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deux hémisphères, des deux montagnes du Soleil, de celle du levant et de celle du couchant. Aujourd'hui les Coptes l'appellent Siou-tooue, l'étoile du matin, ou, selon d'autres, Sourot, sans doute Siou-roout, l'astre joyeux.

Cet astre måle est le Phosphoros et l'Hespéros des Grecs, le Vesper et le Lucifer des Latins, le Soucra ou le Brillant des Hindous.

La prophétie d'Esaïe, où Babylone, qui tombe de sa céleste puissance dans les enfers, est comparée à l'astre du Matin, prouve que l'Asie occidentale faisait aussi de cette planète un astre mâle et y voyait un symbole de la chute des princes rebelles tant dans les cieux que sur la terre. Et, en effet, le dieu des deux hémisphères appartenait à la fois au soir et au matin, aux ténèbres et à la lumière, au mal et au bien.

Cette double et contradictoire nature se manifeste en plein dans Ousanas du Rig-Véda, et dans Tchi-yeou des Chinois 1.

Nous ajoutons qu'au Mexique Sitlal choloha, ou Vénus, était l'objet de mille contes fabuleux, qui ne nous ont pas été transmis 2.

MERCURE. La planète qui se cache d'ordinaire à nos yeux dans les rayons du soleil levant et du soleil couchant, et qui est, comme Vénus, à la fois un astre du soir et du matin, a été affectée au dieu-Verbe qui se tient, serviteur fidèle, toujours près de Dieu, et qui a enseigné aux hommes, entre autres sciences, l'astronomie à Mercure, à Hermès, à Nébo, à Bouddha, à Wodan, à Odin. Les Arabes nomment cette planète Dobbar, Debar ou la Parole. Enfin, chez les Chinois, elle s'appelle Chin

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1 Voyez plus haut, page 306.

Humboldt, Vues, t. II, p. 303.

sing, ou la planète des heures, des jours, des années, des temps, la planète de l'astronomie. Les Hébreux la désignent simplement par le terme de Cochab, l'étoile par excellence.

Cet astre est bienfaisant en Inde; équivoque chez les Chaldéens qui le plaçaient entre les deux planètes bénignes et les deux planètes malignes; mâle et femelle pour les astrologues; bienfaisant et malfaisant dans l'antique Égypte, où il nous paraît jouer le rôle de l'Ousanas hindou. Sous le nom d'Her-hekem, terme dont M. Lepsius ignore le sens, il correspond parmi les jours épagomènes à Seth-Typhon, et est représenté dans les anciens monuments sous la figure d'un homme à deux têtes, dont l'une est celle de Seth, et l'autre celle de son ennemi mortel, Horus Apollon.

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MARS a une lumière rouge qui lui a valu ses noms de Pyroeus, l'Enflammé, en Grèce; de Ba-chun, le Sanglant, en Arabie; de Mahadim, le Rouge, chez les Juifs. Cette circonstance suffit-elle pour expliquer l'accord des nations à consacrer cet astre au dieu de la guerre? Il l'était à Mars en Italie; à Arès, le dieu de la guerre et de l'Aréopage; à Thuisto, le dieu des tribunaux, et à Tyr, le dieu de la guerre, chez les peuples germaniques ; à Mangalas, en Inde. La statue de son dieu, d'après le Dabistan, avait à la main une épée sanglante et une verge de fer, et les condamnés à mort étaient exécutés devant lui. Cette planète s'appelait aussi chez les Juifs l'astre Ocmol, qui est l'anagramme du sanguinaire Moloc. Chez certains peuples de l'Arabie, elle se nommait Gebar, le Vaillant, ou Colman, le Guerrier.

En Égypte, on ne retrouve pas, semble-t-il, le caractère violent et belliqueux qu'on attribuait généralement à cette planète. Elle répondait au jour épagomène de la

naissance d'Hercule=Aroueris. Son nom d'Ertosi, suivant des écrivains grecs, a trait à l'origine de tout être et de toute matière et à la force qui y établit l'ordre. Sur les monuments ce nom se lit Her-tosch, qui nous paraît signifier Horus l'ordonnateur. Mais le dieu qui règle le monde, doit, comme Hercule, faire une rude guerre au mal, et la divinité des batailles était, avant l'homme, occupée à lutter contre les éléments. Her-tosch correspondrait à Aziz d'Edesse, au dieu fort des combats, qui gouverne le monde.

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JUPITER a été, chez la plupart des nations, la planète du plus grand et du meilleur des dieux de Jupiter; de Zeus; de Perkun (sous le surnom de Kralomoc); de Bélus ; d'Ormuzd; d'Osiris, qui est le taureau de l'Amenthès, et dont l'astre se nomme dans les anciens monuments Her-ka, Horus-taureau; de Thor, le dieu tonnant des Scandinaves, dont la couronne est entourée des sept planètes.

L'astre de Jupiter était la Grande Fortune (GAD) des Chaldéens. Esaïe parle de lui sous le nom de Gad. La ville phénicienne de Baal-Gad lui était certainement consacrée. D'après le Dabistan, le peuple Primitif l'aurait figuré avec une tête de vautour ou d'épervier qui est le symbole du Démiurge, et tenant dans sa main la coupe des eaux primordiales.

En Inde, cette même planète a reçu le nom de Vrihaspati qui, dans les Védas, est Agni, le dieu-médiateur, le dieu bienfaisant par excellence, et qui est devenu plus tard le grand précepteur (gourou) des dieux.

Les Perses appellent Jupiter Taschter, l'astre de la pluie, parce que la pluie est pour leur terre le plus grand des bienfaits qu'ils attendent du dieu suprême.

Pour les Hébreux, cet astre est Tsédek, le Juste.

SATURNE est la plus malfaisante des planètes. Elle est consacrée à Saturne et Cronus qui a dévoré ses enfants lors du Déluge, au cruel et vieux Sater des Scandinaves, au Chioun ou Kéwan de l'Asie occidentale, qui est un Moloc, à Réphan, qui est sans doute le Sev=Saturne de quelque peuple de la Basse-Égypte.

En Égypte, cet astre correspondait au jour épagomène de la déesse Nephthys; ce qui semble ne pas se concilier avec la nature mâle et redoutable qu'on attribue partout à ce dieu. Mais Nephthys porte sur sa tête une oie, qui est le symbole de Sev, et les Égyptiens voyaient dans son astre celui de Némésis, de la vengeance divine, c'est-àdire du jugement de Sev=Elohim sur l'humanité dilu

vienne.

Le souvenir du Déluge se retrouve dans le corbeau, oiseau sinistre qui accompagne le tardif Sanis, le dieu hindou de la plus lente des planètes, qui répand le malheur sur la terre. D'après le Dabistan, Saturne régnait sur les Éthiopiens, c'est-à-dire sur les Antédiluviens; sa tête était celle d'un singe, et le singe symbolise les peuples sauvages postérieurs au cataclysme. S'il tient dans sa droite un crible ou tamis1, et si la moitié inférieure de son corps est celle d'un sanglier, c'est que le sanglier et le tamis sont deux symboles du Déluge.

Les Perses seuls, pour qui toutes les planètes, vigilantes sentinelles des cieux, étaient des créations d'Ormuzd, ont fait de Saturne un astre bienfaisant. Satévis préside avec Taschter à la pluie, et le secourt dans sa lutte contre Épéoscho, le démon de la sécheresse.

1 D'après Görrès; une sphère d'après Guigniaut.

V. LA VOIE LACTÉE.

Nous réservons pour le livre de l'astronomie primitive tout ce qui a trait aux constellations. Mais nous devons rappeler ici que la Voie Lactée est ce collier célèbre qu'avait fabriqué Vulcain=Phtha ou le démiurge, et que portaient les déesses de la nature, Astarté-Aphrodite à Amathonte, Doto, c'est-à-dire la Loi de l'univers, à Gabéla, Harmonie, qui est une simple forme de Doto-Astarté, à Thèbes, Freya Vénus chez les Scandinaves. Le collier qu'Harmonie avait reçu de Cadmus, à qui l'avait donné Europe Astarté, avait, d'après Nonnus, la forme d'un serpent dont la tête et la queue étaient ornées d'un épervier et le corps de sept pierres précieuses. Ces pierres sont une allusion aux sept planètes, aux sept cieux qu'enveloppe la Voie Lactée. L'épervier est l'oiseau divin qui a façonné le monde. Le serpent est le même qui dans d'autres mythes, égyptiens et hindous, soutient et entoure l'univers.

Mais pour d'autres peuples la Voie Lactée a été la route qui conduit, après la mort, les âmes bienheureuses dans les demeures célestes.

Elle l'est, aujourd'hui encore, dans quelques provinces de France, pour le peuple des campagnes, qui la nomme « le chemin de saint Jacques, par où il faut aller vivant ou mort. »

Elle l'était dans l'Antiquité pour les partisans de certaines doctrines mystiques sur la descente des âmes vers la terre et leur retour au ciel.

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