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prévention doit être de mon avis, s'il s'attache aux choses plus qu'aux mots.

XIX

Texte, à titre d'exemples, de quelques chartes intervenues entre les Papes et les villes de l'État ecclésiastique.

Ces chartes sont nombreuses, plus ou moins libérales, selon les circonstances: elles assuraient, en général, aux habitants des libertés municipales très-étendues, qui souvent approchaient de la souveraineté, ainsi que je l'ai dit dans le Discours, page 59.

Nous en offrons ici quelques spécimens qui ne présentent pas d'ailleurs un assez vif intérêt, pour qu'il soit

nécessaire d'en donner la traduction.

No 1.

....

1188. Traité entre Clément III
et les Romains.

On a vu ci-dessus (APPENDICE XVI) que, par la paix de Venise l'Empereur avait cédé au Pape les droits régaliens (1177). Pour régulariser cette situation vis-à-vis du peuple romain, intervint, entre eux et Clément III, le traité dont nous donnons un extrait et par lequel les Romains accordent à ce Pape le droit de nommer le sénateur et de battre monnaie, sous la réserve d'un tiers au profit du peuple.

Muratori. Antiquitates ital., III, 785.« Ad præ« sens reddimus vobis senatum et urbem ac monetam. Tamen de moneta habebimus tertiam partem. Red

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dimus omnia regalia tam intra quam extra urbem quæ

«<< tenemus. »

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N° 2. 28 mai 1191.

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Charte conclue entre le Pape Célestin III et le Sénat romain. (Murator., Antiquit. ital. medii ævi; Dissert. XLV, t. IV, 35.)

<< In nomine Domini, Nos senatores almæ urbis, de<«<creto amplissimi ordinis sacri Senatus constituimus, « et firmiter stabilimus, et per præsentem senatoriæ dignitatis paginam ad posterorum memoriam reducimus, << quatenus romanæ Ecclesiæ, et domino Papæ nullate«nus præjudicet neque noceat per tempora, quod domi« nus Papa Cœlestinus de mera sua liberalitate et gratia « ad præsens largitur senatoribus, qui suut supra nu«< merum quinquaginta sex senatorum. Qui numerus in << fine prædecessorum ejusdem Cœlestini Summi Ponti"ficis diffinitus continetur et legitur. Quam finem cum suis tenoribus modis omnibus ratam et firmam habe«< mus et haberi in posterum decernimus. Statuentes, ut quod dominus Papa jam dictus de sua sola gratia, « sicut præscriptum est, fecit, non trahatur aliquando in « exemplum ab aliquo, sed solummodo præfatus quinquaginta et sex senatorum numerus, qui in fine inter «Ecclesiam, et urbem facta continetur, beneficia et presbyteria consueta a romana Curia integre consequatur. << Actum anno XLVII Senatus 1. (Suivent les signatures.)

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Muratori, en rapportant cette pièce, fait remarquer qu'à la même époque beaucoup d'autres villes du centre de l'Italie proclamèrent également leur liberté et se constituèrent en véritables républiques, presque indépendantes, sous la suzeraineté du Pape.

1. Remarquez cette manière de dater le diplôme l'an XLVII du Sénat; d'après la coutume du temps de dater du règne du Souverain, c'était même, dans la forme, affecter la souveraineté.

No 3.

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.... 1349..

- Ambassade envoyée par les Romains à Clément VI à Avignon.

Dans la troisième Vie de Clément VI, donnée par Muratori (Scrip. rer. ital., III, pars II, colon. 569 et suiv.), on trouve quelques détails curieux sur les rapports des Papes avec les Romains. Les ambassadeurs demandaient trois choses: 1° Que Pierre Roger, comme tel, non comme Pape, voulût bien reconnaître le Sénat et la magistrature de la ville; 2° qu'il lui plùt de visiter (visiter seulement!) la cité romaine et l'église de Latran, depuis si longtemps veuve de son époux; 3° enfin de fixer les jubilés par cinquante ans et non plus seulement par siécle. Cette troisième demande était probablement la vraie cause de l'ambassade; car les jubilés étaient pour les Romains une source de grande richesse, par la multitude de pèlerins qui se pressaient alors dans la ville. Ces profits que, sous diverses formes, leur procurait la Papauté furent la principale cause qui ramena si souvent les Romains vers les Papes, surtout aux époques des jubilés. Voici au surplus le texte de Muratori:

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Muratori, Script. rer. ital. III, pars II, col. 569: .... Sed romanus populus eos solemniores destinavit, videlicet decem et octo cives eorum: sex videlicet de quolibet statu urbis, majori, medio et minori; per quos, licet illis plura commiserint, de tribus tamen principaliter supplicarunt. 1o Videlicet quod Senatum, capitanatum, cæteraque urbis officia, quæ sibi tunc • ad ejus dumtaxat vitam, tamquam domino Petro Rogerii, non ut Clementi VI, Summo Pontifici, per eo« rum procuratores et syndicum præsentabant, acceptare benigniter dignaretur. -2° Autem quod sibi placeret, civitatem romanam et sacrosanctam Lateranen« sem ecclesiam, quæ mater ecclesiarum omnium urbis et orbis existit, ac prima et propria sedes ejus, tam longe

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· (proh pudor) sessore privatam, seu quæ tamdiu sponsi

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sui visione caruerat, visitare. 3o Vero quum propter << statum fragilem humanæ creaturæ, raro quis valeat ad « annum suæ vitæ pervenire centesimum annum, quem dominus Bonifacius VIII Papa visitantibus peregre prædictam civitatem et beatorum Petri et Pauli apostolorum ecclesias, per certum dierum numerum pec<«< catorum omnium statuit remissionem, commutare, sive ad annum quinquagesimum misericorditer redu«< cere dignaretur.

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Le Pape accorda la troisième demande, ajourna ou refusa la seconde, et accepta la première, sous réserve de ses droits.

Ce caractère viager et personnel de l'autorité que les Romains reconnaissaient aux Papes, non en tant que Papes, mais en considération de leur personne, résulte d'ailleurs assez clairement aussi de plusieurs brefs de Clément VI lui-même.

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Dans un bref daté d'Avignon, la sixième année de son pontificat, et adressé tant à l'évêque d'Orvietto, son vicaire in spiritualibus, qu'à Colas Rienzi, on trouve cette phrase: Vosque adtendentes prudenter, quod olim in promotionis nostræ ad apicem summi apostolatus primordiis prædictus populus senatoriæ, capitaneatus, syndicatus et alia præfatæ urbis officia prout pertinebant ad eos, nobis, ad vitam nostram, « sua propria voluntate libera et spontanea concesse<< runt, sub nomine et honore Nostri et Ecclesiæ roma« næ, hujus modi rectoria officium suscepistis ac illud « exercuistis et exercetis continue diligenter. »

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Du reste, si on voit Clément VI exercer à Rome des actes dépendants de la puissance spirituelle, on ne le voit guère y faire aucun acte d'autorité temporelle. C'est en effet comme Pontife, non comme prince, qu'il fixe l'époque du jubilé et qu'il envoie, à Rome, un vicaire pour présider à cette solennité. (Muratori, loc. cit., 552 et 557.)

Quand il tient dans ses mains, à Avignon, Rienzi, le tribun de Rome, s'il le jette en prison, c'est comme hérétique et non comme usurpateur de la puissance pontificale, et cela est si vrai que lorsque Rienzi s'est purgé de l'accusation d'hérésie, le Pape le renvoie à Rome (Ibid.).

L'auteur de la troisième Vie de Clément VI constate que vers 1442 le Pape ne jouissait d'aucune autorité dans le centre de l'Italie.

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Muratori, Script. rer. ital. III, pars II", page 579. Hujus tempore fere omnes civitates, terræ, et castra patrimonii Sancti Petri, Marchia Anconitanæ, et Romandiola se rebellaverunt Sedi Apostolicæ, et ipsius in illis partibus rectoribus et officialibus; et " omnes devenerunt in manibus tyrannorum: videlicet, patrimonium in manibus de Vico, Præfecti urbis; Marchia in manibus dominorum de Malatesta et Galeotti de Armino, Nolfii et Galassii, et ejus fratrum, nepotum comitis Guidi de Montefeltro; domini Alogiti de Fabriano nepotis Burgarutii de Mathelica; Sinudarii de Sancto Severino, nepotis domini Gentilis de Varano, nepotis Michaelis de Monte Milano, nepotis domini Pagani de Cingulo, Nicolai de Boscareto, filiorum D. Raymundi de Esio, et quamplurium aliorum tyrannorum. Romandiola « vero in manibus prædictorum de Malatestis, Francisci Sinibaldi capitanei Fori Livii, domini Johannis de Manfredis de Faventia, et Bernardini de Polenta. Quas provincias prædicti tyranni cum eorum sequacibus occupatas tenuerunt per tempora, ipso Papa vivente. >>

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-....

No 4. 1362. Traité entre les Romains et le cardinal Albornoz, où il est stipulé que celui-ci pourra entrer dans Rome, mais sans y exercer aucun acte de juridiction. (Muratori, Annal., ad ann. 1362.)

Muratori n'en donne que le sommaire, et je n'ai pu en découvrir le texte complet.

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