Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

» du pouvoir. Puisse la France trouver l'indé» pendance, l'ordre et la paix ! tels sont les voeux » que je forme en ce moment: puissent les ex»cès de toute espèce être enfin à leur terme! »

Les violences de tous les partis sont sentblables quand une fois les passions sont en effervescence; les sentimens nobles peuvent être exagérés à un degré où ils n'en sont que plus dangereux. Je ne me plains ni ne m'étonne d'être banni de la France par ceux que j'avais aidés à revenir dans cette même France. Je connais la méchanceté du cœur humain, et je suis accoutumé aux caprices de la fortune. Dans la situation où je suis, il est toujours consolant de penser qu'il n'est au pouvoir d'aucun homme de changer la nature des choses....... La fausseté ne peut jamais devenir la vérité.

Mes espérances politiques sont terminées. Toute mon ambition est satisfaite, puisque j'ai obtenu parmi les Français une estime qui accompagnera partout mon nom et ma personne. La justice et la voix des siècles décideront si dans les événemens qui ont amené tant de calamités sur mon pays, il y a eu, ou non, des torts de tous les côtés, et quel parti fut le plus coupable. Je suis, etc.

XXIV. - AVEUX ET CONFIDences d'un

POLITIQUE,

4 monsieur J. de N., ministre de France au

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Une personne qui a eu l'honneur de vous voir à Vienne, m'a rendu compte de la manière obligeante dont vous lui avez parlé de moi j'en suis extrêmement touché.

[ocr errors]

Cette personne m'a assuré que vous étiez dans la persuasion que j'avais ici de l'influence dans les affaires publiques. Je dois vous parler avec confiance: depuis que j'ai pris congé de vous à Paris, je me suis retiré avec mes enfans dans ma terre, où je m'occupe de leur éducation. Ne croyez pas cependant que j'oublie dans ma retraite les intérêts de la France et de l'Europe; ils me seront toujours chers, et ils sont inséparables dans ma pensée comme dans mes affections. Ma plus profonde conviction c'est que dans tous les temps, mais aujourd'hui surtout, et à l'avenir, toutes les nations de l'Europe à quelque distance les unes des autres

qu'elles soient placées, doivent être ensemble éclairées ou ignorantes: en paix ou en guerre, dans les malheurs ou dans les prospérités, elles s'aideront ou se nuiront plus que jamais. L'Angleterre elle-même sera soumise à cette loi; pour conserver ses prospérités elle a besoin de les répandre au loin.

Dans cette circonstance, où les plus grands intérêts vont être agités au congrès qui va s'ouvrir à Vienne, je ne puis refuser de m'en entretenir avec vous. Vous connaissez la franchise de mon caractère et mon amour pour la vérité, je ne vous dissimulerai rien. Je vous parlerai d'abord de la France; je suis Français. Je parlerai ensuite de l'empire Germanique : et parler de cet empire ce sera parler de tous. Il est bien vrai et bien convenu que les Césars de Vienne n'ont rien de commun avec les Césars de l'ancienne Rome; mais il est trèsvrai aussi que non-seulement depuis CharlesQuint, mais depuis Charlemagne, c'est dans votre empire et par vos Césars que les destinées politiques de l'Europe ont toujours été soumises à des lois moins versatiles et moins arbitraires que celles que la force seule impose aux peuples. Le congrès de Vienne rappelle le traité de Westphalie qui a fait tant de bien à plus de vingt nations; et on en attend davantage de

celui de Vienne. Ici ce sont les souverains euxmêmes qui se sont rassemblés. Ils n'auront aucune excuse aux yeux des nations, s'ils ne leur assurent pas la paix et le bonheur.

• Elles ont été pour long-temps de grandes révolutions, celles qui ont fait passer la France de l'antique monarchie à la république, de la république à l'empire de Bonaparte, et de cet empire à la royauté constitutionnelle des Bourbons. Dans tous ces mouvemens, il n'y en a eu qu'un auquel la nation toute entière ait pris une véritable part; celui qui en 1789 tendit à donner au Roi et au peuple une constitution destinée à légitimer, à consacrer et à perpétuer l'autorité de l'un et la liberté de l'autre. Voilà uniquement où l'on tendait; on a été entraîné à tout le reste. Nous avons été comme précipités à cette conquête d'une grande partie de l'Europe, que nous expions assez.

Il y a quelques mois, et sur le bord même d'un abîme plus profond que tous les autres, la France a cru toucher au terme de tous les torts et de tous les malheurs. Ce rayon d'espé: rance a brillé et s'est éteint. Nous ne voyons plus d'abîmes autour de nous; mais nous entendons le bruit sourd des passions qui les creu

sent.

Que sont ces menaces et ces présages ? d'où

naissent-ils ? Il faut bien le savoir pour les écarter.

Il est très-certain que depuis le 30 et le 31 mars dernier, le retour des Bourbons en France et sur le trône a paru à tous les Français de tous les partis le moyen le plus prompt et le plus sûr de mettre fin à toutes les révolutions et à toutes les guerres; et cette fin, après tant de fatigues et de maux, a semblé à tous non pas un bonheur, mais un repos trop nécessaire être refusé, assez doux même pour pour être désiré. Mais est-ce dans l'obéissance à des maîtres, ou dans une liberté soumise à des lois et à des rois, qu'on a entendu se reposer? Vous étiez à cette époque à Paris, je m'en rapporte à votre témoignage.

[ocr errors]

La France n'a plus un sentiment exagéré de son indépendance, elle sait aujourd'hui qu'il ne peut y avoir de liberté, de paix, de prospérité, que là où règne l'esprit d'ordre, de règle et de subordination; mais elle n'est pas dans la même situation où se trouvent quelques Etats de l'Europe. Ils ont des usages et des mœurs qui sout des appuis contre les invasions du pouvoir, et en France tout est détruit, il n'y a plus qu'une constitution qui puisse être notre égide.

Vous m'objectez peut-être que la France a

« PreviousContinue »