Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

La fable du Serpent? Je ne puis me défendre
De vous la raconter. Si vous êtes subtil,
Vous allez sans effort l'expliquer et m'entendre.

Il était un serpent qui, trouvant par hasard
Une bouteille débouchée,

Pleine d'une liqueur des gourmets recherchée,
De ce nectar divin voulut avoir sa part.
L'animal cauteleux sait ramper à merveille.

Il se plie, et se tord comme un homme de cour.
Ses longs auneaux du vase embrassent le contour,
Et le serpent se glisse enfin dans la bouteille.
Dieu sait s'il s'en donna ! sans être un grand devin
Vous devez présumer qu'il se gorgea de vin.
La place était commode. Au fond de sa cachette,
Le larron défiait la censure indiscrète.

Mais le maître du vin, haut et puissant seigneur,
Un jour entre au caveau. Le serpent, à la hâte,
Cherche à s'enfuir, tant il a peur

De tomber vivant sous sa pate.

Il veut, par le goulot, se glisser en dehors;
Mais le reptile en vains efforts
Et se tourmente et se consume.
Il avait tant bu que son corps
Avait quadruplé de volume.

Le maître, en le voyant, fait un malin souris.
Ah! serpent, mon ami, vous ne fûtes point sage,
Lui dit-il ; si la vie a pour vous quelque pris,
Et si, redoutant l'esclavage,

Vous voulez ressortir par cet étroit passage,
Avant tout, dégorgez ce que vous m'avez pris.

Le roi, parlant ainsi, jetait sur son ministre
Un regard perçant et sinistre.

Celui-ci ne répondit mot.

Qu'aurait-il dit? Baissant l'oreille,

Il trembla pour sa vie, et parut aussi sot
Que le serpent dans la bouteille.

Par M. JEAUFRET.

LA NICHÉE D'AMOURS,

Chanson traduite du languedocien.

Tu connais la belle Lisette !

Eh bien ! fais-la, mais pour toujours:

Le cœur de cette bergerette

Est un nid tout rempli d'Amours,

Il en éclot de toute espèce,

A chaque instant, à qui mieax mieux;
L'un a déjà la plume épaisse,
Quand l'autre à peine ouvre les yeux.

On en voit antour de la mère

Qui commencent à voleter.
De tous petits, quelle misère !
N'osent pas encor la quitter.
Chacun suit l'instinct qui le guide;
L'un est doux, l'autre aime le brait;
L'un est taquin, l'autre timide;
Celui-ci pleure, et l'autre rit.

Pour fair un tel remû-ménage,

J'irais, ma foi, je ne sais où;
Ce gazouillis, ce caquetage,
En un clin d'oeil me rendraient fou.

Lisette, en fusses-tu fâchéc,

Ne crois pas m'avoir enchanté :

Tu peux bien garder ta nichée,

Je garderai ma liberté.

BOUTADE.

Ne croyez pas toujours Apollon sur sa foi,
Dirait encor le bon Horace.

Telle muse qui fait aux échos du Parnasse
Redire les vertus de notre excellent roi,
Naguère du tyran était pensionnaire.

Eh! messieurs les auteurs qui chantâtes pour lui,
Ayez donc aujourd'hui

La pudeur de vous taire,

M.... F......... LE V.......

RÉFLEXIONS D'UN GASCON SUR LES PYRAMIDES D'ÉGYPTE.

Qué l'on admiré, j'y consens,

Ces pyramides 'sans pareilles :

Mais si cé sont là des merveilles,

Qu'est-cé donc qué séra qué mon clocher des champs?

LES AMIS DU JOUR.

Il est mon ami, moi le sien;
Voulez-vous en savoir la cause?
C'est qu'il ne me demande rien,
Et que je fais la même chose.

ÉNIGME.

Bon et mauvais, triste et joyeux,

Léger et lourd, excellent, furieux;
Consolant les mortels au sein de la détresse
Je les soutiens, je les renverse.

Je suis froid, je suis chaud, je suis et faible et fort;
Je provoque au sommeil, j'excite le transport;
Je suis né doux, je deviens aigre;

Je rends pesant, je rends alègre.

Je remplis de courage et raffermis les cœurs;
Je fais que l'on chancelle et cause
use des vapeurs.
Je fais faire la paix, j'excite les querelles ;

J'éclaircis les cerveaux, je bronille les cervelles :
Pour me rendre meilleur on me met en prison;
Je mousse de colère, et force ma cloison.
A la glace parfois, bouillant en ma jeunesse,

Plus je suis vieux et plus on me caresse.
Je suis vif, pétillant, plein de feu, plein d'esprits;
J'en procure aux humains, et je les abrutis.

[ocr errors][merged small][merged small]

Oui, toujours mon premier commencera l'année ; Lecteur, telle est sa destinée

A Paris, à Bordeaux, à Marseille, à Lyon.

Mon second vaut une négation;

Dans mon dernier, mainte tendron

Fait briller sa grâce légère.

Mon tont sut porter la terreur

Dans l'âme d'un peuple oppresseur,

Une terre inhospitalière

Le vit mourir vaincu l'égal de son vainqueur.

mumm

V. B. (d'Agen.)

LOGOGRIPHE.

Avec sept pieds je suis fort pen de chose,

Tantôt volant,

Tantôt marchant,

Et plus souvent encor rampant.

Otez les deux premiers, je suis moindre, et pour cause.
Le fanatisme anime tous mes pas;

On est damné quand on n'est pas

De l'opinion dont nous sommes :

Je dis nous, et voici pourquoi :

Nous faisons corps, mes sectateurs et moi;
Nous crions anathème à tous les autres hommes,
Et pourtant je ne suis, dit un savant auteur,
Que le ralliement de l'erreur.

S........

Mots de l'Enigme, de la Charade et du Logogriphe

insérés dans le dernier numéro.

Le mot de l'énigme est P (la lettre).

Le mot de la charade est Trictrac.

Le mot du logogriphe est Grex troupeau), dans lequel on trouve Rex (Roi).

« PreviousContinue »