqu'à présent par les lois du gouvernement Britannique, celle où l'amélioration du système social avoit fait des progrès réels à la suite de l'abolition de la traite, et à laquelle on pouvoit espérer de continuer ces avantages, par les règlemens que d'autres gouvernemens avoient faits ou étoient prêts à faire pour y empêcher le retour de ce commerce.

Lord Castlereagh a fait lecture de la note qu'il avoit adressée à M. le plénipotentiaire d'Espagne, le 27 décembre 1814, et il a prié M. de Labrador de demander des éclaircissemens à sa cour sur la mesure projetée, et de l'engager à concourir immédiatement à l'abolition pure et simple sur toutes les côtes au nord de la ligne.

M. le chevalier Labrador a dit qu'il ne con

testoit pas toutes les observations de lord Castlereagh; que, sans être suffisammennt instruit pour rendre compte de ce qui pouvoit avoir donné lieu à la restriction en question, il croyoit pouvoir assurer que son gouvernement, en proposant cette mesure, avoit voulu faire une chose agréable au gouvernement Britannique; qu'il pouvoit y avoir eu quelque malentendu de part ou d'autre dans les explications ministérielles à Madrid, et qu'ayant déjà informé sa cour des observations contenues dans la note de lord Castlereagh, il espéroit d'obtenir des éclaircissemens ultérieurs sur cet objet. Lord Castlereagh, en invitant alors MM. les plénipotentiaires de Portugal à s'expliquer sur la question, a dit qu'il leur adressoit cette invitation avec une satisfaction particulière, après l'arrangement qui venoit d'avoir lieu à cet égard entre le Portugal et l'Angleterre.

M. le comte Palmella a déclaré que le Portugal avoit en effet signé un traité avec l'Angleterre, moyennant lequel il s'engageoit à abolir immédiatement la traite sur toutes les côtes de l'Afrique au nord de l'équateur; convention qui n'exigeoit plus que la ratification

le 10 degré de latitude septentrionale; inten-< tion dont M. de Labrador lui avoit donné connoissance. Il a représenté à M. le plénipotentiaire d'Espagne, qu'une mesure pareille seroit non-seulement de peu d'utilité, mais directement opposée au but auquel on visoit et à celuj même qu'on devoit attribuer à S. M. le roi d'Espagne, attendu que cette partie des côtes d'Afrique qu'elle excluroit des bienfaits de l'abolition, étoit précisément celle qui en avoit joui jusqu'à présent par les lois du gouvernement Britannique, celle où l'amélioration du système social avoit fait des progrès réels à la suite de l'abolition de la traite, et à laquelle on pouvoit espérer de continuer ces avantages, par les règlemens que d'autres gouvernemens avoient faits ou étoient prêts à faire pour y empêcher le retour de ce commerce.

Lord Castlereagh a fait lecture de la note qu'il avoit adressée à M. le plénipotentiaire d'Espagne, le 27 décembre 1814, et il a prié M. de Labrador de demander des éclaircissemens à sa cour sur la mesure projetée, et de l'engager à concourir immédiatement à l'abolition pure et simple sur toutes les côtes au nord de la ligne.

M. le chevalier Labrador a dit qu'il ne con

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