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CHAPITRE XIII.

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INTÉRIEUR. État du pays. - Déficit de l'Échiquier d'après les publications officielles. - Réveil des agitations diverses.

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IRLANDE. - Premiers travaux d'O'Connell.— Motion Lane Fox. -Interpellations de lord Boden et de lord Jocelyn. - Projet de formation d'un corps de délégués du Rappel. Projet d'arbitres. Déploiements de forces. Affaire de Dungannon.-Mailes-postes. - Prudence d'O'Connell. Conflit d'Ahascragh. Adhésion des évêques. — Déclaration du docteur Higgins. — Inquiétudes à Londres. — Les consolidés el la rente du Rappel.-Destitution d'O'Connell, delord French et de plusieurs autres juges de paix. Illégalité de ces actes. - Adhésions nombreuses d'avoDémissions volontaires. - Présentation du bill des armes. Débats. - Avances des chartistes repoussées par O'Connell. Adresse au peuple irlandais. — Adoption du bill des armes.-Meetings et contre meetings. Sympathies américaines pour le Rappel. - Offres des démocrates français. - Refus d'O'Connell.- Motion O'Brien. — Rejet. Complication religieuse. Mariages mixtes. · Bill pour la légalisation des mariages conclus. - Motion Ward. - Retrait. Proposition Brougham.-Retrait.— Déclaration du discours de prorogation du Parlement. -Plan de renouvellement du Parlement irlandais. — Meeting de TaraHill. Approbation du plan de réorganisation. —Système général d'arbitrage. - Première séance de la cour des arbitres. — Tendances illégales de sa résistance. — Motion O'Connor contre les taxes et les redevances. Meeting de Clontarf. - Proclamation de défense. - Prudence d'O'Conuell. Mandat d'arrêt décerné contre lui. —Adresse au peuple d'Irlande Inauguration de Conciliation-Hall. - Suite du procès. Situation générale.

ÉCOSSE. Situation de l'église d'Écosse.

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Conflits entre la juridiction civile et la juridiction religieuse. Questions du patronage et du veto.Affaire d'Auchteracter. Scission dans l'Église. Bill présenté à co

sujet.

PAYS DE GALLES. - Situation. — Rébeccaïtes. · Affaire de Carmarthen.Bill des vétérans de Chelsea. - Chartistes.

LIGUE DES CÉRÉALES. - Développement de la Ligue.

Situation générale. —On a vu dans le chapitre précédent quelles avaient été les chances diverses des partis dans les débats du parlement: c'est sur une scène plus vaste et dans le pays lui-même qu'il faut maintenant les étudier.

Une sorte de similitude s'établit entre l'histoire des débats dans les Chambres et l'histoire des agitations dans le

pays. Des deux côtés, le ministère ne recueille que des succès faciles pendant les premiers mois de l'année : les partis se remuent sourdement, mais leurs rumeurs innocentes auxquelles s'est habitué le pouvoir, ainsi que la nation, sont moins inquiétantes que ne le serait leur silence même. Quelques meetings peu importants, quelques banquets suivis des toasts obligés sont tout l'écho des vieilles querelles léguées par les whigs au ministère tory. Comme le dit un journal, aucune question n'est dans l'air.

Situation financière. Une seule émotion grave signale cette première phase de la vie intérieure qui précède les vacances de Pâques : c'est l'état alarmant des finances du pays et le retentissement des accusations portées contre le ministèreau sujet du déficit. Les chiffres seront toujours, en Angleterre, les plus grands événements de l'histoire politique.

La première publication des tableaux du revenu trimestriel faite le 6 janvier produisit à Londres, et bientôt dans le reste du royaume, une douloureuse impression. Le déficit qu'on avait voulu combler par des mesures extrêmes se présentait de nouveau, plus profond, plus effrayant encore. Ge que la taxe du revenu avait fait gagner d'un côté, elle l'avait fait perdre de l'autre : car, pour y satisfaire, ou pour dissimuler une partie de leur fortune, beaucoup de familles avaient réduit leurs dépenses dans une proportion sensible.

Le dernier trimestre s'était soldé par un déficit de 1 million 689,825 fr. Celui dont on venait de publier les résultats se soldait par un déficit de près de 25 millions de francs.

Sur l'année finissant au 5 janvier 1843, comparée à l'année finissant le 5 janvier 1842, il y avait un déficit de 922,630 liv. sterl. (23 millions 065,750 fr.).

Sur le trimestre finissant le 5 janvier 1843, comparé avec le trimestre finissant le 5 janvier 1842, il y avait un déficit de 940,962 liv. sterl. (23 millions 424,050 fr.)

En analysant ce résultat total, on trouvait que, pour l'année, il y avait dans le revenu des douanes, de l'ac

cise, du timbre, des taxes et des terres de la couronne, une diminution de 2 millions 454,544 liv. sterl. (61 millions 363,600 fr.)

Sur le revenu de la poste, des produits divers (miscellaneous) et de l'impôt de la propriété, une augmentation de 1 million 202,729 liv. sterl. (31 millions 295,625 fr.). Ce chiffre représentait le déficit réel du revenu de l'année, et n'avait été réduit à 23 millions que par quelques rentrées inattendues. Sur le dernier trimestre, la proportion était encore plus alarmante. Le revenu des douanes, de l'accise, du timbre, des taxes et des terres de la couronne présentait une diminution de 1 million 388,057 liv. sterl. (34 millions 701,425 f.), et le revenu de la poste, des produits divers et de l'impôt de la propriété une augmentation de 277,697 liv. sterl. (6 millions 942,325 fr.), laissant un déficit réel de 110,860 liv. sterl. (27 millions 771,500 fr.

L'income-tax, taxe établie sur tous les revenus de la nation, ressource employée d'ordinaire en temps de guerre, avail produit 571,056 liv. sterl. (14 millions 276,400 fr.). Elle n'avait été en action que durant deux trimestres. A ce compte, elle ne produirait donc pas 60 millions par an. Ce résultat pouvait paraitre inquiétant à ceux qui se rappelaient que, l'année précédente, au milieu des premières allusions du traité du commerce chinois, on avait cherché à organiser une ligne contre l'income-tax, devenue désormais, on le croyait alors, inutile et onéreuse à la nation. Aujourd'hui cette taxe se trouvait même être insuffisante.

Ces craintes et ces mécomptes, traduits à la Bourse de Londres en une baisse sensible, ne contribuèrent pas à porter remède à la détresse toujours croissante des classes laborieuses et à activer les opérations commerciales. Ces chiffres parlaient haut. Le revenu de l'accise, en effet, représente le chiffre de la grande consommation et, sur ce seul article, se trouvait dans les revenus du trimestre une diminution de 18 millions de fr., c'est-à dire, près de 3 mil

lions liv. sterl. (75 millions de fr.) par an. La diminution signalée dans le revenu du timbre indiquait aussi une restriction grave dans les opérations commerciales.

Les états du revenu pour le trimestre finissant au 5 avril, sans présenter un aspect aussi alarmant que ceux du trimestre précédent, accusaient néanmoins, à côté de certaines améliorations, de nouvelles diminutions des ressources ordinaires du trésor.

Ainsi,les douanes offraient une diminution de 275,510 liv. sterl. (6 millions 780,250 fr.) sur le trimestre correspondant de l'année 1842. Sur l'année entière, la diminution était de près de 27 millions de fr.

Sur le timbre, la diminution était de 6,361 liv. sterl. (159,025 fr.) sur le trimestre, et d'environ 3 millions 500,000 fr. sur l'année.

Bien que le revenu de l'accise fût aussi en perte, cependant la diminution était peu considérable, comparée à celle du précédent trimestre. Elle n'était que de 1,788 liv. sterl. (44,700 fr.) pour ce trimestre ; mais, sur l'année, elle était encore de plus de 26 millions de francs.

Le revenu de la poste seul augmentait, bien que lentement. Sur le trimestre il présentait une amélioration de 2,000 liv. sterl. (50,000 fr.), et sur l'année, de 103,000 liv. sterl. (2 millions 575,000 fr).

En résumé, le revenu de l'année finie avec ce trimestre présentait une augmentation, sur celui de l'année correspondante, de 714,983 liv. sterl. (17 millions 974,575 fr.); mais cette augmentation ne provenait que de causes exceptionnelles, telles que le produit de l'income-tax, qui avait été, dans le dernier trimestre seulement, de plus de 45 millions de fr., ce qui faisait espérer 180 millions pour l'année entière, et le paiement fait par le gouvernement Chinois de 511,406 liv. sterl. (12 millions 885,150 fr.). Sans ces ressources extraordinaires, le revenu habituel du royaume eût subi une réduction très-considérable.

Trois mois plus tard, la situation s'était un peu améliorée, et cependant elle était encore inquiétante. Le produit total pour l'année était de 1 milliard 194 millions de francs. Comparés à l'exercice de 1842, ces chiffres constataient une augmentation de 61 millions. Mais, dans le produit général de l'année, l'income-tax, entrait pour 83 millions, et la rançon de la Chine pour plus de 20 millions. Or, de ces deux produits l'un, l'income-tax ne devait être prélevé que pendant trois ans, et la rançon chinoise une fois payée ne s'ajouterait plus aux ressources du trésor public.

Si donc on laissait de côté ces produits extraordinaires, si l'on ne tenait compte que des sources normales du revenu, on trouvait, pour l'année, un déficit de près de 50 millions de francs.

En examinant les principaux articles, on reconnaissait dans le mouvement des recettes la trace de la détresse qui pėse sur les districts manufacturiers et de la décadence commerciale à l'extérieur. Les douanes avaient fléchi de 13 millions pour l'année. L'accise, signe irrécusable du progrès ou de la diminution des consommations, avait fléchi de plus de 25 millions.

Mais, enfin, les craintes avaient diminué, l'augmentation des taxes, quelque précaire que fût cette ressource, assurait le présent, sinon l'avenir, et le gouvernement put continuer avec plus de calme son expérience du nouveau système d'impôts.

On a vu qu'aucun événement grave de politique inté rieure n'était venu, dans les premiers mois de l'année, troubler cette tranquillité provisoire. Si un assassin croyant s'adresser à sir Robert Peel frappe au lieu du ministre son' sécrétaire intime, il ne faut voir dans cet acte isolé qu'un exemple de plus de ces bizarreries sauvages, de ces fantaisies froidement atroces qu'on ne rencontre qu'en Angleterre (1).

(1) L'assassin de M. Drummond, Ms Naughton, fut, considéré comme fou

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