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LOGOGRIPHE.

J'ai six pieds; tu me dois peut-être l'existence :
C'est déjà trop parler, je garde le silence
Sur toute définition,

Pour me borner à la description

De chaque terine

Que dans mes six pieds je renferme.
Tel l'animal qu'on entend braire,
Tel l'équivalent de sincère;

L'arme dont usaient nos aïeux;
Ce que l'on dit du lard quand il est vieux.
Le synonyme de figure,

Le synonyme d'échancrure;

Une conjonction; une note an plain-chant ;
Ce que font douze mois; un léger vètement;
Un mot qui répond à famille,

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Composant père et fils, composant mère et fille;
Enfin, le nom qu'on donne à la mauvaise tête
Que dans sa fougue rien n'arrête.

Mots de l'Enigme, de la Charade et du Logogriphe insérés dans le dernier numéro.

Le mot de l'énigme est Dé à coudre.

Le mot de la charade est Passion.

Le mot du logogriphe est Friche, dans lequel on trouve Riche.

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Le quatorzième siècle vit fonder un grand nombre de colléges. Les lumières commençaient à poindre; on les prit pour l'aurore du bonheur. Que sont-elles souvent néanmoins, que le flambeau désolant qui éclaire des abîmes auxquels on ne saurait se dérober!

Quoi qu'il en soit, l'intention des fondateurs était pure, et celle surtout de Geoffroy du Plessis-Balisson, notaire, ou proto-notaire apostolique, et secrétaire du roi Philippe-le-Long.

Ce bon prêtre, vertueux et habile (l'histoire le dit ainsi), avait à l'ombre des autels, et à la faveur de ses emplois, acquis des biens et des honneurs. Ce fut pour l'avantage des lettres et de quelques malheureux qui se vouaient à les cultiver. Il fonda un collége, y créa quarante bourses, et donna pour l'établissement sa maison, rue Saint-Jacques, avec les jardins et les dépendances. Il lui assura tous ses biens, en se réservant la faculté de disposer d'une partie à son gré. Il nomma ce collége Saint-Martin-du-Mont, en l'honneur de l'abbaye de Marmoutier, pour laquelle il avait une prédilection particulière. Le public s'obstina à l'appeler, du nom de son fondateur, college du Plessis. Geoffroy-Balisson se retira depuis à Marmoutier, y prit l'habit de l'ordre, fonda un second collége, connu long-temps sous le nom de Marmoutier, et y attacha une partie des biens qu'il avait repris au premier. En réduisant le revenu de celui-ci, il restreignit le nombre des bourses à vingt-cinq, et voulut qu'une moitié des boursiers s'attachât à la grammaire et à la logique, et l'autre à la philosophie et au droit

canon,

Une chose remarquable par rapport à ce droit, c'est que le fondateur établit qu'on ne serait reçu pour cette faculté dans son collége qu'après avoir étudié trois ans le droit civil dans quelque fameuse école. Il se conformait

en cela à un statut de l'université qui l'exigeait de même de quiconque voulait être admis au doctorat dans la faculté de droit. On voit combien on eût souhaité à Paris s'affranchir de la loi qui interdisait l'étude du droit civil. La cour de Rome ne voyait pas de même, et le pape Innocent IV cassa le décret de l'université qui marquait trop d'attachement aux lois de l'ancienne Rome.

Il paraît aussi que le saint prêtre qui, comme on voit, avait quelques idées libérales, n'aimait pas les cumulations; il établit que le boursier qui obtiendrait un bénéfice renoncerait à sa bourse; il voulait que tout le monde vécût, et pour cela que chacun eût un peu.

La direction et l'administration des deux colleges furent données par lui aux abbés de Marmoutier. Ceux-ci les ont conservées jusqu'à la réforme de Saint-Maur, après laquelle le college de Marmoutier, devena inutile à l'abbaye, fut vendu aux Jésuites, qui en accrurent leur collége de Clermont.

Celui du Plessis, d'un autre côté, tombait en ruine, et avait besoin d'une main puissante pour le soutenir et le relever. La Providence la lui fournit.

Le cardinal de Richelieu, ayant fait abattre le collége de Calvi pour faire bâtir l'église de Sorbonne sur son emplacement, ordonina par son testament qu'il serait prélevé sur sa succession de quoi bâtir un college sur le terrain qui se trouve entre la rue de Sorbonne, celle des Mathurins et les grandes écoles. Les héritiers de son émi nence, par un esprit d'économie, ou flattés par le nom du Plessis, qui était celui du cardinal, offrirent, au lien de fonder le nouveau collége, de donner une somme considérable pour rétablir, même augmenter, celui du Plessis. L'offre fut acceptée; mais, le cardinal ayant ordonné que le nouveau collégé serait réuni à la société et maison de Sorbonne, il fallut obtenir que l'abbé de Marmoutier se déportât du droit de supériorité. La chose fut facile; celui-ci se trouvait être alors un neveu du cardinal: il consentit à tout, et se réserva seulement, et aux abbés ses successeurs, la collation des bourses. La Sorbonne, d'après cet arrangement, nomma, en 1647, le docteur Gobinet principal du collége du Plessis.

On commença en 1650 à élever le bâtiment qui est au fond de la cour, et sur lequel on voyait les armes du cardinal; les autres édifices furent bâtis depuis.

Ce collége a été jusqu'à la révolution un de ceux où la discipline scolastique ait été le mieux observée, et où les études aient jeté le plus d'éclat.

Abandonné comme les autres à cette époque, il devint même, pendant la terreur, une prison d'état. Rendu à son ancienne destination, depuis la nouvelle université, une partie de ses bâtimens a été consacrée aux leçons diverses des sciences et des lettres; une autre a été jointe au lycée, aujourd'hui college de Louis-le-Grand.

Ce sont ces facultés dont nous allons nous entretenir aujourd'hui. Et, d'abord, ces établissemens de facultés sont-ils aussi utiles que dispendieux? Combien méritent cette inscription, Temps perdu, argent mal gagné, qué Mercier appliquait au collège de France lui-même? Dans un moment où tout nécessite à l'économie, cette répéti tion à grands frais de cours que l'on trouve ailleurs, n'estelle pas une espèce de luxe qui réclame hautement la réforme?

Lorsque cette université colossale fut créée, non dans le rapport d'un état déjà vaste, mais d'un empire qui devait être immense, sans doute on pouvait tolérer de pareilles superfluités. Qu'était-ce qu'un million ou deux pour un prince qui en touchait quinze cents, et pour le peuple qui les payait ? Mais, réduits à des limites plus resserrées, lorsque nous sommes surchargés de contributions et d'impôts, de semblables établissemens deviennent tout-à-fait des abus.

Vingt-cinq à trente individus touchent chacun 4000 f. d'appointeinens pour venir quelques mois, une on dent fois la semaine, et pendant une heure seulement, les uns parler aux murs, les autres étaler des grâces ou des systèmes propres à gâter le goût des élèves, ou à bouleverser leur esprit.

Un grave professeur de vingt à vingt-cinq ans, par exemple, va consumer une partie de ses forces et de son temps à traiter la question importante de l'extériorité;

passer de là à la causalité, et prouver dans les formes le salut de l'état et des hommes repose sur ces futilités.

que

Il se tue à démontrer des vérités de sentiment! Eh! mon ami, ne vois-tu pas que tes discussions même établissent le scepticisme que tu condamnes? Pourquoi, monté sur des chimères, combattre avec des vessies? Tu t'agites dans le vestibule; pénètre dans le temple, la raison t'y attend sa divinité t'effraie-t-elle ?... Aborde les grandes questions de la morale, et laisse là les disputes de mots.

:

Echauffe les esprits, embrase tous les cœurs, et dispose ainsi tes adeptes aux dévouemens les plus sublimes; que l'amour sacré de la patrie et du prince soit surtout et en tout leur mobile et leur guide. La tâche est-elle trop forte cède la place à des hommes plus robustes et plus mûrs. Il sera beau pour toi d'avoir tenté si jeune ; mais crains, si tu t'obstines, que ton génie lui-même ne s'évapore en subtilités, ou ne s'éteigne, pour ainsi dire, dans les froides eaux du Léthé.

:

Qu'on joigne à ces dépenses des facultés de Paris celles de dix-huit à vingt autres dans les départemens, et que l'on juge combien cette petite générosité nationale coûte habituellement à l'état. Sans doute on a un très-grand plaisir à entendre les leçons un peu rares des Lacretelle et des Villemain; mais ce plaisir, fût-il plus grand encore, est trop cher acheté dans des temps malheureux. Et le le colon, d'ailleurs, le laborieux colon, a-t-il tout ce qu'il lui faut, tandis que le fastueux savant, riche de ses emplois, se fait traîner dans un char?

Que d'encouragemens ne donneraient point de pareilles sommes employées à l'agriculture!

Du blé, du vin, l'abondance, voilà ce qui est nécessaire à tous, et que de vains discours ne procurent qu'aux professeurs qui les font.

Qui de sang froid verra, sur des têtes la plupart jeunes et célibataires, accumuler des emplois qui les distraient et des revenus qui les corrompent? Les richesses tuent le génie; elles détruisent l'amour de la gloire et souillent le temple des muses. Nous nous fatiguerions si nous voulions nombrer les abus qui s'introduisent tous

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