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Textes établissant que les Empereurs francs et, plus tard, les Empereurs allemands, avaient succédé à tous les droits des Empereurs romains et grecs, et que l'Église continua à être dans l'État.

S 1er.

Pépin et Charles, patrices de Rome.

Par un reste de respect sans doute pour le droit des Empereurs grecs, Pépin et Charlemagne, en échange de leurs secours et de leurs donations (754-774), ne reçoivent tout d'abord que la qualité de patrices de Rome, dignité qui n'impliquait pas la négation absolue de la souveraineté de l'Empereur de Constantinople.

La valeur pratique du patriciat n'est pas bien définie. Voici ce qu'en dit de Marca, De Concordia, I, c. XII, no 4: « Patricii nomen duo quædam complectebatur, et jurisdictionem qua Reges in urbe ex con<< sensu Pontificis et populi romani potiebantur, et protectionem seu defensionem quam romanæ Ecclesiæ polliciti erant. »

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Muratori, Giannone et Sigonius semblent y voir une sorte de suzeraineté; car, en parlant de la donation de Charles (774), ils disent qu'elle fut faite jure principatus et ditione sibi retenta. Ce qui est certain c'est que, au lendemain même de la donation (774), le Pape Adrien, écrivant à l'évêque de Vienne, date ainsi sa lettre «< Datum Kalend. Jan. imperante piissimo.... Rege Carolo, anno primo patriciatus ejus. » (Epist. Adrian. ad Berther. Vienn. episc., dans Labbe, VIII, 554.)

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Gratiani Decretum, pars I, dist. 63, cap. xxIII: « Bea

⚫ tus Hadrianus domino Carolo patriciatus dignitatem « ac ordinationem apostolicæ Sedis concessit: insuper et « investituras episcopatuum. » —Cf. Sigebert. Gemblacensis chron. ad ann. 773.

Après la mort d'Adrien, Léon III, élu en 795, envoie des présents à Charlemagne, les clefs de Rome, et l'étendard de la ville. Il demande que l'un de ses grands vienne recevoir le serment des Romains; et Charlemagne envoie, à cet effet, à Rome, avec une lettre pour le Pape, l'abbé de Saint-Richer, Angelbert.

Annal. Lauriss., ad ann. 796 - « Leo mox, ut « in locum ejus successit, misit legatos cum muneribus . ad Regem, claves etiam Confessionis Sancti Petri, et a vexillum romanæ urbis eidem direxit.

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Annal. Einhardi, eodem anno. - « Rogavit (Papa) • ut aliquem de suis optimatibus Romam mitteret, qui « populum romanum ad suam fidem atque subjectionem per sacramenta firmaret.

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Epist. ad Leonem Papam, ap. Alc. Ed. Frob. II, pars II, app. p. 559. -(( Angilberto omnia injunximus, quæ vel nobis voluntaria, vel vobis necessaria esse « videbantur, ut ex collatione mutua conferatis, quidquid ad exaltationem S. Dei Ecclesiæ, vel ad stabi<< litatem honoris vestri, vel patriciatus nostri firmi« tatem necessarium intelligeritis.... Vestrum est «S. P., elevatis ad Deum cum Moyse manibus, nostram adjuvare militiam. »

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Après avoir couronné Charlemagne, le Pape lui rend hommage, en la forme usitée, en Orient, pour les Empereurs grecs, et que caractérise si énergiquement le mot adoration. Einhardi Annales, ad annum 801.

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Ipse autem (Carolus) cum die sacratissima Natalis Do« mini ad missarum solemnia basilicam B. Petri apostoli « fuisset ingressus, et coram altari ubi ad orationem se «< inclinaverat assisteret, Leo Papa coronam capiti ejus

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imposuit, cuncto Romanorum populo acclamante, « Carolo Augusto a Deo coronato (ce n'est donc pas « du Pape, mais de Dieu, que l'Empereur recevuit la « couronne) magno, et pacifico Imperatori Romanorum « vita et victoria. Post quas laudes, a Pontifice, more « antiquorum principum, ADORATUS EST; ac deinde « omisso Patricii nomine (jusque-là, Charles n'avait « eu que le titre de Patrice) Imperator et Augustus « salutatus.

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Et, de fait, avant de quitter Rome, Charlemagne régla souverainement non-seulement les affaires de l'État, mais aussi celles de l'Église.—Annales Francorum, apud dom Bouquet, tome V, p. 53 ad ann. 800 : «dinatis deinde romanæ urbis, et apostolici, totiusque « Italiæ, non tantum publicis, sed etiam ecclesiasticis « et privatis rebus.... Roma profectus est. » L'Eglise continue donc à être dans l'Etat, comme sous les Empereurs grecs.

En 817, Pascal Ier, le même qui s'excusa d'avoir été élu sans l'assentiment impérial, reconnaît à l'Empereur Lothaire, sur Rome, la puissance dont ses prédécesseurs avaient joui. Einh., ann. 817: « Excusatoriam

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Imperatori misit epistolam, in qua sibi non solum no<< lenti, sed renitenti pontificatus honorem velut impac<< tum asseverat. »> Fragm. Long. hist.; Muratori, script. I, pars II, p. 184:-« Paschalis quoque potesta« tem, quam prisci Imperatores habuerant, ei (à l'Em« pereur Lothaire) super populum romanum concessit.

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A leur tour, les Empereurs allemands succèdent aux droits des Empereurs francs, comme ceux-ci aux droits des Empereurs grecs.

Luitprand, Hist. VI, vi : « Cives sanctum Imperato«< rem cum suis omnibus in urbe suscipiunt, fidelitatemque promittunt: hæc addentes et firmiter jurantes, « nunquam se Papam electuros aut ordinaturos præter

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« consensum atque electionem domini Imperatoris Ottonis.» (Anno 963.)

Constitutio Papæ Leonis VIII, apud Gratianum, pars I, dist. 63, c. xxiii: « Idcirco ad exemplum

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B. Hadriani domino Carolo suisque successoribus.... « Nos Leo.... cum cuncto similiter clero et universo « populo romano,... constituimus, confirmamus et cor« roboramus, et per nostram apostolicam auctoritatem ⚫ concedimus ac largimur domino Ottoni primo Au⚫ gusto, Teutonicorum Regi providentissimo,... ejusque « successoribus hujus regni Italiæ in perpetuum, tam sibi facultatem eligendi successorem quum summæ Sedis Apostolicæ Pontificem ordinandi (ainsi à l'Empe« reur le droit d'ordonner le Pape, c'est-à-dire de confirmer son élection) ac per hoc archiepiscopos, seu epi« scopos, ut ipsi tantum ab eo (l'Empereur) investituram accipiant et consecrationem ubicumque pertinuerit, exceptis his quos Imperator Pontifici et archiepiscopis « concessit. » (Ainsi c'est de l'Empereur que, pour certains bénéfices, le Pape et les archevêques tiennent le droit d'investiture)........ Quod si a cuncto clero et « universo populo quis eligatur episcopus, nisi a dicto Rege laudetur et investiatur, non consecretur. »

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Cette pièce était tellement contraire aux prétentions qu'éleva plus tard la Cour de Rome, que Baronius a essayé d'en nier l'authenticité, quoiqu'il s'y réfère dans un autre passage; mais Goldast (Rationale Constit. Imperat., p. 29 et suiv.); Walch, Dissert. de Ottone Magno, p. 46, et Lebret, Hist. d'Italie, tome I, 486, ont établi l'authenticité de la pièce.

Otto Frising., lib. VI, c. xxiv. « Hic est Otto qui imperium Romanorum virtute sua ad Francos orien« tales reduxit.

1. Pendant les neuvième et dixième siècles, les chroniques désignent l'Allemagne et les Allemands sous les noms de Francia orientalis et Franci orientales.

Guntherus in Ligurino. — « Quemcumque sibi Ger<«<mania Regem præficit, hunc dives submisso vertice « Roma suscipit. »

L'impératrice Théophanie, mère et tutrice d'Otton III, mineur, séjourne à Rome et y agit avec une puissance souveraine.

Annales Hildesh. ann. 989. « Theophania Imperatrix << mater Regis Romam perrexit ibique Natale Domini ce«<lebravit et omnem regionem Regi subdidit. - On trouve aussi dans le Reg. Farf. n. 436: « Theophanius << gratia divina Imperator Augustus. »

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Otton III avait à Rome un palais, sur lequel nous avons les détails suivants. Martinus Polonus: Tunc Imperator incoepit construere grande palatium «< in urbe, in palatio Juliani Imperatoris. » — Gesta Ep. Camerac. I, c. 114: « In antiquo palatio, quod est in « monte Aventino, versabatur. Tangmar, Vita Bernwardi. c. xix. << Otto festinans a Palatio fere duo << miliaria ad S. Petrum. » C'est en effet la distance de l'Aventin à Saint-Pierre.

Il y eut pour cette résidence un comte du palais, il s'appelait Gérard et il était en même temps comte de la garde d'Otton III. — Reg. Farf. n. 470: « Gerardo gratia Dei inclito comite, atque imperialis militiæ magistro. »

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A Rome, comme dans le reste de l'Italie, les juges connus sous le nom de Tribuni ou Dativi, portaient, au onzième siècle, le titre de Dei gratia sacri imperii Judices. Pour les instituer, le Primicerius les présentait à l'Empereur, qui leur faisait jürer de rendre bonne justice. Après quoi, il les revêtait d'un manteau, leur remettait un code en leur disant : « Juge d'après ce livre Rome et la cité léonine et le monde; puis il leur donnait un baiser. << Et det ei in manum librum codicum et dicat: secundum hunc librum judica Romam et Leo

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