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à mon âge caduc ». Les botanistes de Thessalie sont si empressés à récolter des plantes, que « les Orcades, en les voyant chargés des dépouilles de leurs montagnes, craignent de ne plus trouver de fleur pour orner leur tête ».

Un antiquaire verrait-il sans plaisir l'apparition d'Esculape? « Šon visage, semblable à celui de Jupiter, resplendissait d'une clarté céleste. Rejeté sur son épaule son manteau laissait à découvert une partie de sa poitrine; et son bâton noueux, surmonté d'une pomme de pin, était entouré du serpent sacré ».

Le zoologiste doit être satisfait. Ce fameux reptile est décrit par le docteur Marquis : « Un serpent aux écailles diversement colorées sort tout à coup d'entre les pierres mal unies du tombeau. Ses yeux étincellent sous la crête recourbée qui les ombrage comme le rubis enchassé dans l'or. Se repliant cent fois sur lui-même, il monte jusque sur l'autel et va goûter la pâte sacrée dans la coupe qu'il entoure de ses spires luisantes ».

Il faudrait copier tout ce que dit Esculape à Podalire, pour en faire connaître toute la valeur. Quels meilleurs préceptes que ceux-ci peut donner à ses élèves un professeur de médecine? Que l'expérience, « Qu'elle seule, mon fils, soit toujours ton guide; suis-la pas à pas dans marche médicatrice seconde ses effort; mais gardetoi de les troubler par une téméraire impatience; n'oublies jamais que l'art ne consiste pas moins à savoir attendre qu'à savoir agir à propos. Les systèmes élevés et renversés tour à tour se succéderont sans fin; les seules leçons de l'expérience subsisteront toujours.

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Le physiologiste peut-il mieux exprimer le double phénomène de la circulation et de la respiration?« Suivant sang dans sa double route, il verra sa pourpre, noircie dans les détours de ses longs canaux, reprendre bientôt sa vive couleur sous l'influence vivifiante de l'air ».

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Peut-on peindre la vaccine sous des traits plus vrais et plus gracieux? « Fatal présent de l'Arabie! Que de pleurs tu coûteras aux mères, jusqu'à ce qu'un mortel chéri

des dieux mette des bornes à tes ravages! L'utile animal qui offre au nouveau né l'aliment le plus conforme à celui qu'il tire du sein maternel, lui donnera cet admirable préservatif. O Gessner! que de couronnes te devront l'enfance et la beauté ! »

M. le docteur Marquis rassemble en pathologiste les symptômes de l'inflammation. « Une pourpre enflammée succède à la pâleur mortelle de ses joues. Ses yeux étincellent, gros et pleins de sang. Une inquiète mobilité fatigue ses sens. Les puissances de la vie, troublées jusque dans leur centre, se consument par une activité désordonnée. Des mots confus et sans liaison, prononcés d'une voix sourde et rapide, annoncent le délire de son esprit. Elle excite les chiens fidèles, menace le sanglier, appelle ses compagnes à son aide.

» La nature épuisée ne peut soutenir long-temps ce terrible combat; Podalire désolé voit tous ses efforts inutiles. Seigneur, dit-il à Damœtas, si quelque chose peut conserver la vie à votre fille, c'est l'effusion du fluide même qui l'entretient.

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En chirurgien habile, l'auteur décrit l'opération de la saignée: « Le bras de la vierge est entouré d'une bande lette. D'une main sûre, malgré son émotion, le fils d'Esculape, invoquant en secret son père, ose porter une pointe acérée jusque dans la veine bleuâtre. Le sang s'échappe en jet de pourpre, et tombe dans un bassin d'or, que soutient, en détournant la tête, une esclave tremblante». Pourquoi le dessinateur, qui a voulu représenter cette opération, n'a-t-il pas suivi l'esprit du texte ?

Nous avons cité de préférence les passages où l'auteur avait à vaincre de grandes difficultés. Il les a, véritablement surmontées; mais l'étude d'Homère, l'amour du grec, ont dicté à M. Marquis quelques épithètes dans le genre de Dubartas. Par exemple, on lit : L'outre bienvenue. Ces taches sont rares; mais dans un ouvrage aussi bien écrit, la critique ne peut pas être trop sévère.

Les médecins ne lisent guère de romans que ceux qu'ils trouvent chez leurs malades. Ils y portent celui que leur confrère vient de mettre au jour. Ce livre est

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capable de réconcilier tout le monde avec la médecine et les médecins.

BEAUX-ARTS.

Suite du Rapport de M. Le Breton, fait à la classe des

Beaux-Arts.

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PEINTURE.

En représentant l'enlèvement de Déjanire par le Centaure Nessus, M. Langlois a montré qu'il possédait le talent de faire concorder toutes les parties dont se compose l'ensemble d'un tableau. On reconnaît ce genre de mérite dans l'étude des nus et du paysage, ainsi que dans la partie inférieure du Centaure, dans les formes le ton et la manière de rendre. A ce merite essentiel de l'unité, qui prouve des études complètes, la classe aurait désiré que l'auteur joignît plus d'élévation de style et d'idéal.

La même observation s'applique à deux des ouvrages envoyés de Rome par M. Droling, savoir: Philoctete dans l'ile de Lemnos, et une Nymphe de la suite de Diane, Ces sujets appartenant, comme celui que M. Langlois a traité, au genre héroïque, devaient avoir la noblesse de caractère et de formes qui distingue ce genre. Dès l'an dernier, la classe avait averti MM. les élèves qu'ils ne se pénétraient point assez de ce premier principe du beau dans les arts. Mais, si l'on considère les autres qualités qui distinguent les deux tableaux de M. Droling, et les deux têtes d'étude qu'il y a jointes, la sévérité se désarme elle-même : on y reconnaît une grande vérité de nature et d'effet, et du charme dans l'exécution. Les deux têtes d'étude ont surtout le mérite de naïveté, qui caractérise le talent aimable du jeune peintre.

Nous avons vainement attendu jusqu'ici les travaux de

l'année 1815, dont M. le directeur de l'école nous a annoncé le départ, à la date du 2 septembre. Quoique nous ayons retardé de trois semaines notre séance publique, nous ne pouvons encore qu'annoncer les sujets, sans en porter aucun jugement.

Il y a dans cet envoi un tableau d'étude, de M. Droling, représentant la Mort d'Abel (figures grandes comme nature. )

M. Léon Pallière a peint, aussi de grandeur naturelle, une figure de Prométhée et un Mercure.

Un tableau de M. Forestier représente Anacréon et l'Amour.

M. Dejuine a peint une Présentation au temple; et M. Picot, une Psyché.

L'examen de ces ouvrages sera fait immédiatement après leur arrivée, et le résultat en sera communiqué à son excellence le ministre secrétaire d'état de l'intérieur, ainsi qu'à l'école de Rome.

SCULPTURE.

Nous n'avons malheureusement à offrir encore que la nomenclature des travaux des élèves statuaires à Rome, et des préventions favorables de leurs talens à donner. La mer n'ayant presque jamais été libre, depuis le rétablissement de l'école, et les transports par terre étant trop difficiles, nous sommes privés du plaisir de rendre justice à leurs efforts, que nous connaissons, et de leur offrir des conseils qui leur seraient utiles. Il faut espérer que cet état de choses va bientôt césser.

M. Cortot fait une statue de Narcisse, grandeur de nature, et de bustes portraits, dont l'un en marbre; M. David fait une figure de Thétis (bas relief même grandeur.

M. Pradier une statue d'Orphée, grandeur naturelle;

M. Petitot, une figure de Jeune homme (bas relief), grandeur naturelle.

M. Cortot a opéré d'heureux changemens dans figure de Pandore, qu'il avait exposée l'an dernier.

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M. le directeur de l'école nous assure que l'étude de la sculpture se soutient au niveau des autres arts cultivés par les élèves, et que, loin d'offrir de l'infériorité, comparativement à des temps antérieurs, on y reconnaîtrait plutôt de l'amélioration. Comme l'opinion du chef qui dirige cet établissement se trouve en général conforme aux jugemens que porte la classe, en présence des objets, on peut accueillir ce témoignage favorable. Mais ces art, peut-être plus que les autres encore, a besoin de travaux pour se maintenir.

Il y aura, dans l'école de Rome, à la fin de l'année, sept figures en marbre, exécutées par MM. les pensionnaires, d'après des statues antiques, et qui appartiennent au gouvernemeut.

GRAVURE EN MÉDAILLES ET EN PIERRES FINES.

La classe n'a point encore été pleinement satisfaite des élèves graveurs en médailles et sur pierres fines, ni même en taille douce, quoiqu'elle ait connu parmi eux des jeunes gens zélés et laborieux. Aussi, a-t-elle rendu les concours et les prix plus rares pour tous les genres de gravure, et désormais elle se montrera plus exigeante des élèves. En général ils manquent d'élévation dans le style, de chaleur d'exécution, et se dirigent mal dans leurs études.

Cependant, nous ne pouvons point encore prononcer sur les travaux qu'on nous annonce, de MM. Brandt, graveur en médailles, et Desboeufs, graveur en pierres fines. Ils consistent, pour le premier, dans un Thésée, en relief, avec le cheval Pégase; un Jupiter et une Junon, en relief sur le même poinçon; Hercule et Omphale, aussi sur un seul poinçon; un petit Apollon, en relief; le portrait du directeur de l'école, en creux; la Villa Médicis, en creux.

M. Desboeufs n'a exposé que le modèle d'un jeune Faune, en creux.

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