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votre attention, est de prévenir la renaissance du commerce sur la côte d'Afrique, située au nord de la ligne. A l'exception de quelques essais très-insignifians que les Portugais ont faits près de Whidda sur la Côte d'or, je crois pouvoir affirmer que durant la guerre toute la côte septentrionale de l'Afrique a été délivrée de ce trafic, et a par conséquent fait un certain progrès vers un système de commerce social et favorable à la civilisation.

V. G. insistera sur l'importance d'un décret prochain du gouvernement françois sur ce sujet. Si l'on souffre une fois que le commerce reprenne sur cette côte, même pour un court espace de temps, il rendra les nations étrangères à leur habituelle industrie, et renouvellera leur goût pour les crimes que le commerce des esclaves engendre. Plus vous pourrez rapprocher le point de démarcation du cap Lopez, mieux ce sera. Il ne doit pas s'étendre plus loin qu'à l'ouest du cap Formosa; sans cela le cours des approvisionnemens venant de l'intérieur, prendra seulement une autre direction, et ira entre le cap Palma et le cap Formosa.

Pour empêcher le commerce illicite, les vaisseaux portant des esclaves qu'on rencontreroit

dans une certaine distance des côtes, au nord du point indiqué, devroient être dans le cas d'être saisis. Sans cette précaution, ils descendront la côte depuis le Sénégal et Gorée, et recevront des esclaves qui leur seront amenés sur des canots, sans qu'ils aient besoin d'entrer dans un port. Une mesure de ce genre n'a rien de gênant, puisque la route des Indes occidentales, pour des vaisseaux qui ont pris des esclaves à bord dans les ports situés au sud de la ligne, va tout-à-fait à l'ouest, et ne les oblige pas à repasser la ligne avant que leur voyage ne soit bien avancé.

Un autre arrangement pour lequel il est essentiel d'avoir l'accession de la France, est une permission réciproque pour nos croiseurs respectifs dans certaines latitudes, de visiter les bâtimens marchands de l'autre puissance, et, dans le cas où on les trouve chargés d'esclaves, en contravention à la loi de leur pays, de les amener ou de les envoyer pour les faire condamner. Pour adoucir l'exercice de ce pouvoir, il seroit peut-être bon d'exiger que la sentence de condamnation soit prononcée par les cours d'amirauté du pays auquel le bâtiment arrêté appartient; en cas de condamnation, le produit seroit partagé entre le capitaine et

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l'état. Un pouvoir de cette nature dans les parages où le commerce d'esclaves a lieu, est de la plus haute importance.

V. G. pressera le ministre françois de prendre une mesure décisive, au moins pour la côte Nord-Ouest, avant qu'il quitte Paris pour se rendre au congrès. La saison approche où l'on équipe les bâtimens pour ce trafic. Il est en outre important que la voix de S. M. T. C. se fasse entendre publiquement, et sous peu de temps, sur cette question. Une telle manifestation de ses sentimens est d'un grand intérêt, aussi-bien pour donner du poids à la médiation du négociateur françois à Vienne, que pour créer une opinion publique en France sur un objet auquel le souverain a solennelle ment accordé sa constante protection.

Je suis, etc.

Signé CASTLEReach.

ANNEXE 1.

Adresse de la chambre des communes

au

Prince-Régent, du 3 mai 1814, et réponse

de S. A. R.

Adresse de la chambre des pairs au PrinceRégent, du 9 mai.

Adresse de la chambre des communes au Prince-Régent, du 27 juin.

Adresse de la chambre des pairs au PrinceRégent, du premier juillet.

ANNEXE 2.

Lettre adressée à S. M. T. C. par le PrinceRégent de la Grande-Bretagne (1).

Carlton-House, 5 août 1814.

MONSIEUR MON FRÈRE ET COUSIN,

La longue résidence de V. M. dans ce pays vous a mis en état d'apprécier les sentimens. de la nation Britannique sur le commerce des esclaves. L'ambassadeur du Roi à la cour de V. M. mettra sous les yeux de V. M. les demandes successives et solennelles qui m'ont été adressées par les deux chambres du parlement, et les assurances que je leur ai dounées de ne pas cesser mes efforts pour délivrer l'Afrique de cette longue suite de souffrances qui sont inséparables d'un commerce si inhumain. Quoique long-temps accoutumé au système du monde, le cœur bienveillant de V. M.

(1) Traduite de l'anglois.

rejette, j'en suis sûr, la continuation d'un commerce qui arrête toute perspective de civilisation et d'amélioration dans un grand continent du globe, et je sollicite V. M. d'employer ses puissans efforts pour accélérer le moment de son extinction universelle. La voix et l'exemple de V. M. auront l'influence la plus décisive et la plus heureuse sur le sort de ce peuple malheureux,

Désirant, dans toutes les circonstances, concerter mes mesures avec V. M. pour la paix commune et le bonheur du genre humain, j'avoue que ce seroit pour moi la plus grande satisfaction si nous étions mis en état d'effacer ensemble cette tache pénible et dégoûtante, non-seulement des usages de nos propres états, mais aussi de ceux de tous les autres états, avec lesquels nous sommes en rapport d'amitié.

En sollicitant de V. M. un favorable accueil pour les représentations que le duc de Wellington est chargé de mettre devant vous sur un sujet si intéressant pour moi et la nation, je

suis,

Mon bon frère et cousin,

de V. M. le bon frère et cousin,

GEORGE, Prince-Régent.

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