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zales ; c'est un morceau plein d'intérêt et de justesse. On y retrouve l'opinion des plus célèbres grammairiens, tels que Lancelot, Fromant, Duclos, Bauzée, Boindin. L'auteur compare successivement les voix de la langue aux tons de la gamme, relativement aux qualités des premières et à leur quantité prosodique.

Ici, l'on admire la variété qui règne dans la prononciation de la même voyelle. On trouve, par exemple, quatre sortes d'A, six sortes d'E, deux sortes d'I, cinq sortes d'O, deux sortes d'U, deux sortes d'EU, et deux sortes d'OU.

Après avoir suivi le C. Morel dans la comparaison qu'il vient de faire, le lecteur conclut avec lui que le nombre des voix de la langue doit être calculé et déterminé, non sur leur quantité prosodique, mais sur la nature de chacune d'elles ; qu'il faut fixer ce même nombre à dix-sept; ce qui est le résultat où d'utiles recherches ont conduit Bauzée.

Notre langue n'a que quatre sons qui puissent être modifiés par les accens prosodiques. Des règles précises déterminent chacune de ces modifications par un accent particulier. C'est la matière d'un second chapitre, où notre collègue traite de la modification des voix par l'accent prosodique. Il développe les grands avantages qui résulteraient de signes égaux en nombre aux sons principaux de la voix. Il trace l'histoire de tous les changemens que l'orthographe a éprouvés dans le cours des siècles, et il a soin d'en indiquer les motifs. On aime à parcourir cette série de présomptions judicieuses, qui prennent un caractère de vérité sous la plume de l'auteur. Il assigne deux principales causes de l'imperfection de notre orthographe: 1 Une combinaison de signes connus, pour la représentation de sons nouveaux ou nouvellement aperçus; 2° l'emploi continu des mêmes signes qui représentaient des sons que d'autres avaient remplacés.

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A ces notions générales succèdent deux articles : l'un, sur les voix variables; l'autre, sur les voix constantes. Le

premier est divisé en trois paragraphes, où sont exposées, avec beaucoup de méthode, les règles que l'on doit suivre pour les voix et les syllabes initiales des mots; les voix qui se rencontrent dans le corps des mots ; toutes les qualités des syllabes finales.

Ce que les autres grammairiens n'avaient appuyé jusqu'ici que sur les lois de l'usage, sans donner aucune règle certaine, le C. Morel l'appuie sur des principes généraux, qui ont pour base la composition et la décomposition des signes de la pensée. Secondé par d'Olivet, il montre le pouvoir de l'euphonie dans la manière dont il faut prononcer les voyelles, soit au milieu, soit à la fin de chaque mot. Le même ordre préside à toutes les parties de son travail. Il suffit de le lire pour retenir les principes qu'il a posés.

Dans son dernier article, il traite des voix constantes. Il appelle ainsi les voix ouvertes ou graves, et s'attache à rendre raison de cette gravité, en discutant la forme de l'accent qui l'indique. Chez lui, l'exemple est toujours à côté de la règle. Enfin, nous n'avons jamais lu de traité plus complet que le sien, sur l'accent prosodique des voyelles. Ce traité, où l'esprit de systême n'a aucune part, contient ce que la grammaire de Port-Royal, l'Académie, d'Olivet, Fromant et Bauzée, nous offrent de plus intéressant et de plus vrai sur la même matière.

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ESSAIS sur la nécessité et les moyens de faire entrer dans l'instruction publique l'enseignement de l'agriculture; par le C. FRANÇOIS (de Neufchâteau), imprimé à Parme, par Bodoni, 1801.

Ouvrage qui a pour titre Institution des enfans, ou Conseils d'un père à son fils, imités des vers que Muret a écrits en latin, pour l'usage de son neveu ; par le même,

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Grammaire latine, théorique et pratique, à l'usage de toutes

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les écoles de lillérature, seconde édition; par le C. BOINVIL LIERS, associé.

Manuel latin, ou Choix de compositions françaises et Recueil de fables et histoires latines, troisième édition; par le même. Phadri Fabule in quatuor libros ex æquo divisæ, etc., cui operi accessit mythologia gallica latinè convertenda; par le même. Apollineum opus in gratiam alumnorum à musis collectum et editum, cui accessit prosodia latina, etc. ; par le même. Apollinei operis carmina difficillima; par le même. Ouvrage intitulé: Etudes de Molière, ou Observations sur la vie, les mœurs, les ouvrages de cet auteur, et sur la manière de jouer ses pièces; par le C. CAILHAVA.

BOTANIQUE.

EXTRAIT d'un mémoire du C. MIRBEL, sur l'anatomie végétale, lu à la classe des sciences de l'Institut national, par le C. DESFONTAINES.

GREW et Malpighi sont les premiers qui aient traité de l'anatomie des plantes, et leurs ouvrages sont encore aujourd'hui ce que nous avons de plus complet en ce genre. Si les progrès de cette belle partie de la botanique n'ont pas été aussi rapides qu'on eût été en droit de l'espérer d'après les découvertes de ces deux hommes célèbres, il faut cependant avouer qu'elle a fait quelques pas vers sa perfection. On doit à Duhamel de belles observations sur les greffes, sur les bourlets, sur les couches ligneuses. Daubenton a publié des faits intéressans sur les prolongemens médullaires et sur la structure du bois. On a découvert les pores de l'épiderme; les bourgeons ont été beaucoup mieux observés par Ramatuel; Gœrtner a enrichi la science d'un grand nombre d'observations nouvelles sur l'organisation des fruits: enfin on verra par l'analyse du mémoire dont nous rendons compte, que l'auteur a aussi contribué à l'avancement de l'anatomie végétale.

Il pense avec raison qu'elle doit servir de base à la phy siologie des plantes, parce qu'il est impossible d'avoir use idée juste des fonctions organiques, sans une connaissance parfaite des organes qui les produisent; et comme les végétaux ont des rapports très-marqués dans leur structure, le C. Mirbel a cru devoir fixer d'abord son atten tion sur une seule espèce. Il a choisi le sureau de préférence, parce que son tissu plus lâche que celui de beaucoup d'autres végétaux lui a paru plus facile à observer. Après en avoir bien étudié l'organisation, il a porté comparativement ses recherches sur plusieurs autres plantes de familles différentes ; et pour donner encore à ses observations un nouveau degré de certitude et d'authenticité, il a prié le C. Massey, son ami, livré comme lui à l'étude de la botanique, de les vérifier et d'en faire même une critique sévère.

Son travail est partagé en neuf articles. Il traite: 1o Des organes qu'on distingue à l'œil; 2° Du tissu membraneux; 3o Du tissu cellulaire; 4° Du tissu tubulaire ; 5o Des lacunes; 6o Des glandes; 7o Des pores; 8° De l'épiderme ; 9o Enfin de la substance organisatrice que Duhamel a désignée sous le nom de Cambium.

Tous les végétaux, à l'exception des varecs et des champignons dont la substance est homogène, sont composés de parties molles et de parties dures, et leur tige est revêtue d'une écorce plus ou moins épaisse. Cette enveloppe a communément plus de mollesse que le tissu qu'elle entoure, et on peut l'en séparer facilement surtout dans le tems de la sève. Sous l'écorce se trouve le bois composé de fibres longitudinales étroitement unies. Dans les monocotylédons, il n'est souvent recouvert que de l'épiderme, et il est formé de filets distincts enveloppés par la moëlle qui en remplit tous les intervalles. Le bois des dicotylé dons, au contraire, est toujours recouvert d'une écorce, et ses fibres ne sont ni isolés ni entourés de moëlle. Cette substance est renfermée dans un canal placé au centre du cylindre, et lorsqu'on l'a scié perpendiculairement à l'axe,

on voit sur la coupe des tronçons un grand nombre de prolongemens disposés comme les rayons d'une roue, ou comme les lignes horaires d'un cadran. Ils sortent de la moëlle, et n'existent point dans les monocotylédons.

Après cet exposé succinct, l'auteur passe à l'examen des organes élémentaires qui forment les organes visibles à l'œil dont on vient de parler. Suivant lui, toutes les parties des plantes ne sont qu'un tissu membraneux diffé remment modifié, et les fibres même les plus compactes sont un assemblage de lanières longitudinales qu'on peut séparer à volonté.

Deux sortes d'organes bien distincts, savoir: le tissu cellulaire et le tissu tubulaire sont formés par le tissu membraneux. Le premier observé au microscope, offre une suite de petites cellules contigues, composées de membranes qui, en se dédoublant, laissent entre elles des vides égaux, lorsqu'elles n'éprouvent aucune pression, et qui, soit qu'on les coupe en travers ou dans leur longueur, présentent constamment des formes hexagones, assez semblables aux alvéoles des abeilles. Chaque pan est commun à deux cellules, et tout ce tissu est d'une régularité admirable; mais s'il vient à être comprimé par une force étrangère, alors les cellules se déforment et se changent en parallelogrammes plus ou moins alongés.

Les parois des cellules sont minces et diaphanes comme du verre. Leur tissu est si fin qu'on ne peut le distinguer même avec le secours des meilleurs microscopes; mais on y découvre communément une multitude de pores dont il est criblé. Le tissu cellulaire est spongieux, élastique et sans consistance; plongé dans l'eau pendant quelque tems, il s'altère, se détruit et se convertit en mucilage. Les pores dont on vient de parler, établissent une communication entre les cellules, et laissent passer les sucs dont le mouvement a nécessairement beaucoup de lenteur dans un pareil tissu.

Il est bon d'observer que les cellules ne sont transparentes et sans couleur que quand elles sont dégagées de

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