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>> Des fleurs que la nuit fit éclore?

» L'amour me bannira de ses chiffres heureux?
» La candeur, à l'antel présentant sa guirlande,
» Cherchera d'un œil inquiet,

» Si par hasard un bouton indiscret

»Ne profane point son offrande?

>> Je ne dois plus mourir sur un cœur vertueux,
» Et ce beau lis, que malgré moi j'offense
» Va rejeter mon encens et mes voeux!

On connaît sa justice et même sa clémence,
>> Dit Flore en souriant; et le lis pour toujours
» Daigne pencher vers tọi son ombre tutélaire :
» Ce Dieu, pour exaucer, n'attend pas la prière;
» Il te rend à l'honneur, aux vertus, aux amours,
» Et la fille des rois te mêle à ses atours.

» Renais, tremblante fleur, et, s'il était encore » Un insensible à la loi du devoir,

» Qu'à ton aspect le regret le dévore! » Mais, s'il est repentant, qu'il se livre à l'espoir. » Renais, que des tiges nouvelles

» Autour du lis parent ces tapis verts!

» Les cœurs reconnaissans à jamais sont fidèles, » Et la bonté règne sur l'univers. »

Par madame la comtesse de BEAUFORT

D'HAUTPOUR

LA NUIT,

ÉLÉGIE.

Voici l'heure où la nuit déploie enfin ses voiles;
Tout cède à l'attrait da repos.

Le nautonier s'endort sur la foi des étoiles ;
Le berger se repose au milieu des troupeaux,
Et le chasseur, près de ses toiles ;

L'avare, fatigué de compter son argent,

Interrompt sa veille assidue,
Et ferme son œil diligent,

La main sur son or étendue.

Dernier ami des malheureux,

O sommeil ! tu te plais à tromper lears alarmes ;
Tu te reposes sur les yeux

Que la pâle douleur a trempés de ses larmes.

C'est moi seul que tu fuis, moi, tout près de mourir!
Toujours je veille, hélas! et toujours pour souffrir!
Jamais le doux sommeil n'incline ma paupière,
Et tout dort à présent dans la nature entière.
Que dis-je... un monde entier veille... et c'est pour
Plus impatient de sa flamme,

Las d'implorer la fin du jour,

Le jeune homme s'élance où l'emporte son âme ;
Et la foudre, les vents, la flamme, les frimas,
Et la chute du ciel ne l'arrêterait pas.

l'amour !...

Comme il est attendu ! quelles tendres alarmes!
Plus charmante cent fois du trouble de ses charmes,
Recueillie en son coeur pour tromper son ennui,
Sa jeune maîtresse craintive,

Le cœur gonflé, l'œil fixe et l'oreille attentive,
Écoute, écoute encore, et dit enfin : « C'est lai!>>

Oh! qui peut peindre leur ivresse?

Oh! comme tout son cœur contre son cœur se presse!
Dieux ! quels brûlans baisers pris, donnés et rendus!
Quel rapide élan de tendresse !

Quels longs frémissemens de leurs sens éperdus !.....
Où t'emporte, insensé, ta lyre trop bardie?
Efface ces vives couleurs :

Pourquoi donc déchaîner l'aquilon sur les fleurs,
Jeter à pleines mains le feu sur l'incendie ?...
Azélie ! Azélie! & regrets superflus!

Moi, je t'attends aussi; mais, toi, tu ne viens plas,

Et mes yeux au matin dans les pleurs s'obscurcissent:
Le long du jour, hélas! je pleure mes malheurs;

Alors que du soleil les derniers feux pâlissent,

Je dis, abîmé de douleurs :

« Demain, je verserai des pleurs. »

C. L. MOLLEVAUT (1).

PENSÉE DE MARC-AURÈLE.

Cléon me hait, c'est son affaire.
La mienne, à moi, c'est d'être bienveillant,
Doux, sensible, compatissant,

Et de voir en tout homme un frère.

SUR UNE INDISCRÈTE.

J'ignore pourquoi l'on s'étonne
Que Lise ait peine à garder un secret:
Ne sait-on pas que la belle, en effet,
N'a rien de caché pour personne?

SUR UN PRÉDICATEUR.

Que pensez-vous, dame Arabel
De ce prédicateur famenx?

Je n'en sais rien, répondit-elle :

Il parlait de la main, je l'écoutais des yeux.

(1) M. Mollevaut vient de publier quatre volumes de poésies; les traductions en vers de Tibulle, Catulle et Properce. Ce morceau fait partie du quatrième volume, renfermant quatre livres d'élégies du même auteur.

ENIGME.

Quoique du sexe féminin,....

Mon nom, lecteur, est masculin ;

Trois de mes sœurs sur cinq entrent dans les affaires,
Et font ainsi que moi subsister les notaires.
Présente en toute occasion,

J'aide à dire le oni, j'aide à dire le non.
La dernière de nous s'applique à la coutume
Ainsi que moi. Pouvant faire fortune,

Elle et moi formons chaque jour

Le louable projet de briller à la cour.

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De la forcer à s'en défaire.
Il est plaisant dans l'instrument
Qui bondit, saute et s'évertne
Sur le pavé scabreux d'une rae.
Il est joli, doux et charmant

Dans cet insecte au vol rapide,

Au jen badin, à l'oeil saillant,

Aux diverses couleurs, au corps luisant,
Qui promène sa bouche avide

Sur l'herbe tendre ou le bourgeon naissant.
J'ai dix pieds, lecteur indulgent,
Ou d'abord sur deux j'ai six faces,
Sur un très-petit corps dur et carré,
Admis au jeu de vingt-un points marqué;
On me jette, je roule, on suit mes traces ;
Et, dès qu'on me voit arrêté,
Je suis pris et soudain compté
Par le sourire ou la grimace;
Ensuite sur trois, je me place
Comme le chef des pronoms personnels;
Et puis sur cinq, avec des sels,
Purgatifs ennemis de certaine matière,
Je pousse gravement une décharge entière
corps mal digérés ou naturels.

De

BONNARD, ancien militaire.

Mots de l'Enigme, de la Charade et du Logogriphe insérés dans le dernier numéro.

Le mot de l'énigme est Tenèbres.

Le mot de la charade est Branle-bas.

Le mot du logogriphe est Spectre, dans lequel on trouve Sceptre.

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