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par la nation française; invariablement décidée à ne jamais méconnaître le principe éternel et sacré de la souveraineté des peuples; jalouse de dissiper toutes les inquiétudes que la présence des armées françaises pourrait faire concevoir; considérant la nécessité de prescrire aux généraux des règles de conduite qui préviennent toute atteinte à la liberté des peuples chez lesquels ils ont porté ou porteront à l'avenir les armes de la République, décrète ce qui suit:

ART. 1". Dans tous les pays où pénétreront les armées françaises, les généraux feront respecter la sûreté des personnes et des propriétés, et l'indépendance des opinions.

ART. 2. Les généraux français pourront adresser aux peuples dont ils occuperont le territoire, les proclamations, instructions et invitations nécessaires pour les porter à se donner un gouvernement libre; mais ils ne pourront, ni les inviter à adopter les lois françaises, ni leur proposer telle autre forme de gouvernement.

ART. 3. La Convention nationale défend expressément aux généraux de la République de prendre possession d'aucun territoire au nom de la nation française.

ART. 4. En entrant en pays ennemi, les généraux feront proclamer, au nom de la nation française, que le pays est affranchi de la domination de son ci-devant souverain, et libre de se donner, sous la protection des armes de la République, telle organisation

consecrated by the French nation; decided without exception to never disown the eternal and sacred principle of the sovereignty of the peoples; zealous of dissipating all the alarm to which the presence of the French arms might give rise; in view of the necessity of prescribing to the generals rules of conduct which should provide against any infringement on the liberty of the peoples to whom they have carried, or shall in the future carry, the arms of the Republic, decrees the following:

ARTICLE 1. In all the countries where the French armies shall penetrate, the generals shall cause the safety of persons and of property and the independence of opinions to be respected.

ART. 2. The French generals may address to the people whose territory they shall occupy, such proclamations, instructions and invitations as are necessary to lead them to give themselves a free government; but they shall neither invite them to adopt French laws nor propose to them any other form of government.

ART. 3. The National Convention expressly forbids the generals of the Republic to take possession of any territory in the name of the French nation.

ART. 4. On entering enemy territory, the generals shall proclaim in the name of the French nation, that the country is liberated from the dominion of its former sovereign, and free to give itself, under the protection of the armies of the Republic,

provisoire, et telle forme de gouvernement qu'il lui plaira d'adopter.

ART. 5. Les généraux français actuellement en pays ennemi feront faire la même proclamation.

ART. 6. Le comité diplomatique présentera incessamment un projet d'adresse aux peuples, sur l'exercice de leur souveraineté. Les généraux seront tenus de la faire promulguer dans tous les pays où ils entreront.

such provisional organization and such form of government as it shall be pleased to adopt.

ART. 5. The French generals at present in enemy territory shall make the same proclamation.

ART 6. The Diplomatic Committee shall without delay present a proposal for an address to the peoples, on the exercise of their sovereignty. The generals shall be obliged to promulgate this in all the countries which they may enter.

Address of the Provisional Administrative Bodies of the City and County of Nice to the National Convention, and Action of the Convention. November 4, 1792 1

Adresse à la Convention nationale.

Séance du 21 octobre 1792, 7 heures du soir, l'an 1" de la République française

LÉGISLATEURS,

Les corps administratifs provisoires de la ville et ci-devant comté de Nice, en permanence, réunis à la maison commune, considérant que le plus précieux bien pour l'homme est de vivre libre, offrent à la République française l'hommage pur de leur reconnaissance à cause de leur affranchissement. Depuis l'arrivée Français dans leur pays, le drapeau de la liberté décore toutes les places publiques. Avant le 29 septembre, cette liberté était concentrée dans

1 Arch. parl., 1st series, vol. 53, p. 146.

des

Address to the National Convention,

Session of October 21, 1792, at 7 P. M., Year I of the French Republic

LEGISLATORS:

The Provisional Administrative Bodies of the City and the former County of Nice, in session at the communal hall, considering that the most precious possession of mankind is to live free, offer to the French Republic the pure homage of their gratitude for their deliverance. Since the arrival of the French in their country, the flag of liberty decorates all public places. Before September 29, this liberty was concentrated in their hearts; they are aware of its

leurs cœurs; ils en sentent tout le prix. Délivrés du tyran qu'ils abhorrent, ils vous jurent, Français, qu'élevés par vos soins à toute la dignité d'hommes, ils sauront soutenir les droits imprescriptibles de la nature et s'ensevelir sous les cendres et les ruines de leur pays, plutôt que de cesser d'êtres libres.

Nous avons juré de vivre libres ou de mourir; nous attendons de vous la vie ou la mort; hâtez-vous de prononcer notre aggrégation à la République française; nous vous disons avec cette franchise qui convient à un peuple libre, que si notre prière d'être Français n'êtait pas accueillie, nous ne transigerions jamais avec nos persécuteurs, et nous embrâserions plutôt toutes nos possessions dans cette terre de proscription, pour aller vivre dans la terre de la liberté que vous habitez.

Nous députons vers vous deux citoyens recommendables par leur patriotisme, ils vous exprimeront avec quelle impatience les citoyens de cette importante contrée attendent la nouvelle de leur adoption à leur primitive patrie, la République française, dont ils n'auraient jamais dû être séparés.

Signé: PAUL BARRAS, president; LOUIS SALVY, CAUVIN, CHABAUD, LECLERC, GIACOBI, maire; MOUQUIN, DEFLY, LEVI l'âiné, HERAUD, VEILLON, ANDRÉ, FARANDY, JEAN-BAPTISTE GROSSON, LOUIS SAINT-PIERRE, DAVID MOÏSE, ANDRÉ GASTAUD, DOMINIQUE BLANQUI, PIERRE-HO

value. Delivered from the tyrant whom they abhor, they swear to you, Frenchmen, that, elevated by you to the dignity of manhood, they will know how to preserve the imprescriptible rights of nature and to perish under the ashes and ruins of their country sooner than cease to be free.

We have sworn to live free or to die; we await from you the verdict of life or death; make haste to pronounce our union with the French Republic; we say to you with that frankness which becomes

free

people, that if our prayer to be French is not accepted, we shall never compromise with our persecutors, that sooner than that we would burn all our possessions in this land of proscription, in order to go to live free in the land of liberty which you inhabit.

We send to you, as deputies, two citizens eminent for their patriotism. They will describe to you with what impatience the citizens of this important country await the tidings of their adoption by their original mother country, the French Republic, from which they should never have been separated.

(Signed) PAUL BARRAS, President; LOUIS SALVY, CAUVIN, CHABAUD, LECLERC, GIACOBI, Mayor; MOUQUIN, DEFLY, LEVI the elder; HERAUD, Veillon, André, Farandy, JEAN-BAPTISTE GROSSON, LOUIS SAINT-PIERRE, DAVID MOÏSE, ANDRÉ GASTAUD, DOMINIQUE BLANQUI,

NORE ROASSAL, VICTOR TIRANTY, BERNADIN CLEVECY, ASDA, JAUME, procureur de la commune.

DAVID. Je demande qu'au nom de la nation française le président de la Convention donne le baiser fraternel aux deux députés citoyens de Nice.

(La Convention décrète cette motion au milieu des applaudissements qui se prolongent pendant tout le temps de l'exécution du décret.)

(Les deux députés prennent ensuite place à côté du président.)

(La Convention décrète alors qu'il sera fait mention de tous ces faits dans son procès-verbal dont expédition sera envoyée aux citoyens des villes et comté de Nice. Elle ordonne, en outre, que l'adresse des citoyens de Nice et la réponse de son président seront imprimées et envoyées aux 83 départements et aux armées.)

LEQUINIO. Je demande qu'il soit fait droit à l'instant au vou des citoyens de Nice.

BARÈRE DE VIEUZAC. J'applaudis avec un vif intérêt à la réception fraternelle des députés du ci-devant comté de Nice, et j'ai partagé votre empressement à accueillir leur demande en réunion à la République française. Mais il est une observation que je crois digne de votre respect pour la souveraineté des peuples; c'est qu'avant de s'occuper de l'accession, de la réunion d'un peuple à un autre, il est essentiel, il est nécessaire

PIERRE-HONORÉ ROASSAL, VICTOR TIRANTY, BERNARDIN CLEVECY, ASDA, JAUME, Procurator of the Commune.

DAVID. I move that, in the name of the nation, the president of the Convention give a fraternal kiss to the two citizen deputies from Nice.

(The Convention decrees this motion in the midst of applause which is prolonged during the entire time of the carrying out of the decree.)

(The two deputies thereupon take their places by the side of the president.)

(The Convention then decrees that all these acts shall be mentioned in the formal minute, a copy of which shall be sent to the citizens of the town and county of Nice. It further orders that the address of the citizens of Nice and the reply of its president shall be printed and sent to the eightythree departments and to the armies.)

LEQUINIO. I move that the wish of the citizens of Nice be acted upon at once.

BARÈRE DE VIEUZAC. I applauded with lively interest the fraternal reception of the deputies of the former county of Nice, and I shared your eagerness to take up their request for union with the French Republic. But there is one observation which I think worthy of your respect for the sovereignty of peoples; it is that, before concerning ourselves with the accession, with the union of one people with another, it is essential.

d'avoir son vœu expressément et librement émis. Or, ce qu'on a lu à cette tribune, n'est que le vœu des députés des administrations provisoires de ce pays. Mais, d'après vous-mêmes, les administrateurs ne sont pas des représentants, et ne peuvent pas émettre le vœu des administrés. Sans doute les citoyens du pays de Nice sont dignes de la liberté, puisqu'ils abhorrent comme nous la noblesse et la royauté. Ainsi, avant de délibérer sur la réunion, que le peuple prononce, que le souverain émette son vou; et le souverain n'est que dans les assemblées primaires, il n'est que là.

Je demande, en conséquence, que la Convention nationale déclare qu'elle ne peut délibérer sur la réunion demandée par les députés des administrations provisoires du ci-devant comté de Nice, qu'après avoir connu le vœu exprès du peuple.

DELACROIX. J'appuie la proposition de Barère, mais en attendant je demande le renvoi de l'adresse au Comité diplomatique.

(La Convention ferme la discussion et déclare qu'elle ne peut délibérer sur la demande en réunion présentée par les députés des administrations provisoires du ci-devant comté de Nice, qu'après avoir connu le vœu exprès du peuple, émis librement dans les assemblées primaires. Elle renvoie, en attendant, l'adresse au Comité diplomatique.)

it is necessary, to have their expressed and freely uttered wish. Now what has been read at this tribune is only the desire of the deputies of the provisional administrative bodies of that country. But, according to you yourselves, administrators are not representatives and cannot utter the wishes of those for whom they administrate. Doubtless the citizens of the country of Nice are worthy of liberty, since they, like us, abhor nobility and royalty. So, before deliberating upon the union, let the people pronounce, let the sovereign express his wish; and the sovereign dwells only in the primary assemblies, he is there only. . .

I demand, consequently, that the National Convention declare that it can deliberate upon the union asked by the deputies of the former county of Nice only after having learned the express wish of the people.

DELACROIX. I support the proposition of Barère, but in the meantime I move that the address be sent to the Diplomatic Committee.

(The Convention closes the discussion and declares that it can not deliberate upon the demand for union presented by the deputies of the provisional administrations of the former county of Nice, except after learning the express learning the express wish of the people, freely uttered in primary assemblies. In the meantime, the address is referred to the Diplomatic Committee.)

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