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dant être instruit des intérêts de sa patrie, et puisqu'il doit choisir ceux qui sont chargés de contracter et de s'engager pour elle, il ne sauroit lui être indifférent d'ignorer ses relations avec ses voisins leur situation, leur politique, leurs projets, et ce qu'ils pourroient faire pour troubler notre repos, ou attaquer notre liberté.

Persuadés enfin que les lumières naissent des lumières, et que l'esprit s'éclaire en proportion de ce qu'il est éclairé, nous vous présenterons, habitans des campagnes, toutes les découvertes utiles qui pourront rendre votre sort meilleur, enrichir vos retraites, faciliter vos travaux, et vous instruire des arts et des métiers qui peuvent vous ouvrir de nouvelles sources d'abondance. Vous êtes tout pour nous. Ceux qui s'occupent du bonheur des agriculteurs, travaillent utilement pour la patrie, car les campagnes sont la fécondité de l'Etat, et c'est le cultivateur éclairé qui féconde les campagnes. Rccevez donc les lumières ; qu'elles se répandent dans yotre esprit comme la joie se répand dans le cœur : et n'oubliez jamais, que si la liberté se conquiert par la force, elle se conserve par l'instruction,

Situation actuelle de la France.

Examinons en commençant dans quelle situation est aujourd'hui la France; et mettons nos lecteurs à portée d'en juger par les principaux faits arrivés depuis le jour de la grande confédération nationale; epoque remarquable dans le cours de la révolution Françoise.

Expliquons d'abord quelques mots qui reviendront souvent, tels que révolution, constitution, assemblée nationale, décrets, et enfin le mot roi.

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La révolution est le changement heureux qui s'est fait dans la manière dont la France étoit gouvernée.

La constitution est une suite de loix qui ont réglé, pour l'avenir, cette nouvelle forme de gouvernement.

L'assemblée nationale est l'assemblée des hommes que la nation, c'est-à-dire, les citoyens de toutes les parties de la France ont choisis et envoyés, en leur donnant le pouvoir de les représenter et d'établir ces mêmes loix et cette même constitution.

Les décrets sont les choses décidées, résolues, après délibération, par la majorité, c'est-à-dire, le plus grand nombre des membres de l'assemblée

nationale.

Le roi est le chef de la nation, qui a reçu d'elle le pouvoir de faire exécuter les loix décrétées par l'assemblée, après qu'il les a sanctionnées, c'est-àdire, reconnues et approuvées.

Disons aussi ce que c'étoit que la confédération. L'assemblée nationale avoit décidé, que les gardes nationales, ainsi que l'armée, connue sous le nom de troupes de ligne, enfin, que tous les citoyens qui portent les armes, enverroient à Paris leurs députés, pour promettre, par serment, en leur nom, le même jour, à la même. heure, de défendre là

constitution.

Cette cérémonie eut lieu dans le Champ de-Mars sous les yeux d'un peuple immense, le 14 juillet, epoque célèbre par le souvenir de la Pastille, prise le même jour, dans la précédente année. Jamais aucun peuple ne vit une fête plus majestueuse.

L'assemblée nationale et le roi y prêtèrent au A 4

même instant un serment pareil. Le roi est done, comme tout autre François, personnellement engagé au maintien de la constitution. Le ciel et la nation ont reçu tous ces sermens.

On a nommé cette cérémonie, confédération, et ce serment, fédératif. Cela veut dire, pacte d'alliance; serment d'alliance. Tous les François qui l'ont prêté, sont donc alliés et frères. Ceux quị feront du mal aux autres seront donc de mauvais frè, res; ils seront aussi des parjures, c'est-à-dire, des hommes sans foi et sans parole.

Ainsi, depuis le serment fédératif, comme depuis le serment civique, l'histoire de la France est l'histoire de la manière dont les François ont tenu et tiendront leur parole.,

Cependant, nous n'avons pas été exempts d'alar mes, depuis ce grand jour. Comme on s'inquiète souvent, au moment d'une belle récolte, nous avons souvent tremblé pour la constitution.

Les habitans de la Lorraine, vers la frontière, (là où finit la France) ont craint un moment, que des soldats étrangers, à qui on permettoit de passer sur ces terres, ne fussent appelés par des ennemis de la liberté. Alors nous avons vu les villes, les hameaux, les gardes nationales, les municipalités tous les citoyens se préparer à la défense commune, et avec tant de courage, que cette fausse terreur n'a servi qu'à nous inspirer une sécurité réelle, Aucun peuple voisin n'oseroit attaquer cette armée d'hommes libres qui forme une muraille patriotique autour de la France.

Quelques évènemens ont paru annoncer des conspirations. (C'est le nom qu'on donne aux complots d'un citoyen contre sa patric). On croit que

beaucoup de François désirent et espèrent ce qu'on appelle la Contre-Révolution, et s'efforcent de renverser la constitution nouvelle. Parmi les personnes accusées, les plus remarquables sont MM. Bonne Savardin et Thouard de Riole. Les juges instruisent leur procès.

Au surplus, les hommes sensés craignent peu les conspirations des mauvais citoyens, mais beaucoup la division entre les bons,

C'est ce qu'on a vu dans plusieurs pays, où les soldats, mécontens des officiers, ont violé les loix militaires. La plupart cependant ont été ramenés à l'obéissance. Mais à Nancy, (département de la Meurthe) trois régimens, trompés par de faux soupçons, ont poussé plus loin leur égarement, Ils ont résisté aux ordres des magistrats, de leurs chefs, du roi, même aux décrets de l'assemblée nationale. Des citoyens partageoient leur erreur. Il a fallu les soumettre par la force. Cette révolte a fait répandre beaucoup de sang. Cruelle nécessité! mais du moins on a vu qu'il existoit en France des Joix, et de braves hommes, pour les faire respecter. Ces troubles sont appaisés, est Nancy est en paix.

Des divisions plus dangereuses agitent encore nos concitoyens des pays méridionaux. Là, demeurent et vivent confondus des catholiques et des protestans. On a excité les premiers contre les autres. A Montauban et à Nines, ont été livrés plusieurs combats, où un grand nombre d'hommes a péri. L'assemblée nationale a puni les auteurs de ces maux, On a cherché à les renouveller; des milices nationales s'étoient réunies et avoient formé un camp aux environs de Jalès, pour re-. nouveller la confédération: un petit nombre de

leurs chefs a osé prendre et publier, des résolutions contraires aux décrets. La religion est toujours le prétexte de ces attentats. Mais elle-même doit nous rassurer. De vrais chrétiens ne voudront pas commencer, au nom du Dieu de paix, la guerre sacrilège des frères contre les frères. De vrais citoyens ne voudront pas commencer la guerre civile.

La discorde n'est pas notre unique danger. On annonce de plusieurs endroits, que le peuple égaré se refuse au paiement des impôts. C'est nous voler tous, puisque la contribution de chacun appartient à tous les autres. Celui qui prétend ne point payer sa taxe, prétend donc avoir le privilège de mettre sa charge sur le dos de son voisin. Cet homme-là est un indigne aristocrate. Car les aristocrates ne faisoient pas autre chose.

Nous aurons soin de dénoncer à nos lecteurs. tous les noms des villes ou villages, où le peuple tient une conduite si méprisable.

Soyons unis; payons l'impôt; respectons les décrets souvenons-nous du serment d'alliance, et font ira bien.

Telle est notre position actuelle.

On nous menace de la guerre, et ces menaces viennent de plusieurs côtés. Dans le numéro suivant, nos lecteurs verront ce qu'il en en faut croite. Nous voulons qu'ils connoissent l'intérêt de tout François au-dehors comme au-dedans de lá France.

Cérémonie funèbre du Champ de Mars.

On a parlé du courage héroïque des Gardes Nationales qui ont combattu pour la patrie à Nancy. En déplorant la mort de ceux qui ont péri dans

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