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Vainement des démons la noire jalousie

Souleva pour
le perdre et l'Afrique et l'Asie ;
Aidé de l'Éternel, sous les saints étendards,
Il réunit enfin ses compagnons épars.

O toi, qui sur ce mont illustré par la fable,
Ne te décores point d'un laurier périssable;
Mais, le front couronné de soleils radieux,
Présides aux concerts des habitans des eieux,
Muse, environne-noi de tes brillantes ailes,
Répands sur mes écrits tes clartés immortelles y
Et pardonne à mon art si d'un lustre emprunté
J'embellis quelquefois l'austère vérité !

Tu sais que, de tout temps, l'heureuse poésie
Des volages mortels captiva le génie,
Et que, par le secours de ses chants séducteurs,
La vertu peut dompter les plus rebelles cours.
Telle d'un peu de miel la douceur mensongère
Déguise au jeune enfant les sucs d'une herbe anière ;
Credule, il boit la coupe avec avidité,

Et poise dans ses flancs la vie et la santé.
Toi, généreux Alphonse, âme tendre et sublime,
Qui répares les maux dont je fus la victime,
Et qui, me dérobant aux caprices du sort,
A travers mille écueils m'as conduit dans le port;
Reçois d'un front serein et d'un œil d'indulgence
Ces vers que je consacre à la reconnaissance.
Peut-être un jour viendra que ma timide voix
Sur de plus nobles tons chantera tes exploits;
Et si jamais du Christ la nation fidèle
Peut goûter les douceurs d'une paix fraternelle,
Et tente de ravir aux cruels Sarrasins
L'auguste monument arraché de nos mains,
Qui peut te disputer le sceptre de la guerre,
Et l'empire de l'onde on celui de la terre ?
Emule glorieux des princes dont tu sors,
Écoute cependant nos sévères accords,

TIRKVBA

Déjà, cinq ans et plus, nos légions guerrières
Avaient dans l'Orient déployé leurs bannières,
Et Nicée, Antioche, et Tortose à la fois,
Respectaient, dans nos fers, l'étendard de la croix.
En vain pour délivrer leurs superbes murailles,
La Perse avait tenté le destin des batailles ;
Vainqueurs de ses efforts, à l'abri des autans,
Les Chrétiens attendaient le retour du printemps,
Et des mers en courroux grondait encore l'abîme,
Lorsque le Tout-Puissant, de son trône sublime,
Qui s'élève au-dessus de la voûte des airs
Autant que le soleil au-dessus des enfers,
Regarde, et sur-le-champ voit réunis ensemble
Tous les divers objets que le monde rassemble;
Et de cet oeil qui va jusqu'au fond de nos cœurs,
Épier le secret des humaines erreurs,

Il voit l'heureux Bouillon, transporté d'un saint zèle,
N'aspirer qu'à l'honneur de venger sa querelle,

Et plein de fermeté, de constance et de foi,
Travailler sans relâche an règne de sa lới;
Mais Baudouin lui découvre une âme intéressée,
Sans cesse loin du ciel égarant sa pensée.
Il voit Tancrède, épris d'an malheureux amour,
Détester en secret la lumière du jour;
Tandis que dans les mars d'Antioche conquise,
Oubliant des Chrétiens la pieuse entreprise,
Boërnond, tout entier au soin de sa grandeur,
Introduit cependant le culte du Sauveur;

Et, sur la paix, les arts, les mœurs et la justice,
D'un état florissant élève l'édifice.....

mm

LE JOUR DE FÊTE ET LE JOUR OUVRIER,

FABLE.

Le Jour de Féte, après un splendide festiu,
Était ivre à la fois de plaisir et de vin;

Portant veste,

En riche et bel habit, escarpins, bas de soie,
Il est heurté soudain par le Jour Ouvrier,
sabots, bonnet et tablier.
Gare, manant, dit-il : quel rastique équipage?
Veux-ta, ur me salir, rester sur mon passage?
Pourquoi, dit celui-ci, mépriser nos travaux ?
Tu leur dois tous tes biens, ton luxe et ton repos.
Nous filons tes habits, nous cousons ta chaussure;
Nous labourons le champ qui fait ta nourriture,
Nous foulons le raisin qui trouble ton cerveau :
Sans nous tu serais nu et tu boirais de l'eau.
Le Jour de Fête, un peu confus de l'aventure,
Court, poursuit ses plaisirs, et, loin de la nature,
N'éprouve que dégoût, regrets, fatigue, ennui.
L'autre, après le travail, retourne à sa masure,
Et trouve le bonheur qui l'attendait chez lui.

Malheur au riche, au grand, dont l'injuste caprice
Insulte l'artisan, l'honnête laboureur ;

Il ne vit, ne jouit que par leur seul labeur.

C'est un enfant ingrat qui maudit sa nourrice.

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Ce qui ne doit servir qu'au bien de la patrie,
Et qu'à la gloire de l'état.

LOGOGRIPHE.

Je suis un composé de sept membres ntiles,
Et l'on me voit dans les cours, dans les villes;
J'étale des mortels l'art le plus séduisant:
Tantôt je suis badin et tantôt je suis sombre;
Je suis galant et sérieux;

Chez moi l'on voit des hommes et des dieux,
Et je dois mon éclat à l'ombre.

Dans mon corps est un élément,

Qu'un suppôt de Bacchus hait jusqu'au monument;
Mais l'on y trouve aussi ce que tout parasite

Préfère à l'honneur, au mérite.

J'offre encore un lieu plein d'appas,
Où les plaisirs naissent avec les pas.

On trouve dans mon sein un frère pacifique

Que son aîné cruellement

Fit périr sous les coups da plas vil instrument;

De plus, deux notes de musique,

Un ornement d'église éclatant de blancheur,

Un mot qui n'a point de laideur,

Une voiture sur la Seine

Qui porte les badauds de Paris à Saint-Cloud,

Et puis tant d'autres mots ; mais ne t'en mets en peine, Et crois, lecteur, que c'est là tout.

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Quand mon premier roule sur mon dernier,

Arrête, op gare la culbute;

Mais si mon tout s'abat, c'est bien une autre chuté:

Adien la cave et le grenier.

Mots de l'Enigme, de la Charade et du Logogriphe insérés dans l'avant-dernier numéro.

Les mots des deux énigmes sont ombre et les heures d'un cadran. Le mot du logogripho-charade est amie, dans lequel on trouve mi

et mie.

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Personne n'est assez dépourvu de bon sens et de

pu

deur pour oser blâmer crûment et sans détour la bonté; on se montrerait trop méprisable si on refusait son estime à cette vertu; trop insensible si on blåmait la plus aimable des qualités du cœur, et trop ignorant de sa langue, si on dénaturait assez le sens des mots, pour prendre en mauvaise part une expression qu'on est forcé d'employer pour désigner tout ce qui est bien, tout ce qui plaît, tout ce qui excelle, tout ce qu'on aime,

«Tous les peuples, dit Cicéron, varient dans leurs >> cultes; mais est-il un peuple sur la terre qui ne res» pecte pas la bonté, la douceur, la reconnaissance, » et qui n'ait pas en horreur l'orgueil, la méchanceté, l'ingratitude et la cruauté? »

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que

Je conviens que les hommes ne sont pas assez déhontés pour mépriser publiquement un objet si respectable la bonté; mais ce qu'ils ne hasardent pas tout haut ils le disent tout bas: ils font un détour pour l'attaquer, n'osant s'y prendre de front; et s'ils n'ont pas l'audace de la blâmer, ils n'ont que trop d'adresse de la tourner en ridicule.

La bonté n'est plus à leurs yeux la fille de la justice: c'est le produit de la simplicité et de la faiblesse, de la crainte; et, s'ils n'ont point encore la hardiesse de prendre en mauvaise part l'expression d'homme bon, ils en sont déjà venus au point de rendre ridicule celle de bon homme. De sorte que l'usage ne donne plus guère

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