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places fortes; conquis la partie la plus riche du Piémont; vous avez fait quinze mille prisonniers, tué ou blessé plus de dix mille hommes.

Vous vous étiez jusqu'ici battus pour des rochers stériles, illustrés par votre courage, mais inutiles à la patrie; vous égalez aujourd'hui, par vos exploits, l'armée conquérante de Hollande et du Rhin. Dénués de tout, vous avez suppléé à tout; Vous avez gagné des batailles sans canons, passé des rivières sans ponts, fait des

force des idées, l'énergie et la concision des paroles, sont dignes des beaux jours de Lacédémone: et, ce qu'il y a de remarquable, dans les dernières surtout, c'est que lorsque Napoléon arrrivé à l'empire, abandonna, à mesure qu'il s'affermissait sur le trône, ces grandes pensées de liberté et de patrie; ses proclamations ne perdirent rien en élévation et en chaleur, et le despote eut l'art d'émouvoir les soldats pour lui seul, comme il les entraînait pour la défense de la république, dans les campagnes d'Italie et d'Égypte.

Les proclamations que nous avons cru devoir laisser dans la Correspondance militaire, sont indiquées ici à leur rang par un renvoi au volume et à la page, afin que le lecteur puisse rétablir, s'il le veut, l'ordre chronologique. (Édit.)

marches forcées sans souliers, bivouaqué sans eau-de-vie et souvent sans pain. Les phalanges républicaines, les soldats de la liberté, étaient seuls capables de souffrir ce que vous avez souffert. Grâces vous en soient rendues, soldats ! La patrie reconnaissante vous devra en partie sa prospérité; et si, vainqueurs de Toulon, vous présageâtes l'immortelle campagne de 1793, vos victoires actuelles en présagent une plus belle encore.

Les deux armées qui naguère vous attaquaient avec audace, fuient épouvantées devant vous; les hommes pervers qui riaient de votre misère, se réjouissaient dans leurs pensées des triomphes de vos ennemis, sont confondus et tremblans.

Mais, soldats, il ne faut pas vous le dissimuler, vous n'avez rien fait, puisqu'il vous reste encore à faire. Ni Turin, ni Milan ne sont à vous; les cendres des vainqueurs des Tarquins sont encore foulées par les assassins de Basseville.

Vous étiez dénués de tout au commencement de la campagne, vous êtes aujourd'hui abondamment pourvus; les magasins pris à vos ennemis sont nombreux ; l'ar

tillerie de siége et de campagne est arrivée. Soldats, la patrie a droit d'attendre de vous de grandes choses justifierez-vous son attente ? Les plus grands obstacles sont franchis, sans doute; mais vous avez encore des combats livrer, des villes à

prendre, des rivières à passer. En est-il d'entre vous dont le courage s'amollisse ?. en est-il qui préféreraient de retourner sur les sommets de l'Apennin et des Alpes, essuyer patiemment les injures de cette soldatesque esclave? Non, il n'en est pas parmi les vainqueurs de Montenotte, de Millesimo, de Dégo et de Mondovi; tous brûlent de porter au loin la gloire du peuple français; tous veulent humilier ces rois orgueilleux qui osaient méditer de nous donner des fers; tous veulent dicter une paix glorieuse, et qui indemnise la patrie des sacrifices immenses qu'elle a faits; tous veulent en rentrant dans leurs villages, pouvoir dire avec fierté: J'étais de l'armée conquérante de l'Italie...

Amis, je vous la promets, cette conquête ; mais il est une condition qu'il faut que vous juriez de remplir, c'est de res

pecter les peuples que vous délivrez, c'est de réprimer les pillages horribles auxquels se portent des scélérats suscités par vos ennemis ; sans cela vous ne seriez pas les libérateurs des peuples, vous en seriez les fléaux; vous ne seriez pas l'honneur du peuple français, il vous désavouerait : vos victoires, votre courage, vos succès, le sang de nos frères morts aux combats, tout serait perdu, même l'honneur et la gloire. Quant à moi, et aux généraux qui ont votre confiance, nous rougirions de commander à une armée sans discipline, sans frein, qui ne connaîtrait de loi que la force. Mais, investi de l'autorité nationale, fort de la justice et par la loi, je saurai faire respecter à ce petit nombre d'hommes sans courage et sans cœur, les lois de l'humanité et de l'honneur qu'ils foulent aux pieds. Je ne souffrirai pas que des brigands souillent vos lauriers ; je ferai exécuter à sa rigueur le réglement que j'ai fait mettre à l'ordre; les pillards seront impitoyablement fusillés; déjà plusieurs l'ont été : j'ai eu lieu de remarquer avec plaisir l'empressement avec lequel les bons soldats de l'armée se sont portés pour faire exécuter les ordres.

Peuples de l'Italie, l'armée française vient pour rompre vos chaînes ; le peuple français est l'ami de tous les peuples; venez avec confiance au-devant d'elle; vos propriétés, votre religion et vos usages seront respectés.

Nous ferons la guerre en ennemis généreux; et nous' n'en voulons qu'aux tyrans qui vous asservissent..

BONAPARTE.

Au quartier général à Milan, le 1er prairial an 4

SOLDATS !

(20 mai 1796).

Vous vous êtes précipités, comme un torrent, du haut de l'Apennin; vous avez culbuté, dispersé tout ce qui s'opposait à votre marche.

Le Piémont, délivré de la tyrannie autrichienne, s'est livré à ses sentimens naturels de paix et d'amitié pour la France.

Milan est à vous, et le pavillon républicain flotte dans toute la Lombardie. Les ducs de Parme et de Modène ne doivent leur existence politique qu'à votre générositć.

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