souvent sont en présence. Heureusement les troupes françaises empêchent le sang de couler; mais elles ne peuvent toujours sauver de la dévastation des pays où des bandes redoutables de paysans font la guerre aux châteaux, brûlent les archives ainsi que les titres nobiliaires. Cet état de choses ne peut durer: nous touchons sans doute à une grande catastrophe.

INTERIEUR.

Pour donner une idée exacte d'un grand nombre de dispo sitions de la plus haute importance qui ont été, en peu de jours, ou préparées ou exécutées, tant par le Gouvernement que par les premiers corps constitués, il suffirait d'insérer ici, dans leur ordre de dates, les messages, les discours, les arrètés, les projets de lois que nous avons vu se succéder depuis quelque tems avec une si grande rapidité; mais les bornes de cette feuille ne le permetteut pas. Au reste, toutes ces pièces officielles sont bien connues. Nous ne les donnerons donc que par extrait, excepté celles d'une importance majeure et qui doivent un jour servir de matériaux à l'histoire.

Après une mûre délibération, et sur le vœu que le Tribunat avait émis de voir décerner au pacificateur de l'Europe, un témoignage solennel de la récompense nationale, le Sénat-Conservateur avait, par un sénatus-consulte, réélu Napoléon Bonaparte, premier consul, pour dix autres années.

Le premier consul, dáns sa réponse au Sénat, consentait à se charger encore du poids des affaires publiques pour le tems indiqué par le sénatus-consulte; mais il voulait que le peuple fût consulté à ce sujet : « Vous jugez, disait-il au Sénat, que je dois au peuple un nouveau sacrifice; je le ferai si le vœu du peuple me commande ce que votre suffrage autorise. „

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Deux jours après, c'est-à-dire le 20 floréal, les deux autres consuls, le Conseil-d'Etat entendu, ont pris un arrête qui porte que le peuple français sera consulté sur cette question: Napoléon Bonaparte sera-t-il consul à vie? Nous inserons i textuellement cet acte comme pièce historique. (Voyez piece officielle).

L'arrêté des consuls a été porté au Tribunat, qui aussitôt a arrêté que, pendant la séance même, tous les membres iraient déposer leurs votes sur un registre ouvert, près de la salle d'assemblée.

Le Corps législatif a adopté, pour recueillir les votes, un mode semblable.

Chez les ministres, dans toutes les administrations, chez les notaires, etc., de pareils registres sont ouverts en ce moment, et déjà couverts de nombreuses signatures.

D'AUTRES actes du Gouvernement ont attiré l'attention publique; il faut ranger dans cette classe:

1o. Un projet de loi qui appelle sous les drapeaux 120 mille conscrits. Le principal motif de cette mesure, c'est qu'il faut remplir les vides que produisent dans les armées les congés que l'on délivre aux réquisitionnaires et conscrits qui ont fait les guerres de la révolution.

2o. Un projet de loi qui maintient l'esclavage dans les colonies restituées à la France par le traité d'Amiens, et rétablit la traite des noirs et leur importation; le tout conformément aux lois et réglemens antérieurs à 1789.

3o. Un projet de loi concernant la formation d'une légion d'honneur, composée d'un grand conseil d'administration et de quinze cohortes. Le premier consul sera chef de cette légion. Les militaires qui ont reçu des armes d'honneur en sont membres de droit. Pourront y être nommés les militaires qui ont ,, rendu des services majeurs à l'Etat dans la guerre de la liberté; les citoyens qui, par leur savoir, leurs talens, leurs ,, vertus, ont contribué à affermir ou défendre les principes de la République, ou à faire aimer et respecter la justice " ou l'administration publique. 11

4o. Un projet de loi portant amnistie en faveur des déserteurs des troupes de terre et de mer, à des conditions qu'il faut voir dans le projet même.

5o. Un projet de loi relatif au rétablissement de la marque, pour les crimes de faux et d'incendie.

6o. Un projet de loi qui laisse au Gouvernement la faculté de hausser ou diminuer provisoirement les droits de douanes.

7o. Un projet de loi sur le tabac. La principale disposition interdit l'importation, par la voie de terre ; des tabacs en feuilles venant de l'étranger. Il y aura une taxe de quatre décimes par kilogramme sur toute espèce de tabac fabriqué.

Nous sommes obligés de renvoyer à un autre numéro l'extrait de plusieurs autres projets de lois non moins importantes.

LES Consuls de la République, sur les rapports des ministres, le conseil-d'état entendu ;

Vu l'acte du sénat-conservateur, du 18 de ce mois;

Le message du premier Consul au sénat-conservateur, en daté du lendemain 19;

Considérant que la résolution du premier Consul est un hommage éclatant rendu à la souveraineté du Peuple; que le Peuple, consulté sur ses plus chers intérêts, ne doit eonnaitre d'autres límites que ses intérêts mêmes, arrêtent ee qui suit:

Art. 1. Le Peuple français sera consulté sur cette question: Napoléon Bonaparte sera-t-il consul à vie?

II. Il sera ouvert dans chaque commune des registres, où les citoyens seront invités à consigner leur vœu sur cette question.

III. Ces registres seront ouverts au secrétariat de toutes les administrations, aux greffes de tous les tribunaux, cheż tous les maires et tous les notaires.

IV. Le délai pour voter dans chaque département, sera de trois semaines, à compter du jour où cet arrêté sera parvenu à la préfec; ture, et de sept jours, à compter de celui où l'expédition sera par venue à chaque eommune.

V. Les ministres sont chargés de l'exécution du présent arrêté, lequel sera inséré au Bulletin des lois.

Le second consul, signé, CAMBACÈRÈS,

NOTA.

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Nous sommes obligés de renvoyer à un autre numéro la loi relative à la nouvelle organisation de l'instruction publiqus, On s'occupe en ce moment des moyens d'exécution.

De l'Imprimerie de la V PANCKOUCKE, rue de Grenelle, N° 321, F. G

LA DÉCADE

PHILOSOPHIQUE, LITTÉRAIRE

ET POLITIQUE.

AN X de la République Française. 3me TRIMESTRE. 10 prairial.

A. VI S.

L'AUGMENTATION considérable survenue successivement et surtout depuis dix-huit mois, dans le prix de la main-d'œuvre et du papier, oblige les Rédacteurs-Propriétaires de la Décade philosophique, d'élever un peu le prix de l'abonnement à leur Journal. Mais ils se proposent de rétablir les anciens prix aussitôt que les circonstances le leur permettront.

A dater du trimestre prochain, le prix de l'abonnement sera payé ainsi qu'il suit :

t

ON regevra les mandats sur Paris, pour les abonnemens faits directement au bureau de la Décade philosophique.

HISTOIRE

NATURELLE.

HISTOIRE NATURELLE DES FOURMIS, et Recueil de Mémoires et d'Observations sur les Abeilles, les Araignées, Les Faucheurs et autres insectes; par P. A. LATREILLE, Associé de l'Institut, et des Sociétés Philomathique, d'Histoire naturelle de Paris, des Sciences et Belles-Lettres de Bordeaux, et Linnéenne de Londres. Avec figures. An X. 3me, Trimestre.

Bb

De l'imprimerie de Crapelet. A Paris, chez Théophile Barrois père, libraire, rue Hautefeuille, no 22.

Et is Reipublicæ ratio, memoria, cura.

Plin. Hist. Nat., Lib. II, Cap. 30.

Il n'y a rien de petit dans l'étude de l'histoire naturelle: nous y rencontrons partout des objets dignes d'attirer et de fixer nos regards. Les propriétés de la matière dans les diverses circonstances où le mouvement éternel place ses élémens, et les combinaisons nouvelles que ces circonstances produisent, n'ont pu manquer d'exciter dans tous les tems l'admiration des esprits observateurs. AniLaux, végétaux, matières inorganiques et minérales, tout mérite en quelque sorte également notre attention. - Dans cette étude, nous marchons incessamment au milieu des merveilles, c'est-à-dire, au milieu de phénomènes remarquables, qui manifestent dans les corps des propriétés, et qui sont assujettis à des lois dont la cause ou la raison échappe à nos recherches, et semble même le plus souvent nous avoir été dérobée pour toujours.

Les phénomènes de la matière sensible, l'organisation des animaux, le jeu de la vie, les mœurs ou les habitudes propres à chaque espèce, sont incontestablement ce que l'univers offre de plus curieux, ce qui nous donne la plus noble idée des forces actives de la nature, enfin ce qui nous touche de plus près et dont la connaissance est le plus directement applicable soit à l'étude de nous-mêmes, soit aux usages de la vie, à la satisfaction de nos besoins.

C'est particulièrement sous ce dernier rapport que l'étude des substances inorganiques nous intéresse; mais celle des corps organisés, et surtout celle des êtres sensibles et vivans, mériterait encore toute notre attention, quand même nos découvertes ne nous promettraient alors aucun résultat d'utilité directe: elle mériterait de nous occuper à cause du jour qu'elle peut répandre sur la natare humaine ou sur les lois de notre propre existence; et les tableaux qu'elle fait passer sous nos yeux sont si