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ment par devoir, car il voyait bien que ce ministère n'était qu'un provisoire incapable de résister à ces divisions intérieures et aux coups capricieux du tiers parti qui voulait les affaires et n'osait les prendre (').

Le choix le plus significatif dans ce remaniement de cabinet était celui de M. Persil, nommé garde-dessceaux; comme procureur général ou député il avait montré une opiniâtreté si ardente dans la poursuite et des doctrines si répressives, que ce choix dut un peu effrayer l'opinion. Mais en ce moment il y avait besoin de contenir les esprits par la présence d'un garde-des-sceaux, qui à l'imitation de M. de Peyronnet en 1821 poursuivrait les sociétés politiques à outrance. Il y avait plus qu'on ne croit de ressemblance entre M. Persil et M. de Peyronnet, et ceci est un grand éloge du premier, car le ministre de la Restauration l'emportait de beaucoup pour l'ampleur de ses idées et une étude approfondie et plus large des principes d'organisation sociale. Il y avait de l'homme d'État dans M. de Peyronnet; M. Persil parlait avec

cher premier président, de con-
sacrer ces souvenirs en vous of-
frant mon portrait et en vous
priant de le recevoir comme gage
de tous les sentimens que je vous
porte et que je conserverai tou-
jours.

« Votre affectionné,
«Signé LOUIS-PHILIPPE.>>

(1) Ordonnances du roi du 4 avril

4834.

<< M. Barthe, notre garde-dessceaux, ministre secrétaire d'État au département de la justice, est nommé premier président de la

cour des comptes, en remplacement de M. le marquis de BarbéMarbois, démissionnaire. » (M. Barthe, par une autre ordonnance, était aussi élevé à la dignité de pair de France.)

« Le comte d'Argout, pair de France, ministre de l'intérieur est nommé gouverneur de la Banque de France, en remplacement de M. le duc de Gaëte.

« Le général comte Sébastiani est nommé notre ambassadeur près le roi des Deux-Siciles.

M. Persil, membre de la Chambre des députés, procureur géné–

étroitesse, exaltant les principes d'insurrection de Juillet quand il frappait les hommes de Juillet. M. de Peyronnet royaliste poursuivait les rebelles; M, Persil révolutionnaire frappait les révolutionnaires, et cette position était fausse. Mais M. Persil était très rapproché du tiers parti; ami fort intime de M. Dupin, il pouvait servir de pivot à la combinaison rêvée par M. Thiers, c'est-à-dire à un rapprochement avec cette fraction qui avait soutenu le gouvernement et qui maintenant désirait l'absorber, afin de diriger elle-même les affaires publiques dans le sens de la révolution par les idées et de la répression violente les actes.

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par

Roussin, notre ambassadeur près la Sublime Porte, est nommé ministre de la marine et des colonies.

ral près la cour royale de Paris, gères. M. le vice-amiral baron est nommé garde-des-sceaux. M. Thiers, membre de la Chambre des députés, ministre du commerce et des travaux publics, est nommé ministre de l'intérieur. M. Duchâtel, député, est nommé ministre du commerce. M. le vice-amiral, comte de Rigny, député, ministre de la marine, est nommé ministre des affaires étran

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«< M. Martin (du Nord), député, avocat général près la cour de cassation, est nommé procureur général près la cour royale de Paris en remplacement de M. Persil.>>

CHAPITRE IX.

RÉSISTANCE DES SOCIÉTÉS POLITIQUES; INSURRECTION DE LYON; TROUBLES D'AVRIL.

(NOVEMBRE 1833 A MAI 1834.)

Organisation armée des sociétés politiques. — Protestation contre la loi. — Comités pour la liberté de la presse. - La liberté individuelle. Le libre enseignement. Véritable esprit de la conjuration. - Franc-maçonnerie. Charbonnerie. Signes. Police. Armemens.

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But et doctrine des

associations. Lyon. - Point central. Les mutuellistes. -Les ferrandiniers. Action de la société des Droits de l'homme.

-

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Causes de l'insurrection. Le tribunal. Attitude de la troupe. général Aymar. Le préfet M. de Gasparin. journées de Lyon. Simultanéité de résistance.

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Le

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Étienne. Marseille. - Châlons. - Clermont-Ferrand. - Paris.

tion.- de la société des Droits de l'homme.-Bruits qui circulent.

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SaintInsurrec

La presse.

Mouvement insurrectionnel. - Nouvelles barricades. - Esprit de la troupe. Attaque dans les rues. - Désastre de la rue Transnonain. L'insurrection comprimée. -- Conséquences politiques. Projet de loi pour le désarmement. — Résolution de porter à la Cour des pairs l'instruction et le procès des sociétés politiques.

C'était la menace à la bouche, l'orgueil sur le front, les armes à la main, que les associations politiques avaient assisté aux débats sur la loi répressive dirigée contre elles. Lorsque cette loi fut promulguée, de toutes parts vinrent des protestations, des ordres de désobéissance reposant sur ce principe : « que le droit de se réunir étant imprescriptible, nul pouvoir humain ne

pouvait légitimement le détruire. » MM. de Ludre, Cabet, Voyer d'Argenson, Audry de Puyraveau avaient préparé et annoncé cette résistance à la tribune; elle fut unanime parmi les associations; toutes déclarérent que prêtes à livrer bataille, elles acceptaient le défi d'un combat corps à corps ('). Une telle situation était intolérable pour le pouvoir établi; nul gouvernement ne pouvait se condamner à subir les menaces dirigées contre la loi du pays.

Ici se présente une question quelles étaient les forces considérables de ces sociétés politiques qui se jetaient entre le pouvoir et l'exécution de la loi? Elles avaient donc en elles quelque chose de surexcité, d'étrange, une organisation assez puissante pour s'affranchir de l'obéissance due aux pouvoirs légitimes! J'ai déjà indiqué quelques-uns des élémens qui composaient ces sociétés; elles jouent désormais un si grand rôle dans les événemens qu'il me paraît indispensable d'y revenir. L'histoire d'abord a besoin de rappeler un réquisitoire alors traité d'œuvre inique et mensongère ou de recueil de visions fantastiques,

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j'entends parler du remarquable travail de M. de Marchangy, en 1821, dirigé contre le carbonarisme. C'est à l'aide de ce rapport seulement qu'on peut se faire de justes idées sur l'organisation des associations politiques en 1834. Ce sont les mêmes élémens, les mêmes divisions de force, et presque les mêmes subterfuges pour arriver à un but de désorganisation sociale. Nouvelle épreuve imposée aux hommes de parti devenus depuis des hommes politiques; Dieu voulait qu'ils eussent à se défendre contre les mêmes dangers, les mêmes situations, les mêmes menaces qu'ils avaient suscités contre la Restauration, gouvernement si puissamment réparateur !

Comme toujours ces associations se donnaient publiquement des formules de légalité; trois comités étaient organisés ostensiblement et on y trouvait les noms de MM. de Lafayette, de Ludre, de Cormenin, Audry de Puyraveau, avec un but au reste que tout le monde pouvait avouer, la liberté de la presse, l'indépendance individuelle et l'instruction du peuple. Seulement la pensée de ces comités était d'infiltrer la démocratie jusque dans la dernière fibre des masses

berté, en plaçant au-dessus des droits sacrés de l'humanité la tyrannie la plus odieuse et la plus détestable; considérant qu'elle condamne l'homme de la misère et du travail à vivre craintif et solitaire auprès de la famille sans pain; considérant enfin qu'elle a pour but de satisfaire aux exigences oppressives de la Sainte-Alliance, en nous dépouillant de la souveraineté au profit de quelques privilégiés corrompus, dont la devise a toujours

.

été: diviser pour régner, isoler pour détruire, arrête ce qui suit: La société des Droits de l'homme et du citoyen de Marseille, s'engage sur l'honneur à désobéir et résister à la loi, pour n'obéir qu'à sa conscience. >>

(Suivent 450 signatures.)

Tous les comités de la société des Droits de l'homme dans les départemens firent des protestations semblables contre la loi sur les associations.

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