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La coalition B supérieure en nombre aurait les 6 voix que nous lui avons vu attribuer par divers modes de représentation proportionnelle. Cela ne suffit pas pour constituer au système cumulatif une supériorité.

Il a d'autres mérites que les œuvres de Godin, notamment la République du Travail, le Gouvernement et plusieurs articles antérieurement publiés dans cette Revue, ont mis en évidence. Nous avons limité notre tâche à l'examen d'un cas expressément imaginé pour amener la condamnation du système. Si nous avons insisté sur cette démonstration, c'est qu'il nous a paru qu'il serait excessif de juger l'emploi qu'on peut faire du vote cumulatif sur un exemple aussi rare, quoi qu'en dise son inventeur, que peu probant.

J. P.

FAITS POLITIQUES ET SOCIAUX

FRANCE

La lutte contre l'alcoolisme.

Le premier Congrès national contre l'alcoolisme s'est ouvert le 26 octobre dans le grand amphithéâtre de la Faculté de médecine, sous la présidence de M. Casimir Périer. L'ancien président de la République était entouré de MM. Cheysson, membre de l'Institut, président de la commission d'organisation du Congrès; Debove, doyen de la Faculté de médecine; docteur Brouardel; Mesureur, directeur de l'Assistance publique; Bérenger, sénateur; Aynard, député; de Mmes Legrain, Duclaux, etc...

M. Cheysson a exposé la raison d'être du Congrès.

Dans les congrès internationaux qui ont eu lieu précédemment, on s'est occupé seulement des questions de doctrine; il était donc nécessaire d'étudier dans un congrès national les questions d'organisation qui doivent, d'ailleurs, tenir compte de la législation du pays. Les congressistes devront chercher la meilleure méthode de grouper les bonnes volontés, de coordonner les initiatives écloses un peu au hasard sur tous les points du territoire et qui semblent, en général, s'ignorer l'une l'autre, agissent sans plan concerté et ne se prêtent aucun appui moral ». Suivant l'expression de M. Cheysson, la lutte antialcoolique doit passer « de l'action dispersée à l'action organisée. »

M. Barbey, secrétaire général de l'Union française antialcoolique a expliqué le rôle joué dans ces dernières années par la Ligue nationale contre l'alcoolisme, la Croix bleue, l'Union française antialcoolique,, l'Association de la jeunesse tempérante, l'Etoile universitaire, la Croix blanche, etc.

« Nous combattons l'alcoolisme de Dunkerque à Vintimille », a déclaré M. Casimir Périer dans une allocution très applaudie; « mais que le Nord se rassure, nous sommes bien loin de méconnaitre que l'alcool est une richesse nationale; nous souhaitons que la production s'en développe et que l'utilisation s'en généralise; l'alcool est un merveilleux agent de lumière et de force: ce que nous demandons, c'est qu'on en remplisse les lampes, les réservoirs des automobiles, les foyers des chaudières et qu'on ne le verse pas dans les estomacs.

« Que le Midi se rassure, nous sommes bien loin de méconnaître que le vin est une richesse nationale; nous ne le dénonçons pas comme un poison; ce que nous demandons, c'est que celui qui le produit ou qui le vend ne le frelate pas, c'est que celui qui le consomme en use avec modération, et qu'à boire trop souvent à la santé de nos amis, nous ne détruisions pas et la nôtre et la leur. »

L'orateur engage ensuite les Sociétés antialcooliques à se fédérer. Elles sont assez nombreuses, assez sûres d'elles-mêmes pour cela.

La multiplicité des Sociétés qui combattent l'alcoolisme établit entre elles une salutaire émulation, elle accroît les ressources consacrées à la lutte, elle favorise la diversité des moyens d'action qui ne doivent pas être les mêmes dans des régions et dans des milieux différents; mais elles peuvent, en se concertant, mieux utiliser leurs ressources et les accroître, mieux coordonner leurs efforts et les rendre plus féconds.

Dans sa deuxième séance, tenue sous la présidence de M. Cheysson, président effectif, le Congrès a entendu d'abord un rapport du docteur Folet, professeur à la Faculté de médecine de l'Université de Lille, sur la Réclame antialcoolique.

Ce rapport a donné lieu à une longue discussion, qui a abouti au vote d'un vou demandant:

<<< 10 Que les sociétés antialcooliques organisent une publicité intensive par l'affiche, l'almanach, la chan

son, les projections lumineuses, les cartes postales, etc.; << 20 Que les patrons organisent cette publicité dans leurs établissements:

<3° Que les administrations publiques et privées réservent une partie des surfaces murales dont elles disposent à la réclame antialcoolique et qu'en aucun cas elles ne consacrent ces surfaces à la réclame alcoolique;

<< 40 Que les administrations publiques favorisent cette publicité en inscrivant sur les feuilles qui les mettent en contact avec le public (livrets de famille et de caisses d'épargne, etc.) quelques maximes brèves et lapidaires sur les dangers de l'alcoolisme. »

Le Congrès a étudié ensuite le rôle du clergé des différents cultes dans la lutte antialcoolique.

L'abbé Toiton a fait un exposé des efforts faits par le clergé catholique pour combattre l'intempérance, et le pasteur Broux, secrétaire général du comité national de la Croix bleue, a démontré que le clergé protestant avait été l'instigateur de nombreux mouvements locaux.

Au cours de la discussion qui a suivi la lecture des rapports, un pasteur a proposé à ses « frères du clergé catholique de s'unir aux protestants pour « combattre le cabaret qui est le plus grand ennemi de l'Eglise » et pour guérir l'intempérance « avec l'aide de Dieu ».

Aux applaudissements frénétiques de toute la salle, l'abbé Lemire, député, est venu serrer chaleureusement les mains du pasteur qui venait de faire cette proposition.

Le Congrès a adopté à l'unanimité un vou demandant: «Que les clergés des diverses confessions religieuses mettent leur grande autorité morale au service de la lutte contre l'alcoolisme; qu'ils créent dans leurs œuvres des sections antialcooliques et qu'ils favorisent dans les établissements d'instruction primaire et secondaire dépendant d'eux la diffusion de l'enseignement antialcoolique.

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Dans sa troisième séance le Congrès a adopté, après la lecture d'un rapport du docteur Bourrillon, ancien député, sur l'action des pouvoirs publics, des vœux demandant:

<< 1° Que la loi limite le nombre des débits de boisson; qu'elle interdise l'annexion d'un débit accessoire à un établissement commercial et aux débits de tabac;

« 2° Qu'elle ne reconnaisse pas les dettes pour la vente au détail et la consommation des boissons distillées;

« 3° Qu'elle rende les débitants, dans l'établissement desquels un buveur se serait enivré, civilement responsables, s'il y a lieu, des crimes et des délits commis par ce buveur;

<< 4° Que le privilège des bouilleurs de cru soit supprimé;

<< 5° Que l'Etat favorise l'emploi industriel de l'alcool, notamment par la diminution des droits sur l'alcool dénaturé ;

« 6o Que la chancellerie recommande aux parquets de requérir la déchéance de la puissance paternelle dès que des cas d'ivrognerie habituelle auront été signalés par les agents de la Sûreté publique ou les représentants des sociétés antialcooliques;

<< 7° Qu'il soit créé en vertu de la loi sur les aliénés soumise aux délibérations du Parlement, un certain nombre d'asiles spéciaux pour alcooliques;

<< 80 Que l'article 2 de la loi du 23 janvier 1873 sur l'ivresse publique soit modifié de manière à permettre aux tribunaux de prescrire l'isolement dans ces asiles, pour une durée à déterminer, des inculpés visés par Ie susdit article ;

«9° Que des subventions soient accordées sur un crédit spécial aux sociétés antialcooliques. >>

Substituant l'ordre logique à l'ordre chronologique, afin de présenter un ensemble des mesures proposées à l'action des pouvoirs publics, nous plaçons ici le vœu adopté le lendemain matin, sur le rapport de M. Dupré de la Tour, et réclamant :

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