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dicium; — 2o cleri assensus; 3° popularis favor; et il ajoute, deux ans à peine après la constitution:

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Sicque suspendenda est causa usque dum regiæ celsitudinis consulatur auctoritas. » (Sanct. Petri Damiani lib. I, epist. 20, ad Cadalaum, anno 1061.)

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Lorsque, après la mort d'Alexandre, le peuple romain et le clergé réunis à Saint-Pierre s'écrient : C'est l'archidiacre Hildebrand que saint Pierre choisit pour lui succéder; et que, malgré sa résistance plus ou moins sincère, on revêtit de la pourpre et de la tiare celui qui, de fait, avait gouverné l'Église sous le pontificat précédent, quelques évêques allemands, ayant conseillé au Roi Henri d'annuler cette élection, comme faite sans sa participation, le Roi envoya à Rome Éberard comte de Nellenbourg, avec ordre de demander aux seigneurs romains pourquoi ils s'étaient permis, contre la coutume,

prévaut jusques à empêcher qu'on ne puisse faire dans Rome une élection pure et gratuite, les cardinaux évêques, avec le reste du clergé; et les laïques catholiques, quoiqu'en petit nombre, auront droit d'élire le Pape dans le lieu qu'ils jugeront le plus convenable. Que si, après l'élection, la guerre, ou quelque autre obstacle venant de la malice des hommes, empêche que l'élu ne soit intronisé dans le Saint-Siége, suivant la coutume, il ne laissera pas, comme vrai Pape, d'avoir l'autorité de gouverner l'Église romaine, et de disposer de tous ses biens, comme nous savons que saint Grégoire l'a fait avant sa consécration.

« Si quelqu'un est élu, ordonné ou intronisé au mépris de ce décret, qu'il soit anathématisé et déposé avec tous ses complices comme antechrist, usurpateur et destructeur de la chrétienté, et que toute audience lui soit déniée sur ce point. »>

On ajoute quantité de malédictions contre les infracteurs de ce décret, qui fut souscrit par le Pape, par Boniface, évêque d'Albane, Humbert de Sainte-Rufine, Pierre d'Ostie, qui est Pierre Damien, et d'autres évêques, au nombre de soixante-seize, avec les prêtres et les diacres.

On fait ici passer (ajoute l'abbé Fleury) pour un privilége personnel le droit de l'Empereur pour approuver l'élection du Pape, quoique, dans la suite de cette histoire, nous ayons vu ce droit établi depuis plusieurs siècles. Il semble que la Cour de Rome voulait se prévaloir de la minorité du Roi Henri.

d'élire un Pape sans l'approbation du Roi, et de déposer le Pontife élu, si son élection paraissait irrégulière. Grégoire VII reçut très-bien l'envoyé et, après l'avoir entendu, il lui dit :

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« Je n'ai jamais recherché cet honneur suprême, Dieu m'en est témoin. Les Romains m'ont élu et m'ont imposé avec violence le fardeau du gouvernement de l'Église; mais ils n'ont pu me déterminer à me laisser ordonner, jusqu'à ce que je fusse assuré, par une députation, que le Roi et les seigneurs de l'Empire teutonique consentissent à mon élection. Je résisterai en<«< core à leurs instances jusqu'à ce qu'un ambassadeur << du Roi vienne m'assurer de sa volonté.

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Le Roi, satisfait de cette réponse, donna des ordres pour le sacre d'Hildebrand, qui eut lieu le jour de la Purification de l'année suivante. (Voigt, Hist. de Grégoire VII, d'après Lamb., anno 1073.)

Ainsi, bien qu'il méditàt sans doute déjà de soustraire l'élection des Papes au contrôle de l'autorité laïque, le droit des Empereurs était cependant fondé sur un usage si constant, que Grégoire VII lui-même est obligé de le reconnaître. La querelle des investitures fut le moyen naturel de proclamer les principes nouveaux qui nonseulement devaient faire sortir l'Eglise de l'Etat, mais tenter de mettre l'Etat dans l'Eglise.

XIV

Quelques détails sur la Papauté au Xe siècle.

Ce que, dans mon Discours, j'ai appelé, pour cause de brièveté, la Papauté du dixième siècle, comprend envi

ron les cent cinquante ans1 qui s'écoulent du pontificat de Formose (891), où le désordre commence, à celui des quatre Papes allemands, Clément II, Damase II, Léon IX, Victor II (1046-1057), que Henri III, le second des Empereurs franconiens, place sur le Siége de saint Pierre pour mettre un terme à des scandales qui n'avaient que trop duré.

Le commencement de cette triste époque correspond précisément au moment où les indignes descendants de Charlemagne, tout occupés à se disputer les débris du grand Empire, laissent tomber dans le mépris la puissance impériale. Profitant de cette éclipse du pouvoir suprême, Jean VIII avait beaucoup augmenté son autorité; fatal succès, car la Papauté n'échappe à la puissance protectrice des Empereurs, que pour tomber sous l'action désordonnée des factions qui se divisaient Rome et l'Italie.

Étienne VI fait déterrer, juger et pendre le cadavre de Formose, son prédécesseur. Des trois Papes qui se succèdent de 904 à 911, Christophe chasse et fait mourir en prison Léon V, dont il était le chapelain ; il est à son tour expulsé par Sergius III.

C'est en effet un étrange spectacle que celui que présentaient, à cette époque, l'Italie et Rome féodales! Partout s'élèvent les donjons des barons et les murailles des petites républiques; toute cime de l'Apennin porte un château fort; toute colline de Rome une forteresse; les temples, les palais, les cirques et jusqu'aux arcs de triomphe de Rome païenne deviennent autant de citadelles, d'où quelque famille, plus ou moins puissante,

1. C'est aussi la supputation de Fleury, qui, dans son Quatrième discours, no 1, s'exprime ainsi : « Après que l'Église romaine eut « gémi, cent cinquante ans, sous plusieurs indignes Papes qui profa« nèrent le Saint-Siége, Dieu, jetant un regard favorable sur cette « première Église, lui donna Léon IX, que sa vertu a fait mettre « au rang des saints. »

étend sa tyrannie sur quelque quartier de la ville éternelle.

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La Papauté, devenue riche, excite la convoitise de ces barons; ils se la disputent par l'intrigue, souvent par la violence. De ces factions la plus puissante fut assurément celle des comtes de Tusculum, ducs de Spolète et de Toscane, d'où sortirent les trois femmes trop fameuses dont j'ai parlé dans mon Discours, Théodora la mère et ses deux filles Théodora et Marozie qui, pendant si longtemps, disposèrent en souveraines de Rome et de la Papauté.

Le premier Pape, élu sous cette honteuse influence, fut Sergius III, protégé de Théodora la mère. Voici ce qu'en dit l'historien Luitprand, évêque de Crémone, qui, sous le rapport du goût, laisse beaucoup à désirer, mais dont la véracité n'a pas été sérieusement mise en doute, Hist., II, c. xIII: « Theodora scortum impudens (quod dictum etiam fœdissimum est) Romanæ civitatis non «< inviriliter monarchiam, obtinebat. » Voici ce qu'il dit des deux filles : « Quæ diras habuit natas, Maroziam atque Theodoram, sibi non solum coæquales, « verum etiam veneris exortivo promptiores.

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Je ne reproduirai pas, même en latin, les déplorables détails dans lesquels entre Luitprand, sur l'origine et l'histoire de Jean X, élevé à la Papauté par l'influence de Théodora la fille, et qui, après tout, malgré cette origine, gouverna plus sagement que la plupart des autres Papes de ce siècle; je passe pareillement tout ce qui concerne Jean XI, que Marozie éleva à la Papauté, après avoir renversé Jean X, qu'elle fit jeter dans une prison où il mourut1.

Albéric, que Marozie avait eu de son premier mari, Albert, duc de Toscane, devint patrice et sénateur de

1. Baronius a essayé de contester l'authenticité de quelques-uns des passages que je n'ai pas voulu reproduire; mais ils ont été défendus dans une savante dissertation de Martini, p. 54 et suiv.

Rome de 936 à 954. Après avoir renferme au château Saint-Ange le Pape Jean XI, sa mère Marozie et son troisième époux, Hugues, Roi d'Italie, il hérita de la toutepuissance dont sa mère avait joui, disposant en maître de la chaire de Saint-Pierre.

A sa mort, son fils Octavien, alors âgé de dix-huit ans, peu satisfait des titres de patrice et de sénateur, voulut réunir en sa personne les deux puissances temporelle et spirituelle: il se proclama Pape sous le nom de Jean XII1. Les crimes abominables de ce digne petit-fils de Marozie sont attestés par Luitprand et par une lettre que lui adressa l'Empereur Othon le Grand, lettre rapportée dans Fleury.

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Et en effet, Othon, devenu Empereur en 962, ayant été averti des désordres de Jean XII, y donna d'abord peu d'attention : « Le Pape, disait-il, est un enfant; les exemples des gens de bien le pourront corriger; de sages remontrances le retireront du précipice où il se ⚫ jette. » Jean reçut fort mal ces conseils, et s'étant révolté contre l'Empereur, Othon revient en Italie, entre à Rome, et après avoir reçu des Romains le serment de ne consacrer aucun Pape que l'Empereur n'eût point approuvé, il adressa à Jean XII, qui s'était enfui à Capoue, une lettre que Fleury rapporte en ces termes, livre LVI, no 6.

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Étant venu à Rome

pour

le service de Dieu, comme ⚫ nous demandions aux évêques et aux cardinaux la cause de votre absence, ils ont avancé, contre vous, des choses si honteuses qu'elles seraient indignes de gens de théâtre. Tous, tant clercs que laïques, vous ont accusé d'homicide, de parjure, de sacrilégé, d'inceste avec vos « parentes et deux sœurs, d'avoir bu du vin pour l'amour du diable et d'avoir invoqué dans le jeu Jupiter, Vénus « et les autres démons. Nous vous prions donc instam

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1. C'est le premier Pape qui ait changé de nom en prenant la tiare; usage qui fut suivi par ses successeurs. (Fleury, livre LV, no 50.)

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