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DE FRANCE.

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POÉSIE.

LE RETOUR DES BOURBONS,

Poëme qui a remporté le prix au concours extraordinaire de poésie, proposé par l'académie des sciences, belleslettres et arts de Lyon, le 21 décembre 1815 (1).

Par J.-A.-M. MONPERLIER ( de Lyon ).

Ainsi, quand l'Éternel, aux premiers jours du monde,
D'une éclatante voix dit à la mer profonde:

Tu n'iras pas plus loin, et sur tes vastes bords
Tes flots obéissansiseront leurs efforts

L

(1) Chez Alexis Eymery, libraire, rue Mazarine, no. 3o.

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Ainsi, sa main puissante, ô déplorable France!
Met un terme à l'orgueil de ta folle espérance.
Colosse menaçant, je te vois chanceler:

Tout tremblait sous ton joug, c'est à toi de trembler':
Déjà tes légions, de gloire environnées,

Sous un ciel ennemi, tristement moissonnées,
Tombent, et ces vainqueurs qu'admirait l'univers,
N'ont l'horrible choix de la mort ou des fers.

que

C'en est fait; l'étranger, imitant leur andace,
De leur sang généreux va suivre enfin la trace.
Dans nos climats, le Nord, de ses climats glacés,
Vomit en mugissant les bataillons pressés ;
Vingt peuples sont unis; tout se lève, tout s'arme;
Les monts ont retenti d'un long signal d'alarme.
Faneste avant-coureur de nos calamités,

Un silence effrayant plane sur nos cités.
O France! de tes maux instrument et victime,
Quel bras t'arrêtera sur les bords de l'abîme?
Il ne te reste plus que la honte et les pleurs.
Frémis en écoutant ces mots accusateurs :
<< L'Europe contre toi se soulève indignée ;
» Tu n'épargnas personne et veux être épargnée!
> Tes destins sont remplis ; ton empire odieux,
» En opprimant la terre, a fatigué les cieux;
>> Tes superbes lauriers, battus par la tempête,
>> Changés en noirs cyprès, vont peser sur la tête;
» Et ton char de victoire, en sa course arrêté,
» Va se voiler enfin d'un crêpe ensanglanté. »

O Louis! viens sauver ton ingrate patrie;
Viens d'un affreux orage apaiser la furie :
Tu le peux, tu le dois, et le ciel aujourd'hui
A placé tes vertus entre la France et lui.

Viens éteindre sa foudre; il en est temps encore.
Un peuple malheureux en gémissant t'implore;

Ses suppliantes mains s'élèvent jusqu'à toi ;

Il redemande un père en rappelant son roi.
Hélas! pendant vingt ans de discordes, de haines,
Esclave enorgueilli du fardeau de ses chaînes,
Il a payé bien cher ces dangereux succès,
D'un aveugle courage ambitieux excès.
Son repentir l'accable, et du sein des alarmes
Il tourne vers Louis ses yeux baignés de larmes;
Et d'un prince outragé par un lâche abandon,
Il ose attendre encore un généreux pardon.

Aux accens douloureux qui frappent ton oreille,
Noble fils de Henri, ton âme se réveille;

Et, de l'adversité magnanime héros,

Au bonheur de la France immolant ton repos,
Tu viens, fort de ton nom, de tes droits légitimes,
Nous montrer l'ascendant de tes vertus sublimes;
Tu viens, médiateur entre l'Europe et nous,
T'offrir à sa vengeance et suspendre ses coups.

Rivages d'Albion, champs aimés de Neptune,
Asile qu'a choisi sa royale infortune,
Fuyant des factions le glaive destructeur,
Louis vous dut long-temps un abri protecteur;
Ah! rendez à nos vœux une aussi belle vie!
Voilà le seul trésor qu'un Français vous envie :
Ce roi, garant sacré d'un plus doux avenir,
Vous sûtes l'admirer, nous saurons le bénir.

Quel spectacle touchant! L'onde au loin s'est émue;
'Mille cris d'allégresse ont déchiré la nue;
Elle s'ouvre, et soudain, dirigeant son essor
Par un sillon léger, brillant d'azur et d'or,
La colombe de paix fend les airs et s'élance
Sur ce vaisseau chargé des destins de la France.

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Zéphire enfle la voile, et, et dans son cours heureux
Il s'avance, et bientôt touche à ces bords fameux,
Où jadis, des bourreaux prêt à subir l'outrage,
Le vertneux saint, Pierre, exemple de courage,
Au farouche Édouard fit entendre à la fois

L'amour de la patrie et l'amour de ses rois.
Cité, qu'enorgueillit ce souvenir illustre,
Calais, en ce beau jour reçois un nouveau lustre;
Sois fière de ton sort ! déjà, de toutes parts,
Un peuple ivre de joie inonde tes remparts;
Il compte les instans, rapproche la distance,
Et des vents et des flots accuse l'inconstance;
Ses avides regards, étonnés, éblouis,
Brûlent de contempler sur le front de Louis
L'éclat du diadème et les vertus du sage.

Du sol qui le vit naître il touche enfin la plage;
Il revoit des Français, il reconnaît leurs cris,
Et des pleurs ont coulé de ses yeux attendris.

Conquérans renommés pour vos erreurs fatales,
Venez, et comparez vos pompes triomphales;
Le silence, la peur, l'appareil des combats,
Et des mères en deuil accompagnent vos pas;
Louis, plus grand que vous, armé de sa clémence,

Marche en père au milieu de sa famille immense.
Environné d'amour, de joie et de respect,

Comme un Dieu sur la terre, à son divin aspect,

L'espoir consolateur et l'oubli des misères,
Du faîte des palais volent dans les chaumières.

Et toi, sexe adoré, toi qui, dès le berceau,
Nous aimes, nous soutiens jusqu'aux bords du tombeap,
O femmes! que ce jour vous rend dignes d'envie!
Quel Dieu vous inspira! D'où naît cette énergie ?

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C'est Louis!.... A ce nom je vous vois tressaillir!....

Sur vos traces le lis se hâte de fleurir.

Sa tige de vos pleurs ne sera pas trempée;

Il connaît d'autres droits que le droit de l'épée.

La France électrisée applaudit à vos chants.

Que vos transports sont vrais ! qu'ils sont purs et touchans!
Vous l'emportez sur nous, et, vous cédant l'empire,
Notre orgueil étonné fléchit et vous admire.

Français, votre repos, vos droits étaient perdus,
Tombez aux pieds du roi qui vous les a rendus ;
Et, rappelant pour lui vos coutumes antiques,
De Sion délivrée entonnez les cantiques.
Les temples sont ouverts à vos transports pieux;
Elevez jusqu'au ciel l'hymne religieux,
Et bénissez le jour où ses bontés prospères
Ont replacé ce prince au trône de ses pères.
Il vous donne l'exemple!.... Humblement prosterné,
Et dépouillant l'éclat de son front couronné,
Le fils de saint Louis, courbé sur la poussière,
Adresse an Tout-Puissant sa fervente prière!....

Près de lui, se voilant de l'ombre des autels,
Quel ange ta télaire apparaît aux mortels?
D'un sexe tout entier la gloire et le modèle,
C'est la fille des rois, c'est ce guide fidèle,
Qui du sort en courroux apaisant les rigueurs,
De l'illustre proscrit partageait les douleurs.
Princesse infortunée! hélas! dès son enfance,
Le ciel, sans la lasser, éprouva sa constance.
Ah! puisse-t-elle enfin, rendue à notre amour,
Digne sang de ce roi qui lui donna le jour,
Faire dire aux Français, consolés par ses charmes,
Le terme de nos maux est celui de ses larmes!

(La suite au prochain numéro. )

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