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Voilà

ce que

l'on dit. Et que dis-je autre chose?

QUAND des ennuis vous formant un doriége,
Vous endormez votre petit collége

En alignant des phrases au cordeau,
Vous en avez reçu le privilége,

Et c'est, sans doute, un triomphe assez beau.
Mais quand, voulant sortir de votre sphère,
Vous prétendez qu'un public indulgent,
Doit supporter votre œuvre somnifère;
Vous l'avouerez; c'est par trop exigeant.
Car, dites-moi: N'est-il pas ridicule
Qu'un peuple entier, qui vous traite en ami,
Soit, si souvent, par vos vers endormi!

Vous l'accablez sans égard, sans scrupule,"
Et sans jamais l'ennuyer à demi.

Ah!

reprenez votre noble férule! -
Fixez le sort du point, de la virgule,
Que la Syntaxe, asservie à vos lois,
Sur vos leçons répande la lumière;
Mais par pitié, pour la ville aux abois,
Ne rimez plus! car votre savoir faire
Est assommant. Auteur original,
Chez les Cotins vous n'avez point d'égal.
Qu'un écrivain orateur, ou poëte,
De la Nature éloquent interprète,
Par ses accords inspirés des Neuf Sœurs
Vienne exciter ou nos ris, ou nos pleurs ;
Le cœur s'embrâse au feu de son génie,
Et de son luth le son harmonieux
Des passions le rend victorieux;
Il règne enfin sur notre ame ravie.
Mais l'on se rit d'un petit Savantas
Qui, dévoilant sa tête de Midas,
Prend pour Pégase un banc de son école
Et sur son dos plaisamment caracole.
Eh! mon ami, qui vous force à rimer !
Vos aigres tons ont-ils rien de sublime?
De la fureur qui vient vous consumer,
Faut-il, hélas! que l'on soit la victime?
Montez, montez votre fringant coursier.
Soyez pédant si c'est votre métier;

Mais, croyez-moi, n'employez pas vos veilles
Au triste soin de blesser nos oreilles.

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Ton front où la pudeur repose,
Et le bleu tendre de tes yeux;
J'aime ta voix douce et sonore,

Ton pied mignon et ton teint frais
Comme la fleur qui vient d'éclore;
Mais, crois-moi, j'aime mieux encore
Ta belle ame que tes attraits.
HELAS! le plus léger nuage,

Du jour fait pâlir la clarté :
Le frêle éclat de la beauté
S'enfuit comme une ombre volage,
Et ne laisse après son passage,
Que le regret d'avoir été.
Si l'amour ne le vivifie,

Le plus joli visage est mort:

C'est le marbre informe qui dort,
Et le ciseau lui doit la vie.

DEUX mots forment l'art de charmer,
L'amour les dicte à la nature:

Belle, dit-il, pour enflamer,

> L'ame en sait plus que la figure;
» Le secret de plaire est d'aimer. »

DEGUERLE.

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Facile à deviner.

Vous connaissez l'oiseau qu'on nomme pie,
Comme lui je suis habillard,

J'ai le ton tranchant, gogueward,
Le radotage est ma manie.

A certain nom fameux ina colère s'allume,
Contre lui je suis déclaré,

C'est ce qui fait que l'on m'a comparé
Au serpent mordant une enclume.

A l'auteur mort comme à l'auteur vivant,
Spadassin du vieux goût, je sais lâcher ma botte;
Je traite les écrits plus mal que Don-Quichotte
Ne traitait les moulins à vent.

Je suis facile à reconnaitre,
Elève d'un héros, l'Atila d'Hélicon,

Je porte à l'instar de mon maître
La casaque d'Aliboron.

MAIS SOUS un voile énigmatique,
Aujourd'hui, cher lecteur, voulant me déguiser,
Je me masque, pour t'amuser',
En figure logogryphique,

Et je vais me décomposer.

ON connaît un métal qui souvent des plus sages
A corrompu le cœur et faussé la raison,

Si son éclat n'est point dans mes ouvrages,
Son nom du moins se trouve dans mon nom.

Vous y trouvez encore un mot qui rime à boire,
Un vilain mot dont la chose est, dit-on,

Fatale à plus d'un feuilleton

Echappé de mon écritoire.

MAIS en revanche, Dieu merci,

Mes huit membres offrent aussi

La vertu que j'affecte et dont on n'est point dupe,
Un grand titre, un titre assorti
Au rang suprême que j'occupe
Parmi les sots de mon parti.

Ce n'est pas tout, de mon nom immortel Sort le nom d'un oiseau dont l'aile me procure Un instrument par le secours duquel

J'ai fait à la raison plus d'une égratignure.

MON nom fournit encore un terme de mépris
Que maint insolent ose dire,
Quand il a lu ce que j'écris.

MAIS de ce même nom je tire
Celui d'une arme qui déchire

Et me rend redoutable au timide écrivain,
D'une arme qui fait sous ma main
Des blessures qui me font rire.

Ne la craignez pas, mes amis

Qui secondez mes débats littéraires,
Je la réserve aux téméraires
Qui ne sont pas de mon avis.

SPECTACLES.

Théâtre-Français de la République, rue de la Loi. Le Roi et le Laboureur, tragédie en cinq actes.

LA bizarrerie du titre avait jeté d'avance quelque défaveur sur cet ouvrage. Les uns s'obstinaient à se rappeler que c'était le titre d'un ancien opéra-comique, les autres n'y voyaient que celui d'un apologue: cependant les hommes éclairés, les vrais littérateurs, tout en blâmant aussi le choix du titre, se disaient que le sujet d'Abdolonyme, celui du Paysan magistrat, de Calderon, avaient pu fournir à l'auteur l'idée assez dramatique de mettre la simplicité des mœurs pures de la chaumière en opposition avec l'éclat du pouvoir et la corruption des trônes, et qu'une fable bien conçue et conduite avec adresse pouvait produire quelqu'effet théâtral. Mais dès le second acte, il est devenu absolument impossible d'entendre et de suivre la marche de l'action. Quelques inconvenances de style, quelques invraisemblances ont ouvert sur le champ carrière aux murmures et aux sifflets, qui sans doute en attendaient l'occasion avec impatience; ils se sont exclusivement emparés de la pièce, et avec une frénésie tellement démesurée, qu'il serait au moins téméraire de juger jusqu'à quel point le sort de la tragédie était juste ou injuste. Il a fallu nous borner à réitérer nos doléances sur l'indécente légèreté des juges actuels qui, une fois dechainés, ne connaissent plus de frein, ne tolèrent plus rien, siffient sans ménagement, et ne permettent pas même le desir d'écouter.

On a cru démêler à travers le tumulte quelques situations qui méritaient au moins l'attention; des aperçus de scènes tragiques, des mouvemens d'éloquence qui annonçaient un écrivain exercé. Mais il est aujourd'hui prouvé que les auteurs vivans ne doivent plus espérer d'indulgence, et qu'à cet égard le but de nos détracteurs hebdomadaires est entièrement rempli. A force de répéter au public que nous ne sommes plus en état de faire un ouvrage même supportable, on l'accoutume à ne venir au spectacle qu'avec un préjugé defavo

rable;

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