Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

» la vie. Ah! plutôt redoute de nouveaux malheurs ! Noble enfant de Jupiter, lui répond l'illustre vieillard, n'exige pas que je me repose sur ce siége, tant qu'Hector sera dans ta tente, privé de sépulture; ne » tarde pas à me le rendre, et que mes yeux puissent » enfin le contempler. Achille, accepte les présens que je t'apporte. Puisses-tu long-temps en jouir au sein de » ta patrie, ô toi qui m'as permis de vivre et de voir » encore la lumière du soleil ! »

[ocr errors]

Qui ne reconnaîtrait à ces accens le chantre divin d'Achille Quel malheur qu'ils ne puissent être entendus de notre Quintilien! ils l'auraient consolé de ses regrets savans. Persévérez, aurait-il dit à M. de Montbel; donnez-nous l'Odyssée comme vous nous avez donné l'Iliade, et les Français connaîtront enfin Homère.

Nous n'avons pas les mêmes droits que M. de La Harpe à faire adopter notre opinion; mais pourquoi n'avancerions-nous pas que, si jamais on dut montrer de l'estime et de la reconnaissance aux personnes qui enrichissent notre littérature d'ouvrages aussi distingués que celui de M. de Montbel, c'est dans ce moment de désastres et d'espérance, où notre chère et malheureuse patrie, 'revenue des éclatantes et funestes illusions d'une gloire meurtrière, reconnaît que la seule gloire impérissable pour les nations comme pour les hommes, est celle l'on tient des arts. que

www

CORRESPONDANCE DRAMATIQUE.

ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE.

Mardi, 30 janvier 1816.

Quel spectacle enchanteur! quelle brillante fête!

Monseigneur, les mots par ordre avaient produit leur merveilleux effet; le public avait de bonne heure inondé les portiques de l'Opéra. Beaucoup se croyaient appelés; mais, hélas ! la vaste enceinte de l'Académie Royale

ne pouvait contenir le bon peuple avide de contempler les traits.de son Roi. Le spectacle était enchanteur; on jouait les Prétendus et le ballet de Flore et Zéphyre, la fête était brillante; les Bourbons, depuis leur retour de Gand, se montraient pour la seconde fois en famille, au milieu de leurs enfans. Une loge avait été préparée à l'amphithéâtre; sa forme élégante et majestueuse était digne de la magnificence qu'on obtient facilement par le concours des arts et du goût. Les loges de l'Opéra étaient retenues de la veille; une société choisie, brillante, les remplissait. Les dames étalaient une parure vraiment française; c'est vous dire, Monseigneur, que les toilettes étaient riches et de bon goût. On annonce le Roi; à l'instant un grand silence succède au murmure de la multitude; on est impatient de voir l'auguste monarque: il paraît; des'cris de Vive le Roi! se succèdent, et partent de tous les coins de la salle; l'air chéri de Henri IV ajoute à ce chorus universel; l'enthousiasme est à son comble. L'émotion de S. M., son geste, son regard paternel, ne cessaient de témoigner à ses enfans tout le bonheur qu'elle éprouvait. Les Français réitéraient de nouvelles preuves de leur plaisir : c'étaient les étreintes de l'amour filial et de l'amour paternel. Est-il de spectacle plus touchant!

L'ouverture des Prétendus a donné un peu de relâche au sentiment; on a entendu avec plaisir cet opéra. La musique de M. Lemoine, que tout le monde sait par cceur, parait toujours ce qu'elle est, agréable et chantante; ses motifs sont heureux. Les emplois sont bien distincts, et chaque acteur peut faire valoir son talent dans cet opéra. Madame Albert-Himm a chanté avec précision, et d'une manière étonnante, le rôle de Julie; son grand air : Venez, artistes, poetes, guerriers, a transporté les spectateurs; ils auraient témoigné leur enchantement à l'actrice, s'ils n'avaient été retenus par le respect qu'on devait aux illustres spectateurs qui étaient dans la salle. Laïs a joué et chanté son rôle comme dans ses beaux jours. En général, il y a eu de l'ensemble, et ce zèle pour bien faire que l'on trouve difficilement sur tous nos théâtres.

Entre l'opéra et le ballet, M. Nourrit a chanté un serment français. Voici le premier couplet, en attendant que la musique gravée parvienne à V. A. avec quelques

autres nouveautés.

Français, an trône de ses pères

Louis est enfin remonté;

Enfin, des destins plus prospères
Ramènent le bonheur et la tranquillité.
Abjurons toutes nos querelles,

De l'honneur écoutons la voix :
Jurons d'être à Louis fidèles,

Jurons de défendre ses droits!

Les spectateurs ont répété ces mots : Nous le jurons ! Le ballet de Flore et Zephyre a terminé cette fête de famille. Les sujets de la danse ont rivalisé de zèle et de perfection; ils ont rendu avec précision tous les tableaux gracieux qu'on retrouve en nombre dans ce joli ballet. Vous le connaissez, Monseigneur ; je ne reviendrai pas sur cet ouvrage qui classe M. Didelot au nombre de nos premiers choréographes. M. Albert, et madame Martin. Gosselin aînée, ne laissent rien à désirer sur le fini de leurs pas. On a peine à concevoir comment ces deux sujets peuvent résister si long-temps à la fatigue de la danse, sans pour cela perdre de leur légèreté, de leur grâce et de leur aplomb. Il faudrait nommer tous les danseurs et danseuses, car chacun a mis ce jour-là tout son talent en évidence, et tout le monde sait combien il s'en trouve à l'Opéra.

Les éditeurs de la Biographie Moderne reconnaissent que c'est par erreur qu'il a été dit, à la fin de l'article Bodin, qu'il était maintenant l'un des présidens de la cour royale de Poitiers. Il résulte d'avis certains qu'ils ont reçus, 1o., que M. Bodin, qui était l'objet de cet article, est mort à Blois en 1809, sans avoir jamais été membre de la cour royale de Poitiers; 2°. que M. Bodin (Vincent-Jacques), l'un des présidens de cette cour, depuis 1811, n'a point été membre de la convention.

ANNONCES.

Les gens de l'art regrettaient que la description des antiquités de la ville de Nîmes, que nous devons à M. Clérisseau, fût incomplète et hors de prix par le luxe des gravures. Une société d'artistes distingués, résidans dans le midi de la France, séduite par l'aspect des richesses mises au jour par des fouilles récemment faites, a le projet de donner au public la description des monumens antiques de Nîmes et de ses environs. Les nombreuses gravures au trait, dont on enrichira l'ouvrage, joindront à la fidélité des détails et au mérite de l'exécution, la modicité du prix, qui les mettra à la portée de tous les gens de l'art. Un prospectus relatif aux conditions de la souscription, qui sera ouverte incessamment, indiquera le plan que l'on se propose de suivre et les noms des collaborateurs, qui seront la garantie d'un ouvrage réclamé les arts, et qui nous manque presque en totalité.

AVIS AUX SAVANS.

A vendre au plus offrant,

par

Un exemplaire de la Mécanique analytique de Lagrange, avec des notes marginales, qui sont en si grande quantité, que la matière écrite à la main est plus considérable que l'imprimée (1).

Chez M. Royez, rue du Pont-de-Lodi.

Almanach du Commerce, année 1816, dix-neuvième de la collection. Prix: 12 francs broché.

A Paris, chez J. De La Tynna, auteur et éditeur, rue J.-J. Rousseau, no. 20;

Bailleul, impr., rue Sainte-Anne, no. 71;

Latour, libraire, grande cour du Palais-Royal;

Et à la Librairie d'Education d'A. Eymery, rue Mazarine, n°. 30.

(1) On sait que la Mécanique analytique de Lagrange est sans une seule figure; ce qui en rend souvent la lecture beaucoup plus difficile.

NOUVELLES

De la Cour, Paris et les Départemens.

-Le roi a reçu avec bonté l'hommage respectueux de son académie royale de peinture et de sculpture, au renouvellement de cette année, en l'assurant de nouveau de sa protection. M. le marquis de Paroy, membre amateur honoraire de cette académie, a profité de cette occasion pour proposer à la dernière séance de cette académie, de demander au roi son agrément pour exécuter son buste en marbre, et le placer dans la salle de ses séances comme hommage de sa reconnaissance envers sa majesté, pour la protection dont elle l'avait honorée, et son heureux rétablissement. L'académie a accueilli avec acclamation cette proposition, et a chargé M. le marquis de Paroy de présenter au roi son vœu à ce sujet.

M. le duc de Rohan, pair de France, et premier gentilhomme de la chambre, lui a transmis par écrit la réponse de S. M. en ces termes : « S. M. à accueilli avec bonté les hommages de son académie royale de peinture et sculpture, et l'avait chargé de lui témoigner le plaisir qu'elle a éprouvé d'en recevoir cette marque et d'attachement. "Cette réponse du roi a comblé de joie l'académie, qui attend, avec le plus vif désir, l'heureux moment de sa réinstallation dans ses honorables fonctions.

d'amour

- Il y a quelques jours que S. M. allant à la messe remarqna madame la comtesse de Suzannet, veuve du général de ce nom : le roi lui adressa la parole avec la plus touchante bonté; et voyant auprès d'elle sa petite fille, il l'embrassa et lui dit : « Pauvre petite, je te bénis et je te servirai de père. » Madame de Suzannet a été accueillie par Monsieur et S. A. R. Mgr. le duc d'Angoulême avec la même bonté.

va,

-Le général Travot, arrêté dernièrement à Lorient, dit-on, être amené à Paris.

De l'imprimerie de FAIN, rue de Racine, place de l'Odéon, n°. 4.

« PreviousContinue »