Page images
PDF
EPUB

juste et délicieuse que le peuple d'Italie vous fait entendre à chaque instant dans les rues, ont pu remarquer que ces sortes de chauts ne frappent guèrès que sur les cordes essentielles du mode.

Grétry, partant du principe que je viens d'énoncer, assigne au son générateur un caractère de noblesse, à la tierce et à la quinte une douceur plus ou moins caractérisée. Il y a loin de cette douceur de la tierce à l'énergie ardente que lui attribue le C. Lefebure. Il faut qu'il ait de bonnes raisons pour 'opposer un systême si contradictoire à celui d'un artiste, philosophie aussi éclairé dans son art, que compositeur habile et sensible, et dont les beuvres fournissent, ce me semble, en faveur de ses opinions, une démonstration de fait qui en vaut bien une autre. (La suite au numéro prochain. )

1

[merged small][ocr errors][merged small]

REVUE LITTÉRAIRE.

LETTRES à Mme de C. sur la Botanique et sur quelques sujets de Physique et d'Histoire naturelle, suivies d'une méthode élémentaire de Botanique; par L. B. D. M., avec cette épigraphe :

Vivifiée par la Nature et revêtue de sa robe de noces, au milieu du cours des eaux et du chant des oiseaux, la terre offre à l'homme, dans l'harmonie des trois règnes, un spectacle plein de vie, d'intérêt et de charmes, le seul spectacle au monde dont ses yeux et son cœur ne se lassent jamais. J. J. ROUSSEAU. Deux vol. grand in-12. A Paris, chez les frères Levrault, libraires, quai Malaquai.

L'AUTEUR de ces Lettres paraît s'être proposé pour modèles, les Mondes de Fontenelle, les Dialogues d'Algarotti sur la lumière et les couleurs, et les Lettres à Emilie, sur la mythologie. Il commence par exposer avec

beaucoup d'enjouement et la retenue convenable, le systéme sexuel de Linné. Des vers faciles, des réflexions piquantes, des anecdotes, font disparaître la sécheresse du sujet et en dissimulent la monotonie. C'est ainsi qu'à l'occasion de la pervenche, plante chérie de J. J. Rousseau, M. L. B. D. M. rapporte le trait suivant qui n'avait pas encore été publié, et qui peint bien le caractère de cet homme extraordinaire. « M. Gouan, de Montpellier, un des premiers botanistes de l'Europe, disciple et ami de Linné, eut aussi l'avantage de connaitre Rousseau et d'en être reçu avec égards et amitié. Une jeune dame de sa connaissance, admiratrice de Jean-Jacques, brulait du desir de le voir. Vous savez comme il se défendait de ces visites, dont la multitude l'importunait, et dont l'intention paraissait toujours équivoque à son imagination soupçonneuse. La jeune dame gagna M. Gouan, dont les entrées étaient libres, et lui fit promettre de l'introduire. Un jour, en tête à tête avec Jean-Jacques, il causait avec lui sur la botanique. On vient annoncer à M. Gouan que sa sœur l'attendait à la porte. Il la fait prier de lui donner encore un moment; il se plaint de l'importunité des femmes et de l'exigeance des sœurs. Vous avez donc, dit Rousseau, conduit ici votre sœur ? Qui. J'ai été bien aise de lui faire voir Paris; mais elle est désolante: je l'avais priée de m'attendre un instant chez le marchand de vin.-Vous pouvez la faire monter. L'oracle est rapporté. La dame monte, conduite par Mme Rousseau. J. J. la salue honnêtement. Elle s'assied. On reprend la conversation sur la botanique. La dame écoutait d'un air modeste, et cet air, en apparence peu observateur, laissait toute confiance à J. J. Elle se permit enfin quelques mots qui annonçaient un esprit juste et éclairé, et que Rousseau remarqua. Quand M. Gouan se leva pour sortir. J. J. offrit sa main à la jeune dame. Il la reconduisit jusqu'à la porte, et là, mettant la main sur l'épaule de M. Gouan, sachez, lui dit-il avec une finesse mêlée de sévérité, que je ne veux pas qu'on me trompe, même pour me faire plaisir. »

[ocr errors]

Les neuf dernières leçons renferment un aperçu rapide des recherchés cosmogoniques, astronomiques, etc., qui ont remplacé la matière subtile, les tourbillons, la centralité de la terre, et qui, s'il plaît à Dieu, seront reinplacées quelque jour par d'autres suppositions tout aussi vraisemblables,, en attendant qu'un nouveau cataclysme efface pour la centième ou millième fois les systèmes, les découvertes réelles ou prétendues, le mot indéchiffrable de l'énigme, et peut-être l'énigme elle-même.

[ocr errors]

Il n'était guère possible d'entre-mêler de madrigaux et de digressions enjouées la Méthode élémentaire de Botanique, qui remplit le second volume. L'auteur a eu le bon esprit de ne s'y montrer que nomenclateur exact, et d'y analyser sans prétention et sans recherche ce que nous possédons de mieux en ce genre. Autant la première moitié de son ouvrage est attrayante par la forme qu'il a su lui donner, autant celle-ci nous a paru recommandable par sa clarté et sa précision. L.

TABLES DE RÉDUCTION, contenant la comparaison des anciennes mesures aux (avec les ) nouvelles, et des mesures nouvelles aux anciennes; par le C. CARONDELET, chef de bureau à la préfecture du Bas-Rhin, etc. Vol. in-8°. Prix, 1 fr. 50 c. ▲ Paris, chez le même libraire.

CES Tables, précédées d'une introduction sur leur usage, embrassent les mesures dont on se servait en France avant Le nouveau systême, et celles qui appartiennent le plus spécialement au département du Bas-Rhin.

Dans presque toutes, la conversion, des poids et mesures est indiquée de deux manières, dans deux colonnes placées l'une à côté de l'autre. L'une a en tête les noms des poids et mesures qui doivent remplacer ceux que l'on compare; dans l'autre, intitulée: Expression décimale, la conversion ne se rapporte qu'à une mesure unique, dont les sous-divisions sont représentées par des chiffres déci maux placés consécutivement.

MON VOYAGE au Mont d'Or, par l'auteur du Voyage à Constantinople, par l'Allemagne et la Hongrie. 263 pag. in-8°. A Paris, chez Maradan, libraire, rue Pavée-SaintAndré-des-Arcs, no 16. Prix, 3 fr., et 4 fr., franc de port. LES personnes qui ont lu le Voyage en Espagne de M. Delangle, peuvent se faire une idée du style de l'ouvrage que nous avons sous les yeux. Il comprend trente-neuf lettres, suivies de notes assez étendues. On y remarque de la finesse, de l'imagination, des souvenirs intéressans, des rapports ingénieusement saisis, le talent d'observer et de peindre, et même celui de rendre en vers agréables des morceaux choisis des poëtes anglais. Il est seulement fâcheux que tout cela soit mêlé d'un peu d'humeur contre la révolution, et que cette humeur là ait amené sous la plume du voyageur une question aussi étrange que celle-ci : «Est-ce que la France a été une patrie depuis le 2 septembre jusqu'au 18 brumaire? » A la vérité, il fait tenir ce propos à un brigand de l'Ouest (c'est l'expression dont il se sert); mais la réponse dérisoire qu'il met dans la -bouche d'un caporal soi-disant républicain, ne laisse aucun doute sur l'intention: « Apparemment, dit celui-ci ; puisque, pendant six ans, ses représentans nous disaient en son nom, par tous les couriers, que nous avions bien mérité d'elle..>>

L..

MÉTHODE ÉLÉMENTAIRE et amusante pour étudier la cosmographie, la géographie et l'histoire, composée pour l'usage des mères sensibles qui veulent suivre l'éducation de leurs enfans et les mettre en état de concevoir avec facilité les bons ouvrages faits pour ces différentes parties; par le C. COURTEMBUC, père de famille. A Paris, au dépôt de l'auteur, chez Quénette, rue de la Harpe, 12° 172.

Ce petit ouvrage est écrit avec clarté et simplicité; l'auteur l'a composé pour l'éducation de ses enfans, et les

succès qu'il a obtenus l'ont engagé à publier sa méthode. Tous les traités de géographie qui ne manquent point d'exactitude sont bons entre les mains d'un maître habile. celui-ci est spécialement destiné à ceux qui veulent étudier seuls; aux mères qui ont besoin de trouver une marche toute tracée; aux enfans pour qui on ne peut trop simplifier les études et mêler l'amusement à l'instruction.

On trouve chez le C. Quénette les cartons et autres petits instrumens qui servent à l'intelligence de cet ouvrage.

NOUVELLE BIBLIOTHÈQUE de société, portative et amu sante, ou Répertoire curieux à l'usage des gens d'esprit et de bonne société. Deux vol. in-12.

EN parcourant cet insipide recueil, on se demande de quelle utilité il peut être pour les gens d'esprit à qui le compilateur l'a destiné, à moins que ce compilateur ne regarde l'esprit comme une chose très-dangereuse, et qu'il ne veuille diminuer le nombre de ceux qui peuvent en avoir. Contes ridicules, réparties triviales, expressions bannales, anecdotes insignifiantes et dénuées de tout intérêt, tel est en résumé ce qu'offre cette informe compilation. On est tout étonné, après un volume rempli d'un pareil fatras, de trouver le récit de quelques-unes de nos victoires et des actions de plusieurs de nos grands hommes. Mais tel est le malheur attaché à la célébrité : elle est comme un domaine commun que tout le monde peut exploiter à son profit. A combien d'écrivains la gloire d'A. lexandre n'a-t-elle pas procuré des moyens d'existence, depuis Quinte-Curce jusqu'au plus obscur régent de collége? et combien d'autres ont déjà vécu et vivront de celle de Bonaparte !

JOURNAL du dernier voyage du C. Dolomieu dans les Alpes; par T. C. BRUUN-NEERGAARD. Un vol. in-8°. COMPAGNON de Dolomieu dans le dernier voyage qu'il a fait aux Alpes, le C. Bruun-Neergaard en a tracé Fitiné

« PreviousContinue »