Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

en mettant à la tête des affaires un ministère qui puisse offrir des garan

ties en faveur de notre industrie et de nos franchises constitutionnelles,

» La junte espère que vous voudrez adhérer à sa demande.

⚫ Dieu garde votre Seigneurie.

[» Lisbonne, 9 août 1843,

D

La reine accoucha heureusement (21 juillet) d'une princesse. Trois mois après (octobre) S. M. fit, dans l'Alemtejo et l'Estramadure, un voyage dont le but était de raviver sa popularité dans ces provinces. Le résultat ne répondit pas partout aux espérances qu'on s'était faites. Dans la ville d'Evora, la chambre municipale se permit une manifestation intempestive et inconstitutionnelle. Une adresse fut présentée à la reine, dans laquelle le conseil municipal demandait le renvoi des ministres. Voici le texte de ce curieux document.

• Les soussignés présentent leurs hommages respectueux à V. M. et la prient de vouloir bien renvoyer ses ministres et de les remplacer par des hommes dignes de sa confiance, et en même temps de l'estime de la nation portugaise. Ne s'appuyant que sur la force militaire, obligée de leur obéir, et sur les employés qui leur sont dévoués, méprisant l'opinion publique qu'ils représentent comme leur étant favorable, et suivant une politique désastreuse, les ministres de V. M. se sont rendus odieux, et, s'ils restaient plus longtemps au pouvoir, de fâcheuses conséquences en résulteraient. Le vœu le plus ardent de notre cœur, madame, c'est que vous exerciez votre prérogative pour prévenir des événements aussi dangereux. Nous espérons que votre sollicitude maternelle répondra à ce vou, car Votre Majesté préférera mille fois la stabilité de la Charte à celle de ses ministres, et les intérêts réels du pays à l'avantage d'hommes qui sont déjà perdus dans l'opinion de leurs concitoyens. »

Dieu garde Votre Majesté.

(Suivent les signatures.)

La réponse, faite au nom de la reine par M. Costa-Cabral, fut sévère: le conseil municipal y était rappelé à ses attributions véritables.

S. M. ordonne au gouverneur civil d'Evora de donner immédiatement à la chambre municipale d'Evora l'assurance que son intention est de main

tenir intactes la Charte constitutionnelle de la monarchie et les prérogatives qu'elle lui confère. S. M ne souffrira pas que ses prérogatives soient atlaquées sous un prétexte quelconque. Le gouverneur devra rappeler au conseil municipal d'Evora que ses attributions purement administratives sont définies par l'art. 16 du Code administratif, et que toute intervention de sa part dans les affaires politiques est un abus et une atteinte à la constitution. Enfin, il dira au conseil municipal d'Evora que la meilleure manière de prouver son respect pour les lois, c'est de se renfermer dans l'exercice de ses fonctions. »>

Signée: A. C. COSTA CABRAL,

Un décret de dissolution suivit de près cette réprimande (15 octobre) (Voy. à l'Appendice). Au reste, les autorités civiles et militaires, le chapitre et les lycées protestèrent par des contre-adresses contre l'étrange manifestation du conseil municipal. Le gouvernement civil présenta à la reine l'adresse suivante :

◄ MADAME,

» Le conseil de district du gouvernement civil d'Evora, en sa qualité de tribunal administratif, et comme l'organe de l'opinion du peuple, car son élection, quoique indirecte, n'en est pas moins populaire, en répétant devant Votre Majesté le haut cri d'indignation et de surprise de la grande majorité des habitants de cette ville, vient protester solennellement contre les remontrances qu'ont adressées, au nom desdits habitants, quelques uns des citoyens qui composent la municipalité, et qui n'ont reçu du peuple aucun mandat pour une si singulière et si étrange représentation. On y demande à Votre Majesté de renvoyer de son conseil le ministère actuel, sans songer que de cette manière on empiète sur une des prérogatives de la couronne: ce qui trahit l'influence d'un parti ennemi de la Charte. Ces coups, ces altaques, ce déchaînement des passions ne sont que le fait de peu d'individus; car, ni le conseil de district, ni les magistrats, ni les autorités constituées d'Evora, ni aucune classe du peuple n'ont donné à la municipalité des pouvoirs si exorbitants. Le conseil de district supplie humblement Votre Majesté, au nom du peuple, qu'elle daigne agréer avec bénignité ses vœux, et qu'elle veuille bien aussi maintenir intactes les prérogatives qui lui sont conférées par la loi fondamentale de la monarchie..

(Suivent les signatures des membres du conseil du district d'Evora, au nombre de sept.)

Cette opposition constante à se manifester par des fails

isolés et peu importants, sans doute, n'en méritait pas moins toute l'attention du pouvoir. Dans un pays où l'émeute est établie, en quelque sorte, en permanence, les plus insignifiantes tentatives prennent promptement le caractère d'une insurrection, et l'insurrection engendre bientôt la guerre civile.

[blocks in formation]

Ouverture du Parlement.-Discours royal.-Adresse.-Politique générale. -Droit de visite.-Motion de lord Howick sur la détresse du pays.-Incidents.-Rejet.-Motion Stanhope.-Rejet.-Motion Crawford. - Rejet. Motion Monteagle sur les lois des céréales. Rejet.-Motion Villiers pour la liberté du commerce.-Rejet.-Bill sur le blé du Canada.-Vole.Motions philanthropiques. Motion Ashley sur l'éducation morale et religieuse des classes ouvrières. - Proposition du ministère. Opposition. - Défaite du ministère. — Bill pour l'amendement de la loi des pauvres. -Rejet.- Bill relatif à l'abolition de la traite. - Vote.-Bills divers.Budget. Situation financière.-Motion Monteagle sur le déficit.—Rejet. -Dépenses et recettes. -Prorogation du Parlement. - Discours royal. -Résultats de la session.

La session du parlement de 1842 avait été close sans qu'aucune des grandes questions extérieures fut résolue: lorsque le parlement se rouvrit en 1843, tout était fini, bien ou mal; la guerre de l'Inde était terminée par l'abandon de l'Affghanistan; la Chine était ouverte au commerce européen; un traité avait été conclu avec l'Amérique, et la question du droit de visite avait été résolue en France d'une manière positive. Si la guerre de Caboul avait été féconde en désastres; si l'issue en avait été peu honorable pour les armes britanniques, l'opposition whig ne pouvait reprocher au ministère tory des fautes dont elle était ellemême responsable. Les victoires remportées en Chine, bien qu'injustifiables au point de vue du droit des gens, trouvaient leur excuse, aux yeux de tous les partis, dans les nécessités inexorables de la politique commerciale. Le

[ocr errors]
[ocr errors]

traité Ashburton renfermait quelques concessions attaquables mais enfin, ce traité avait calmé provisoirement l'irritation si vive, l'année dernière, entre la Grande-Bretagne et les États-Unis. Quant à la France, la promesse arrachée au ministère par les Chambres françaises, de poursuivre le rapport des traités, n'avait pu paraître sérieuse à l'Angleterre, surtout quand le ministère ainsi condamné par le sentiment national n'en restait pas moins au pouvoir. Toutes les grandes difficultés étaient vaincues ou tournées, et le blâme, s'il y avait lieu, retombait sur ceux qui les avaient créées.

:

L'année s'annonçait donc favorablement pour le ministère la majorité qui lui avait donné le succès dans la grande question des tarifs était plus forte et plus compacte que jamais (1). Et cependant ces promesses de tranquillité devaient être trompeuses. Les difficultés intérieures allaient remplacer les périls du dehors. L'Irlande allait s'agiter de nouveau, plus menaçante que jamais ; le contre-coup des guerres de 1842 devait se faire sentir encore, et l'atteinte profonde portée à l'industrie allait se traduire pour l'État en un déficit immense, pour les classes laborieuses en une inexprimable détresse.

C'est dans ces circonstances que le parlement fut ouvert par commission, le 2 février. Les commissaires étaient l'archévêque de Cantorbury, le lord-chancelier lord Wharncliffe, le duc de Buccleugh et le comte de Shaftesbury.

(1) Voici quelques renseignements statistiques sur lá division des partis dans le Parlement.

Chambre des communes. L'Angleterre proprement dite nomme 471 membres, tant pour les comtés que pour les bourgs. Sur ce nombre les tories ont obtenu, dans les dernières élections, 279 nominations. Les whigs-radicaux en ont obtenu 192. Le pays de Galles élit 29 membres. Dans les dernières élections, les tories y ont obtenu 19 nominations, et les whigs-radicaux 10.,. L'Irlande élit 105 membres; sur ce nombre, les tories ont obtenu 43 nomi-" nations et les whigs-radicaux 62 L'Écosse élit 53 membres; sur ce nombre, les tories ont obtenu 20 nominations et les whigs-radicaux 33. En totalité, les forces parlementaires se divisent donc ainsi :

Membres tories,

Membres whigs ou radicaux,

Majorité pour les tories,

Ann. hist. pour 1843.

361.

297.

64.

28

« PreviousContinue »