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ÉNIGME.

Am de Joconde.

Ma femme veut, bon gré, mal gré,
Faire tout à la sienne,

Et prétend, d'an ton assuré,

Ne rien faire à la mienne.

Quand elle entre dans ses accès,
Telle est enfin la sienne,

Qu'il me faut, pour avoir la paix,
Lui soumettre la mienne.

m

LOGOGRIPHE.

Sur six pieds je me tiens; si tu les décomposes,
Tu trouveras de l'or, de la soie et des roses.

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Mots de l'Enigme, de la Charade et du Logogriphe insérés dans le dernier numéro.

Le mot de l'énigme est Ceinturon.

Le mot de la charade est Charpente.

Le mot da logogriphe est Tableau, dans lequel on trouve Eau, Table, Bal, Abel, Aube, Beau, Bateau.

INSTRUCTION PUBLIQUE.

Des débris trop nombreux qu'un esprit destructeur se plut à accumuler dans les temps d'anarchie, se sont formés plusieurs établissemens, qui, perfectionnés de nos jours, paraissent aux moins enthousiastes aussi merveilleux qu'imposans.

Tel est celui surtout de l'École royale Polytechnique. Trois cents jeunes gens, voués au service de l'état, y sont admis d'après des examens déjà sévères. Ils reçoivent des premiers maîtres, pendant plusieurs années dans la capitale du monde savant, une instruction aussi utile qu'elle est étendue et variée.

Celles des services publics établies par nos rois, désorganisées lors de la révolution, se voient abandonnées des élèves et des maîtres.

De ces derniers, les uns prirent le parti des armes ; les autres, et les plus habiles, suivant une vocation heureuse pour l'instruction et les sciences, se réunirent au milieu des orages, et créèrent l'établissement dont nous parlons.

Bientôt une jeunesse nombreuse se rassembla autour d'hommes dont la renommée publiait les talens.

Le gouvernement, menacé d'une terrible invasion, sentit le besoin de former à l'état des défenseurs éclairés; il applaudit aux projets des savans; et cette Convention, de hideuse mémoire, jeta les fondemens de la plus brillante et la plus utile des écoles que le monde ait vues.

Son décret du 11 mars 1794, qui porte l'établissement d'une commission des travaux publics, est ainsi conçu : Cette commission s'occupera d'une école centrale de » travaux publics, et du mode d'examens et de con» cours auxquels sont assujétis ceux qui voudront être employés à la direction de ces travaux. »

L'organisation en fut déterminée; mais l'ouverture de l'école n'eut lieu que le 21 décembre de la même année. Les concours s'ouvrirent dans vingt-deux villes de la France, et fournirent trois cent quatre-vingt-onze élèves. Le mode d'enseignement fut fixé par le décret du 26 no

vembre 1794; il a toujours eu deux branches principales, les sciences mathématiques et les sciences physiques. Les premières comprennent, 1°. l'analyse avec ses applications à la géométrie et à la mécanique; 2°. la géométrie descriptive, qui se divise en trois parties: Géométrie descriptive, architecture et fortifications, et à laquelle se trouve joint le dessin, comme un moyen peu rigoureux, il est vrai, mais souvent seul possible de decrire les objets.

Les sciences physiques renferment la physique générale et la chimie.

Ce qui distingue cet enseignement de tous ceux qui avaient été pratiqués jusqu'alors, c'est que les élèves travaillent dans l'intérieur mêine de l'école; qu'ils sont distribués par salles pour le dessin, la géométrie descriptive et l'étude de l'analyse; qu'ils ont des laboratoires pour s'exercer aux manipulations chimiques, et qu'ils exécutent de leurs propres mains les dessins, les calculs et les opérations chimiques qui ont été l'objet des leçons orales des professeurs; mais le plus grand service que rendra cette école à la société, c'est de resserrer à jamais par son enseignement les noeuds qui doivent unir les sciences spéculatives et les arts appliqués.

La discipline a changé, ainsi que son emplacement, à diverses époques, jusqu'à ce que l'un et l'autre aient été fixés par le décret du 16 juillet 1804. L'école fut transférée du palais Bourbon à l'ancien college de Navarre. Les jeunes gens y furent casernés, et soumis au régime militaire et de communauté. Les études, l'éducation, la santé, y ont trouvé de grands avantages; et pour la commodité de l'école, on a réuni au college de Navarre les anciennes dépendances de celui de Boncours.

La même ordonnance du 16 juillet y a créé quatre nouvelles chaires; mais celle de littérature, occupée si dignement par M. Andrieux, paraît surtout avoir complété le mode d'instruction de l'école polytechnique. Ce n'est pas que celle qu'on y donnait, quoique moins étendue, ne fût parfaite en soi dès son origine.

Cette école n'a pas eu d'enfans. Née au milieu des orages politiques, ses premiers fondateurs furent les pre

miers savans de la France, et ils se servirent, pour étendre et perfectionner les arts utiles, de toute l'énergie, de toute l'activité, de tout l'enthousiasme qui caractérisa cette époque, et qui, hors de l'enceinte de cet asile des sciences, était dirigé par des coeurs moins purs, et vers de moins nobles usages.

Aussi les grands hommes qui y ont professé d'abord, les Monge, les Fourcroy, les Lagrange, les Chaptal, et tant d'autres, ont-ils bientôt peuplé la France des sujets les plus distingués.

Leurs dignes successeurs, en suivant leurs traces, ont soutenu, dans l'Europe savante, la réputation que l'école s'était acquise sous ses premiers maîtres.

Après avoir passé individuellement en revue tous ceux de nos jours, et avoir payé à chacun le tribut d'éloges dû à son zèle et à ses talens, nous examinerons à quel heureux principe d'organisation cette école privilégiée en cela est redevable d'une succession non interrompue de professeurs d'un grand mérite.

M. le comte Dejean, militaire distingué, a l'honneur de gouverner cette illustre école, Aux éloges que nous nous plaisons à donner à l'intégrité de sa gestion, nous ajouterons cependant que, trop borné à ses devoirs, M. Dejean paraît craindre d'user pour l'avantage des élèves, du crédit dont il jouit auprès des hautes administrations. Cette froideur, sans nuire au respect, diminue l'attachement que lui porterait la reconnaissance, s'il s'empressait plus de la faire naître.

Du reste, successeur de M. de Sessac, M. le comte Dejean n'a pas à craindre de figurer, comme son prédécesseur, dans une caricature aussi piquante, dit-on, que caractéristique.

M. le baron Greiner, colonel d'artillerie, occupe la seconde place à l'école, et s'en montre digne par ses vertus; les dangers qu'il s'est fait un devoir, dans des temps critiques, de partager avec ses élèves, le leur ont pour jamais rendu respectable et cher.

Le directeur des études, M. Durivaux, ancien élève de l'école, chef de bataillon du génie, travaille sans cesse à augmenter la masse de ses connaissances, déjà très

considérables, et se repose en même temps de bien des soins sur M. Lebrun.

Celui-ci, inspecteur des études, membre de la légiond'honneur, est, depuis quatorze ans, employé à l'école. On ne saurait trop louer le zèle, les talens et les connaissances profondes et variées de cet estimable fonctionnaire, qui réunit au plus haut degré le respect et l'affection d'une jeunesse aussi éclairée. Il en est cependant qui désireraient en lui plus d'aménité, plus d'agrément dans les formes.

Six officiers, deux capitaines, deux lieutenans, deux sous-lieutenans, sont chargés de la surveillance. On se loue de quelques-uns d'eux, et particulièrement de M. Clément, homme actif et judicieux.

Les cours d'analyse sont confiés à MM. Amper et Poinsot, tous deux membres de l'institut. Le premier emploie tous ses talens pour bien remplir ses fonctions, et malgré quelques distractions fatigantes, quelques originalités même, il parvient à satisfaire des auditeurs que l'habitude des grands maîtres a dû rendre difficiles.

M. Poinsot, avec les talens les plus distingués, semble mettre plus de froideur à remplir les devoirs de sa place. Une santé délicate l'empêche de faire sa leçon aux heures qui lui sont assignées; et cette année il paraît vouloir se faire remplacer par M. Cauchy, ancien élève. Celui-ci donne les plus grandes espérances; mais, trop jeune encore, il ne peut avoir toutes les qualités nécessaires pour bien enseigner. D'ailleurs, il est à craindre que cet usage de mettre à sa place des espèces de doublures, tandis que l'on conserve ses appointemens, ne s'introduise, comme ailleurs, à l'école polytechnique. C'est un abus que nous sommes déterminés à signaler au public partout où nous le rencontrerons.

Un homme qui marche de pair avec ce qu'il y a de plus illustre en mathématiques, physique et astronomie, est M. Arago, ancien élève de l'école; célèbre par ses talens, ses travaux, ses ouvrages, il l'est encore par les dangers que lui ont fait courir les craintes ridicules d'un peuple imbécile, chez lequel il allait faire des observations astronomiques. Etaient-ce des Caffres, des Iroquois, ou des

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