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ÉPITRE A ZÉLINE.

Gentille Hébé, pur don de la nature, Naïve encor, le cœur sans imposture : Toi qui de plaire ignores le pouvoir, L'art de charmer, le faux jour d'un boudoir, Tous ces détours que l'artifice emploie, Et qu'à la cour le sot orgueil soudoie; Vaine industrie! avec moins de savoir, Simple Zéline, en corset de bergère, Par la candeur de ta grâce légère Ta séduis mieux que ce fard du miroir. Crois-moi, l'éclat peut briller sans richesse ; Yeux de bergère ont aussi leur noblesse ; Va, plus que l'or ta beauté t'en tient lieu : Plutus n'est qu'homme où l'Amour est un dieu. Garde-toi donc de quitter ta patrie; Reine des fleurs, règne sur la prairie : Là, le Destin, par la main des Amours, Aime à t'orner de charmes sans atours. Des Ris, des Jeux la troupe fortunée Folâtre au bruit des rustiques pipeaux; Les noirs Soucis aux festins des hameaux

Ne versent pas la coupe empoisonnée
Qui du Plaisir obscurcit les flambeaux.
Sans perfidie, Amour blesse au village,
De ses ardeurs y nourrit l'agrément,
Et de léger devient constant et sage:
Sous la coudrette il n'est qu'un doux serment,
Serment du coeur gardé fidèlement,

Que nul dégoût, nul caprice n'outrage,
Cher au printemps comme à l'hiver de l'âge;
Lien sacré, par qui les premiers feux
En souvenir font encor des heureux.

Crains, ma Zéline, un séjour moins tranquille:
Beauté n'est là qu'un attrait dérobé,

Flétri le soir quand le masque est tombe;
Tandis qu'aux champs, à toute heure parée
D'une fraîcheur de toi seule ignorée,
On te proclame, au son du flageolet,
Sœur de la rose, et nymphe en bavolet.

Rêvant à toi, dès qu'en naissant l'Aurore
Chasse la Nuit des domaines de Flore,
Et qu'avec pompe elle ouvre au Dieu du jour
De l'Orient la barrière éclatante;

Quand le nectar de ses baisers d'amour
Rend le parfum à la fleur languissante,
Ravi, j'admire.... et, quoique loin de toi,
Fille des cieux! plein da trouble où sans cesse
De tes appas la volupté me laisse,

Je brûle alors.... Zéline, je te voi!...

Je vois tes yeux, tes yeux divins comme elle,
Orgueil des champs, arbitres des plaisirs :'
Amour est là... tu souris, je t'appelle,
Et tout mon coeur, embrasé de désirs,
Vole à tes pieds jurer d'être fidèle.

Être si belle et n'avoir que quinze ans!
Trésor d'amour, pour l'amour tu dois vivre,

Et par ses traits calculer tes amans.
Que de jaloux! si tu ne m'en délivres,
En répondant au transport qui m'enivre!
Zéline, hélas! pourrai-je à ta rigueur
Survivre un jour, et reprendre mon coeur !

P. SYLVAIN BLOT.

ÉNIGME.

Aux mêmes travaux condamnés,

Par un lien de fer l'un à l'autre enchaînés,
Deux frères parcourant une même carrière,
Se proposant la mème fin,

En ligne perpendiculaire,

Arrivent à leur bat par contraire chemin.

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Ce sort affreux n'est pas commun à tous;
Deux autres frères font un service plus doux
Ce sont ceux qu'en cercle l'on mène,
Qu'horizontalement par la ville on promène,
Et qu'on introduit sans façons
Dans toutes les bonnes maisons,
Ils y répandent l'abondance :

Leur service aussitôt reçoit sa récompense;
Mais, pour les premiers employés,

Ils sont, pour tout salaire, ou pendus ou noyés.

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Me définir n'est pas facile,
Lecteur; car plus d'un maître habile,
Quand je parais, de moi s'occupe incontinent,
Sans trop bien expliquer comment
J'existe et brille dans le monde.
De ces docteurs la science profonde
Se réduit ordinairement

A maint et maint raisonnement.

En 'obscrvant mon personnage,

On remarque

dans son corsage

Un très-beau titre, un mot, un saint,

L'écueil que le pilote craint;

Ensuite un objet qui dans Rome,
Ainsi que chez tout honnête homme,
Frappant les yeux du second trait,
Dans mon contour trois fois paraît.
On y voit deux frères encore,
Dont l'un se montre avec l'Aurore;
Ce qui rend un reproche amer,

Et se montre d'abord en mer;

Un chef utile à la campagne,

Enfin ce qu'on lit dans Montagne.

V. B. (d'Agen.)

Mots de l'Enigme, de la Charade et du Logogriphe

insérés dans le dernier numéro.

Le mot de l'énigme est Étui.

Le mot de la charade est Célibataire.

Le mot du logogriphe est France, dans lequel on trouve Ane, Franc, Arc, Rance, Face, Cran, Car, Fa, An, Frac, Race et Crâne.

NOUVEAU VOYAGE A TUNIS,

Publié, en 1811, par M. Thomas Maggill, et traduit de l'anglais; avec des notes par M.**** (1).

(II. Extrait.)

Les Maures de Tunis paraissent moins jaloux de leurs femmes que les Turcs, et ne les confient jamais à la garde d'un eunuque. Personne ne veille sur elles, et, chose à remarquer, c'est que le sexe fait moins de difficulté de se laisser voir par des chrétiens que par des musulmans. Les dames ne sont point dans l'usage de se couvrir d'un voile en présence de leurs esclaves ou devant des Juifs. Quant à ces derniers, c'est au mépris qu'ils inspirent qu'ils sont redevables de ce privilége; car, suivant l'opinion du pays, un Juif n'est point un homme. A l'égard des esclaves chrétiens, c'est un autre motif qui permet l'accès du sexe, et il ne sera peut-être pas sans intérêt de savoir que les dames, à la faveur de la sécurité de leurs époux, se laissent parfois succomber à la tentation du fruit défendu, à l'attrait de la curiosité, ou à quelque autre besoin, que le climat, l'éducation, et sans doute quelque diable tentateur, rendent très-impérieux. Il en est en Barbarie comme en France, c'està-dire qu'il est des grâces d'état pour les maris, et que ces derniers ne soupçonnent nullement ce qui se passe chez eux. Pour en donner un exemple, je citerai le trait suivant :

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Un chirurgien européen, attaché au service du bey et de sa famille, était fortement soupçonné d'une intrigue avec une femme de ce prince; celui-ci en fut informé, et le délateur promit en même temps de donner des preuves de ce crime. En effet, le lit où les amans

(1) A Paris, chez Panckoucke, libr., rue et hôtel Serpente

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