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garde royale. L'armateur, en écoutant les deux fermiers, croit qu'il y a deux Boulanville, et hésite; cependant, quand il est bien convaincu que ce Boulanville est le même homme qu'on vante et déchire à la fois, il hésite encore. Il faut qu'une madame de Vertbois, veuve surannée, a qui Boulanville a souscrit une promesse de mariage, vienne exprès pour dénouer une intrigue qui, certes, n'était pas encore nouée.

Quatre rôles inutiles, des longueurs assommantes, un style traînant et diffus, des allées et des venues, tels sont, Monseigneur, les défauts de cet ouvrage. Il y a dix ans que M. Picard aurait tiré un tout autre parti de cette donnée, lui qui, sous le rapport de l'esprit et de la gaîté, a fait si souvent ses preuves. Cet auteur, malbeureusement trop fécond, ne devrait plus s'occuper aujourd'hui que du soin de retoucher ses anciens ouvrages, qui se ressentent toujours de la précipitation avec laquelle il les a composés. Je connais une trentaine de ses pieces dont la majeure partie a été exclue de son théâtre, qu'il a fait imprimer il y a trois ans, et qui offrent des scènes excellentes de comédie. Les circonstances ont fait vieillir certains détails qui ne sont plus à la portée du public du jour; mais rien ne l'empêcherait, pour donner plus d'action à ses ouvrages, en général faiblement intrigués, de refondre plusieurs de ses pièces en une. Les situations de son Médiocre et Rampant, par exemple, et de ses Marionnettes, ne sont qu'effleurées; en les creusant davantage, nous aurions deux bonnes comédies de plus.

Je ne terminerai pas ma lettre, Monseigneur, sans vous dire que le Roi et son auguste famille, mercredi dernier, ont honoré de leur présence le théâtre de l'Opéra-Comique. On donnait Jean-de-Paris et le Roi et la Ligue. Je vous laisse à penser si l'assemblée brillante et nombreuse a saisi avec empressement tous les mots heureux qui pouvaient s'appliquer aux circonstances. Des cris unanimes de Vive le Roi! ont souvent fait retentir les voûtes de la salle, trop petite pour contenir la foule empressée de partager la joie de ceux qui ont été assez heureux pour contempler les traits du petit-fils de Henri.

On assure que le théâtre royal de l'Odéon doit incessamment jouir de la même faveur.

MÉLANGES.

-La chambre qu'a habitée, dans la prison de la Conciergerie, l'auguste épouse de Louis XVI, a été transformée, d'après les ordres et par les soins de S. Exc. le ministre de la police, en une chapelle desservie par l'abbé Montès, chapelain des prisons,

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-Le de ce mois, au moment où le Roi traversait la salle des maréchaux pour se rendre à la messe, deux jeunes gens de la garde nationale lui ont remis une pétition, dont l'objet était de supplier S. M. d'accorder à David la permission de rester en France. Cette pétition est signée de tous les élèves de ce peintre et de plusieurs personnes distinguées par leur rang et par leur goût pour les beaux-arts. Le Roi a daigné la recevoir avec cette grâce touchante qui le caractérise, et a promis d'y jeter les yeux.

-Madame de Staël s'occupe à Rome de deux ouvrages: l'un est intitulé: De la Société, l'autre est un poëme épique qui paraîtra sous le titre de Richard Cœur-deLion.

- L'infant don Carlos a pris possession, le 8 janvier, en qualité de chef principal de l'académie royale de Saint-Ferdinand, à Madrid, en vertu du décret de Sa Majesté.

- Voici l'inscription proposée par M. Puymaurin, député du département du Nord, pour le monument qui sera érigé à la mémoire de Louis XVI:

LUDOVICO DECIMO SEXTO,
A scelestis impiè obtruncato,
Gallia liberata, rediviva,

Morens,

Hoc luctus monumentum

Consecrat.

S. M. a daigné, par l'organe de M. Dambray, chancelier de France, faire écrire à M. Puymaurin qu'elle avait trouvé cette inscription parfaite, et tellement digne du sujet, qu'elle inclinait à la préférer à toutes les

autres.

-L'institut des Sourds-Muets, à Groningue, a célébré, dans le courant de janvier, son jubilé de 25 ans. M. H. D. Guyot, actuellement professeur honoraire de l'Académie de Groningue, digne émule de son célèbre instituteur l'abbé de l'Epée, marche glorieusement sur ses traces. Il jeta les fondemens de ce précieux établissement en 1790, sans autres ressources que son zèle et le concours de quelques habitans généreux.

- Le 6 janvier, il est mort à Varsovie, à l'âge de 125 ans, François-Ignace Narodzky, gentilhomme polonais. Il s'était marié en secondes noces à l'âge de 92 ans; une fille, qui vit encore, est le fruit de ce mariage. En 1806, le gouvernement polonais lui accorda une pension de 3000 florins, que l'empereur Alexandre a continué de lui faire payer jusqu'à sa mort.

Un autre centenaire, âgé de 143 ans, appelé Salomon Niblet, est mort, le 15 novembre dernier, dans le détroit de Saint-Laurent; il avait conservé toutes ses dents et une vue assez bonne. Quelques jours avant sa mort, il se rendit à une partie de chasse, où il tua un cerf.

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Le grand-seigneur a, par un chatti-schérif, ou écrit de sa propre main, confirmé le prince de Valachie dans sa dignité, et lui a fait présent, en témoignage de sa satisfaction pour ses importans services, d'un étalon arabe caparaçonné dans le goût asiatique, et d'une pelisse de martre-zibeline, que sa Hautesse avait portée distinction dont on ne se rappelle pas qu'aucun prince chrétien de Valachie ait jamais été honoré.

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M. Charles Mauri, secrétaire intime de S. S., vient d'être nommé membre de l'académie de Rome.

Oa construit depuis trois mois, dans la ville de

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Limmerick, en Irlande, une nouvelle église pour le cou vent des Dominicains. La première pierre de cet établis sement catholique a été posée par le révérend père Patrice Gibbons, provincial des Dominicains établis dans cette partie du Royaume-Uni.

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- Le célèbre graveur Reinier Vinkeles, membre de l'Institut des Pays-Bas, est mort le 30 janvier, à Amsterdam, à l'âge de soixante-quatorze ans.

-Le journal de la Haute-Marne confirme la chute d'aérolithes, près de Langres, qu'il avait d'abord révoquée en doute. Tite-Live (liv. 21, ch. 62) parle d'une pluie de pierres qui tomba dans le Picénum, l'an de Rome 524, et avant Jésus-Christ 218. Il rend compte des expiations qui furent faites à ce sujet, des craintes que cet événement inspira, des prières, des sacrifices qui eurent lieu. Annibal avançait alors dans l'Italie.

ANNONCES..

Souscription pour une médaille en l'honneur de Malherbe, proposée par M. Pierre-Aimé Lair, membre de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen.

Depuis long-temps on désirait qu'il fût élevé un monument à la mémoire de Malherbe. On avait particulièrement manifesté ce désir dans la ville de Caen, qui se glorifie d'avoir donné naissance à ce grand poëte. Mais la difficulté et presque l'impossibilité de trouver en ce moment les fonds nécessaires pour réaliser ce projet, nous a fait concevoir l'idée d'un hommage simple, et peut-être plus durable que les monumens d'architecture. Nous avons résolu de faire frapper une médaille en l'honneur de notre illustre compatriote. Une médaille a l'avantage de circuler et de se répandre au loin avec facilité et sans éprouver d'altération; elle survit aux révolutions de tout genre. L'exécution de celle que nous proposons a été confiée à M. Gatteaux fils,

ancien pensionnaire de France à l'École de Rome, graveur déjà connu par d'autres ouvrages qui réunissent le mérite du travail à l'intérêt du sujet. D'un côté sera représenté le buste de Malherbe, autour duquel on lira cette inscription: A Malherbe, né à Caen en 1555; et au bas: La ville de Caen, 1815. Sur le revers seront tracés une couronne de laurier et une lyre, avec l'hémistiche fameux : Enfin, Malherbe vint. Le prix de la médaille en bronze est fixé à 5 fr. Puissent nos concitoyens et tous les amis des lettres seconder un projet qui tend à honorer le premier de nos poëtes lyriques, et à rendre un juste hommage au père de la poésie française.

A Caen, ce 25 février 1815.

Se trouve à Paris, chez Blaise, quai des Augustins, no.61.

Itinéraire descriptif, ou Description routière, géographique, historique et pittoresque de la France et de l'Italie. Troisième partie, région du Nord; par V. de Villiers, inspecteur des postes-relais, associé correspondant de plusieurs académies.

Prix : 3 fr. 50 c. avec la carte.

A Paris, chez l'éditeur, au bureau de l'Almanach du Commerce, rue J. J. Rousseau, n°. 20; Potey, libraire, rue du Bac, no. 46; Bailleul, imprimeur, rue SainteAnne, no. 71; Latour, libraire, grande cour du PalaisRoyal.

Bibliographie étrangère, ou Répertoire méthodique des ouvrages intéressans en tous genres, qui ont paru en langues anciennes et modernes dans les divers pays étrangers à la France, pendant les années 1811 à 1815. Un vol. in-8°. Prix : 3 fr. 60 c., et 4 fr. franc de

port.

Paris, chez Treuttell et Vurtz, libraires, rue de Bourbon, n°. 17; et à Strasbourg, même maison de commerce, rue des Serruriers.

Catalogue systématique et raisonné de la nouvelle littérature française, ou Résumé général des livres nouveaux en tous genres, cartes géographiques, gravures et euvres de musique, qui ont été publiés en France dans

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