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maintenu libre par le service de police, dont s'acquitte avec beaucoup de soin et de calme la garde du feu.

» L'inspecteur et son état-major prennent place sur le trottoir, en face du poste de police, et le défilé commence, pour durer une demi-heure environ. L'infanterie est en colonne par sections. La cavalerie reste en colonne par file, vu la difficulté de converser en colonne sur le pavé. L'artillerie marche par sections.

» Le défilé se fait d'ailleurs dans des conditions difficiles, débutant, pour arriver sur la place, par une conversion à angle droit, le guide à gauche, pour reprendre ensuite, quelques pas plus loin, devant l'inspecteur, le guide à droite. Au sortir de la place, dont le pavé est raboteux, à la hauteur de la Poste, une nouvelle conversion, à angle droit également, est nécessaire; le mouvement doit se faire rapidement pour dégager la piste et laisser le parcours libre aux bataillons qui suivent.

>> Nonobstant ces difficultés, le défilé se fait généralement très bien, remarquablement bien même par quelques bataillons. Les alignements sont bons, le port d'armes est correct, l'allure est décidée et se maintient égale pour tous les corps.

» Il y aurait cependant quelques observations à faire on est en colonne ouverte par sections, mais les distances ne sont pas bien observées; dans quelques bataillons, les subdivisions se touchent presque. La troupe ne marche pas toujours au pas; peut-être avaitelle quelque difficulté à entendre la musique, qui est rangée dans la cour de la maison Grenier, un peu trop en arrière peut-être et un peu éloignée aussi de l'inspecteur. Puis, la cloche de l'église sonne le culte de deux heures et rompt par ses tintements le rythme des fanfares.

>> Une autre observation: pourquoi les troupes ne lèvent-elles pas mieux la tête et ne fixent-elles pas l'inspecteur en passant devant lui? Dans quelques bataillons cette disposition du règlement est fort mal observée, même de la part des officiers. Même remarque pour la cavalerie, tandis que dans les batteries, au contraire, c'était un plaisir de voir tous les regards, sans exception, tournés vers l'officier inspecteur.

>> Les espaces entre les unités étaient bien marqués. Rien n'est plus flatteur pour la troupe que de la voir se mouvoir librement, sans être gênée. Ceci est à la louange du service d'état-major de la brigade et des commandants des unités. Il en est résulté que le défilé s'est opéré d'une manière régulière et sans aucun arrêt, résultat difficile à obtenir avec une aussi longue colonne, serpentant à travers une ville et obligée par conséquent à des conversions nombreuses qui retardent nécessairement la marche :

» L'inspection, comme le défilé, ont donc bien réussi, malgré certaines difficultés d'exécution, que nous n'avons pu qu'indiquer, mais

qui étaient réelles et qui eussent gêné même des troupes plus exercées que les nôtres. Pour être juste, il faut ajouter que les mesures d'ordre prises par les autorités municipales (sauf peut-être place Bel-Air, où on avait oublié de garder la voie libre), ainsi que la bonne volonté du public qui s'y est conformé avec beaucoup de complaisance, ont aussi largement contribué à la réussite de la journée. »

Les effectifs qui figuraient à l'inspection se chiffrent comme suit pour l'ensemble des troupes : 204 officiers, 4148 hommes, 606 chevaux de selle et de trait.

Aussitôt après le défilé, les divers corps de troupes regagnèrent leurs cantonnements de la veille, sauf l'artillerie, qui se rendit directement à Morges, pour la reddition du matériel à l'arsenal le 8 et licenciement le 9.

Le lundi 8 octobre, toutes les autres troupes furent licenciées dans leurs cantonnements, sans autre incident, et en ne laissant que très peu de malades en arrière, malgré les rudes fatigues et intempéries des dernières journées.

En quittant son commandement et ses fonctions de directeur des manœuvres, M. le colonel de Guimps a adressé aux troupes l'ordre du jour suivant :

« Officiers, sous-officiers et soldats de toutes armes !

» Le colonel-brigadier, directeur supérieur des manoeuvres, tient, en vous quittant, à vous donner à tous un sérieux témoignage de satisfaction.

>> Il est heureux de pouvoir vous assurer que cette satisfaction est partagée par les officiers supérieurs qui ont asssisté aux manœuvres, chef du Département militaire fédéral, colonel-divisionnaire, instructeur en chef de l'infanterie.

» Malgré les difficultés résultant du mauvais temps, chacun, à de très rares exceptions près, a apporté dans ce pénible service un zèle et une bonne volonté dignes des plus grands éloges.

» Officiers et soldats!

>> Rentrez dans vos foyers; votre chef vous souhaite un heureux retour. Souvenez-vous que c'est par des préparations semblables à celles de ces derniers jours qu'au moment du danger vous pourrez l'affronter avec confiance et assurer l'indépendance de notre chère patrie.

» Au nom de tous, je remercie les populations de la manière cordiale dont elles ont accueilli les troupes qu'elles avaient à loger, des bons soins et des prévenances de toute nature dont elles ont entouré les soldats mouillés et fatigués, et de la part indirecte qu'elles ont ainsi prise à la bonne marche des opérations.

» Lausanne, 7 octobre 1883.

» DE GUIMPS. »

En résumé ce cours no 2, quoique bien moins favorisé par la température que le cours no 1, s'est passé à la satisfaction générale et a laissé une bonne impression. Il a montré que, même dans des conditions difficiles, nos troupes prenaient leurs devoirs de paix au sérieux et qu'elles étaient en tout temps animées d'un bon esprit et disciplinées.

Il resterait sans doute à examiner si les sacrifices faits pour de telles manœuvres combinées, à propos de cours de répétition ordinaires de régiment, sont bien à la hauteur des profits qui en résul

tent.

Nous avons entendu émettre à ce sujet des opinions très diverses. Il parait certain, en tout cas, que lorsqu'une pluie persistante vient entraver les manoeuvres en plein champ, comme cela s'est vu en 1883 pour le cours no 2 et en 1882 pour les cours régimentaires de la II Division, il y aurait bien plus d'avantages à avoir la troupe casernée sur une de nos places d'armes plutôt qu'en cantonnements de campagne. Et même dans ces cantonnements, moyennant qu'ils soient convenablement choisis, on aurait des ressources d'instruction par le mauvais temps qui disparaissent avec les manoeuvres de campagne obligatoires. Surtout pour l'artillerie, qui a dù consacrer 6 jours au cours no 2 pour rester la plupart du temps sur des grandes routes, et pour la cavalerie qui n'a pu que rarement faire son service normal, il y a réellement beaucoup de temps perdu à déplorer. Les travaux de pionniers ont été impossibles et la pelle Linnemann n'a été qu'un surcroît de bagage inutile. Le service d'avant-postes n'a pu se faire qu'imparfaitement de jour et pas du tout la nuit. Les déploiements de tirailleurs ont été constamment gènės, etc.

Et quand on remarque combien de progrès nos unités de toutes armes ont encore à faire pour arriver à une exécution parfaitement correcte et prompte des formes réglementaires, même les plus simples, on se demande si en les saturant de manœuvres de campagne, on ne sacrifie pas un peu trop le principal à l'accessoire. Des troupes qui savent bien leur école de bataillon, d'escadron, de batterie, de régiment et la marche avec service de sûreté réglementaire, arriveront aisément, en deux ou trois jours de pratique, à un bon service de campagne. Mais si cette première et indispensable école laisse encore trop à désirer, comme c'est malheureusement le cas pour bon nombre de nos unités, ce n'est pas la grande manoeuvre de campagne qui les mettra au niveau de leur tâche. Au contraire, elle les habituera à l'approximatif, à la fantaisie et au relâchement pour lesquels elles n'ont déjà que trop de penchant.

Le rassemblement de la IVe division.

C'est au mois de septembre dernier qu'avaient lieu les manœuvres de la quatrième division; quelques-uns de nos lecteurs, sans doute, trouveront que notre article arrive à tard. Il est clair que pour la promptitude des nouvelles, nous sommes toujours devancés par les journaux quotidiens. Si nous sommes battus sur le terrain par la rapidité des renseignements, nous espérons nous rattraper sur celui de l'exactitude. Aujourd'hui nous sommes en mesure de présenter un travail d'ensemble sur ces manoeuvres grâce surtout à l'obligeance d'un officier supérieur de la IVe division qui a bien voulu nous confier un rapport aussi circonstancié qu'exact.

La quatrième division militaire comprend :

1o du canton de Berne, les districts de Wangen; Trachselwald ; Signau et quelques communes du district de Burgdorf;

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Le terrain choisi pour les manoeuvres de division était la plaine qui s'étend au nord de Lucerne, entre les lacs de Lucerne, Sempach, Hallwyl et Zug.

Les manœuvres de brigade du 6 septembre.

Le plan des manoeuvres de brigade était en corrélation intime avec celui des manoeuvres de division. Les manoeuvres de brigade étaient en quelque sorte la préface des manoeuvres de division et constituaient avec ces dernières une série d'événements militaires biens liés les uns aux autres ; le résultat obtenu à la fin d'une journée servait toujours de base aux manœuvres du lendemain.

Ces combinaisons appellent avec elles des situations stratégiques incorrectes, souvent absolument impossibles. Mais ils ne faut pas oublier que ces manœuvres ont avant tout pour but le développement tactique des chefs et de la troupe ; d'un autre côté il faut économiser temps et argent; deux choses qui empêchent les conceptions trop grandioses.

Voici la supposition à la base des manoeuvres de brigade et de division:

L'ennemi a pénétré dans la vallée de l'Aar par le Hauenstein (supérieur et inférieur); il opère contre Zurich et envoie depuis Aarau un détachement de troupes le corps du Nord · dans la direction du sud pour protéger son flanc, pour s'emparer de Rothkreuz, point de jonction de chemins de fer, et si possible de Lu

cerne.

Une armée de défense est mobilisée autour de Zurich et derrière la Reuss inférieure et la Limmat; une division de cette armée le

corps du Sud occupe Lucerne. Elle a reçu l'ordre de défendre cette ville et la Reuss inférieure jusqu'à ce qu'elle soit relevée de cette mission par des troupes de landwehr. Une fois déchargée de sa tâche primitive cette division devra concourir à un mouvement offensif de l'armée principale. Le corps du Sud devra attaquer spécialement le flanc et le dos de l'ennemi.

Supposition pour le corps du nord.

Le corps du Nord a franchi la Reuss à Sins. Il marche par Hünenberg sur Rothkreuz.

Son avant-garde débouche à 9 h. du matin devant Hünenberg.

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Zug.

Voici l'ordre donné pour le 6 septembre par le colonel-brigadier

Troxler, commandant de la VIIIe brigade:

RÉPARTITION DES TROUPES.

Avant-garde.

Commandant: lieutenant-colonel Geisshüsler.

Bataillon de fusiliers 44.

Régiment d'artillerie 1.

Bataillon de fusiliers 45.

Gros:

Bataillon de fusiliers 43.

Régiment d'artillerie 3.

Bataillon de carabiniers 4.

Régiment d'infanterie 16.
Ambulance 18.

1. La brigade VIII sera le 6 septembre, à 8 heures du matin, massée

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