nummmm ÉPITRE A ZÉLINE. Gentille Hébé, pur don de la nature, Naïve encor, le cœur sans imposture : Toi qui de plaire ignores le pouvoir, L'art de charmer, le faux jour d'un boudoir, Tous ces détours que l'artifice emploie, Et qu'à la cour le sot orgueil soudoie; Vaine industrie! avec moins de savoir, Simple Zéline, en corset de bergère, Par la candeur de ta grâce légère Ta séduis mieux que ce fard du miroir. Crois-moi, l'éclat peut briller sans richesse ; Yeux de bergère ont aussi leur noblesse ; Va, plus que l'or ta beauté t'en tient lieu : Plutus n'est qu'homme où l'Amour est un dieu. Garde-toi donc de quitter ta patrie; Reine des fleurs, règne sur la prairie : Là, le Destin, par la main des Amours, Aime à t'orner de charmes sans atours. Des Ris, des Jeux la troupe fortunée Folâtre au bruit des rustiques pipeaux; Les noirs Soucis aux festins des hameaux Ne versent pas la coupe empoisonnée Que nul dégoût, nul caprice n'outrage, Crains, ma Zéline, un séjour moins tranquille: Flétri le soir quand le masque est tombe; Rêvant à toi, dès qu'en naissant l'Aurore Quand le nectar de ses baisers d'amour Je brûle alors.... Zéline, je te voi!... Je vois tes yeux, tes yeux divins comme elle, Être si belle et n'avoir que quinze ans! Et par ses traits calculer tes amans. P. SYLVAIN BLOT. ÉNIGME. Aux mêmes travaux condamnés, Par un lien de fer l'un à l'autre enchaînés, En ligne perpendiculaire, Arrivent à leur bat par contraire chemin. x; Ce sort affreux n'est pas commun à tous; Leur service aussitôt reçoit sa récompense; Ils sont, pour tout salaire, ou pendus ou noyés. Me définir n'est pas facile, A maint et maint raisonnement. En 'obscrvant mon personnage, On remarque dans son corsage Un très-beau titre, un mot, un saint, L'écueil que le pilote craint; Ensuite un objet qui dans Rome, Et se montre d'abord en mer; Un chef utile à la campagne, Enfin ce qu'on lit dans Montagne. V. B. (d'Agen.) Mots de l'Enigme, de la Charade et du Logogriphe insérés dans le dernier numéro. Le mot de l'énigme est Étui. Le mot de la charade est Célibataire. Le mot du logogriphe est France, dans lequel on trouve Ane, Franc, Arc, Rance, Face, Cran, Car, Fa, An, Frac, Race et Crâne. NOUVEAU VOYAGE A TUNIS, Publié, en 1811, par M. Thomas Maggill, et traduit de l'anglais; avec des notes par M.**** (1). (II. Extrait.) Les Maures de Tunis paraissent moins jaloux de leurs femmes que les Turcs, et ne les confient jamais à la garde d'un eunuque. Personne ne veille sur elles, et, chose à remarquer, c'est que le sexe fait moins de difficulté de se laisser voir par des chrétiens que par des musulmans. Les dames ne sont point dans l'usage de se couvrir d'un voile en présence de leurs esclaves ou devant des Juifs. Quant à ces derniers, c'est au mépris qu'ils inspirent qu'ils sont redevables de ce privilége; car, suivant l'opinion du pays, un Juif n'est point un homme. A l'égard des esclaves chrétiens, c'est un autre motif qui permet l'accès du sexe, et il ne sera peut-être pas sans intérêt de savoir que les dames, à la faveur de la sécurité de leurs époux, se laissent parfois succomber à la tentation du fruit défendu, à l'attrait de la curiosité, ou à quelque autre besoin, que le climat, l'éducation, et sans doute quelque diable tentateur, rendent très-impérieux. Il en est en Barbarie comme en France, c'està-dire qu'il est des grâces d'état pour les maris, et que ces derniers ne soupçonnent nullement ce qui se passe chez eux. Pour en donner un exemple, je citerai le trait suivant : Un chirurgien européen, attaché au service du bey et de sa famille, était fortement soupçonné d'une intrigue avec une femme de ce prince; celui-ci en fut informé, et le délateur promit en même temps de donner des preuves de ce crime. En effet, le lit où les amans (1) A Paris, chez Panckoucke, libr., rue et hôtel Serpente |