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sées dans le conseil des souverains, que la puissance de l'empereur d'Autriche va réunir à Rome.

ANGLETERRE.

Si l'on veut jeter un coup d'œil sur cette puissance, ce n'est pas chez elle qu'il faut l'examiner en ce moment. L'insurrection des matelots de Northfields est apaisée ; l'Irlande se pacifie, et, jusqu'à la prochaine réunion du parlement, qui promet un spectacle intéressant, il faut chercher l'Angleterre hors de son île; il faut la voir sur les côtes de la mer du Nord, de la Méditerranée et de l'Adriatique, à la Spezzia, à Gênes, à Caprée, à Viareggio, à Ancône, à Cattaro, dans les îles ioniennes.

Des ingénieurs anglais tracent à Gênes de nouvelles fortifications, et deux mille ouvriers anglais exécutent leurs ordres. Des commissaires anglais lèvent des plans à Sarzane, et y construisent une ligne d'ouvrages militaires; d'autres commissaires anglais pressent les travaux de la Spezzia; et si les Autrichiens avaient voulu y consentir, deux mille Anglais seraient entrés dans Alexandrie. Doit-on s'étonner après cela que le traité de paix ait été annoncé à Londres par les salves répétées du ca non de la Tour?

INTÉRIEUR.

Ce traité a dû faire éprouver à la France des sentimens bien différens; et il a été reçu par la nation, comme par ses représentans, avec douleur, mais sans découragement. Un roi de France, a dit notre auguste monarque, ne doit jamais désespérer des Français, et les Français ne doivent jamais désespérer. Nous avons quelquefois abusé du succès de nos armes. Consolons-nous de nos pertes, et puisse notre exemple apprendre à tous les peuples que la modération dans la victoire est la plus sage de toutes les politiques.

DE L'IMPRIMERIE DU MERCURE, RUE DE RACINE,

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Les personnes dont l'abonnement est expiré, sont invitées à le renouveler, si elles ne veulent point éprouver d'interruption dans l'envoi des numéros.

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POÉSIE.

ODE IMITÉE D'HORACE.

Pourquoi me menacer de votre heure suprême,

O vous que j'aime uniquement?

Les dieux ne veulent pas, je ne veux pas moi-même
Que ce qui vous est cher vous survive un moment.

Si, de vos jours, la parque osant couper la trame,
File encor les miens sans pitié,

Que deviendrai-je, hélas! moi, dont vous étiez l'âme,
Moi, qui ne suis de vous que la moindre moitié ?

Non, je fais le serment, et vous savez, Mécène,

Que jamais je ne jure en vain ;

Je jare, en quelque lieu que le sort vous entraîne,
Avec vous aussitôt de me mettre en chemin.

Nous partirons tous deux pour ce fatal voyage
Qui n'a ni terme ni retour:

Nous irons, nous irons sur ce sombre rivage,
Dernier effroi de l'homme, et son dernier séjour.

Rien ne m'arrachera de l'ami que j'embrasse,
Ni le fier Géant aux cent bras,

Ni la Chimère enfin, dont le sort me menace,
Et les feux dévorans ne m'épouvantent pas.

Je ne sais sous quel signe ou propice ou perfide
J'ai reçu la clarté des cieux :

Mais il faut qu'à nos jours le même astre préside,
Puisque le même sort nous gouverne tous deux.

Le vieillard dont la faux aussi prompte que l'aile
Moissonne la vie en courant,

Vous menaçait déjà de son arme cruelle,

Et tout le peuple en pleurs vous croyait expirant.

De vous, de vos vertus, Jupiter idolâtre
Désarma son père inhumain ;

Et le peuple applaudit, lorsqu'aux jeux du théâtre
Il vous vit reparaître avec un front serein,

Un arbre qui tombait allait frapper ma tête :
Faune, qui protége mes chants,

Vole au-devant du conp, le détourne, l'arrête;
Et je puis être encor le poëte des champs.

Par le secours des dieux, échappés à la tombe,
Payons-les d'un culte constant :

A Jupiter, Mécène, immole une hécatombe;
Faune aura ma brebis que je chérissais tant.

P.

A DÉLIE.

D'une taille arrondie

A mes yeux vainement tu voiles les trésors:

Il semble que l'Amour, par de nouveaux efforts,
A chaque instant redouble mes transports.

Je t'en supplie,
Rends-moi, Délie,

Moins amoureux

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Ulysse a parcouru tout l'antique univers,
Vaincu l'attrait des cours, trompé l'écueil des mers;
Pour revoir son Ithaque, il affronte, intrépide,
Les présens de Circé, les terreurs de Charybde:
Sa constance héroïque a fatigué le sort;
Vivant, il est sorti des gouffres de la mort.

Il aborde, endormi, son île fugitive:
Le songe accoutumé de sa douleur pensive
Offre à son souvenir la terre des aïeux,
Les parfums d'orangers, l'éclat pur de ses cieux.
Un écueil vient frapper sa barque abandonnée.
Ithaque!.... se découvre à sa vue étonnée ;
Des rochers noirs et nus, d'infertiles sillons,
De pâles oliviers battus des aquilons.

Il descend sur la rive, il soupire, il s'écrie:

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Espoir trompé dix ans, voilà donc la patrie!

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LE SAVANT.

Heureux favori de Neptune,

Le marchand, Barême nouveau,
A ses calculs asservit la fortune,
L'avocat vend ses discours au barreau;

Le vil histrion, ses grimaces:

Le soldat pille les vaincus ;

Les grands, par intérêt, vous accordent des places;
Le financier dort près de ses écus;

Et le savant modeste, à son pays utile,
Lorsqu'il en fait la gloire, au milieu des besoins
Expire, et, pour prix de ses soins,

Ne cueille qu'un laurier stérile.

ÉPIGRAMME.

Pour être original se fait-on novateur ?
Maudit soit ce pesant et singulier auteur,

Qui, par de longs efforts, péniblement rassemble

Des mots hurlant d'effroi de se trouver ensemble!

DISTIQUE.

Hélas! à quoi sert la vertu ?

- Et toi, pour te plaindre, en as-tu?

QUATRAIN.

Rien n'est permanent sur la terre;
Tout commence, tout doit finir:
Puisque la mort est nécessaire,
Il faut donc apprendre à mourir.

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