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proportionnelles pour fevir contre la licence & les défordres, pour arrêter les crimes, & punir fans rémiffion les criminels.

Ledevoir des Cenfeurs embraffoit tout; leurs fonctions étoient d'éclairer & de rendre compte de la vie & des mœurs de tout citoyen, comme de chaque foldat " & de noter d'infamie tous ceux qui l'avoient mérité, même dans l'ordre équef tre, & dans celui des Sénateurs.

« Cenforum officium erat defcribere » cujufque militis mores & vitam, & » ignominiâ notare quemque civem, etiam >> eos qui fenatorii aut equeftris effent >> ordinis ».

De militia Romanâ, pars III, Lib. z, cap. 9, pag. 40.

Dans Rome on examinoit la conduite des Patriciens & des Chevaliers, avec la même févérité que celle des gens du peuple, & les hommes en place ufoient fans égard & fans partialité de toute l'au

torité de leur charge pour réprimer les vices. Doux fans foibleffe, & ferme fans auftérité, Scipion dans fa cenfure lutta contre les mauvaises mœurs & les abus de toute efpece qui s'introduifoient dans le fervice militaire & dans Rome, mais fans jamais croire devoir s'en rapporter à lui feul, lorsqu'il s'agiffoit de flétrir un citoyen; nous en avons une preuve dans la maniere dont il fe conduifit à l'égard d'un Chevalier Romain, qui fe nommoit C. Licinius Sacerdos. Dans la revue des Chevaliers, lorfque le tour de celui-ci fut venu de fe préfenter devant les Cenfeurs, Scipion dit à haute voix : Je fçai que Licinius s'eft parjure, & fi quelqu'un veut l'accufer, je fervirai de témoin. Personne ne fe présenta. Alors Scipion adreffant la parole à Licinius, lui ordonna de passer. Je ne vous noterai point, lui dit-il, afin qu'il ne foit pas dit que j'ai fait à votre égard les fonctions d'accufateur, de témoin & de Juge. Sur quoi Ciceron fair cette réflexion:

C.

Itaque is cujus arbitrio & populus » Romanus, & exteræ gentes contentæ » effe confueverant, ipfe fuâ confcientiâ » ad ignominiam alterius contentus non » fuit »>.

Cicer. pro cl. n°. 134.

Quoique le fervice fût rude fous Papirius Curfor, & qu'il fût très-févere pour la difcipline, parce qu'il étoit lui-même accoutumé & endurci au travail, on raconte de lui un fait affez plaisant :

Un Préteur de Prénefte qui fervoit parmi les Alliés, ayant reçu ordre dans une bataille de faire avancer fes troupes aux premiers rangs', n'avoit obéi que lentement & nonchalamment, par la crainte du danger. Après le combat Papirius fe promenant devant la tente de cet Offcier, le manda. Lorfqu'il le vit arrivé il ordonna à un Licteur de préparer fa hache. A ce mot, le Préneftin trembla de tout fon corps. Papirius, qui ne vouloit que lui en faire la peur, dit au Lic

teur, viens couper cette racine, qui embaraffe le chemin où nous fommes, & le condamna feulement à une amende. Le Préneftin fe retira, bien content d'en être quitte pour une légere fomme d'argent. Hift. Rom. tom. III, pag. 219.

« On corrompt l'office de commander, >> dit Montaigne, quand on y » obéit par » discrétion, non par subjection. Et P. » Craffus, celui que les Romains eftime» rent cinq fois heureux, lorfqu'il étoit » en Afie Conful, ayant mandé à un In» génieur Grec de lui faire mener le plus » grand des deux mas de navire qu'il avoit » vu à Athenes, pour quelque engin de » batterie qu'il en vouloit faire; celui-ci, » fous titre de fa fcience, fe donna loi » de choisir autrement, & mena le plus petit, &, felon la raifon de l'art, le » plus commode. Craffus ayant patiem» ment ouï fes raifons, lui fit très-bien » donner le fouet, eftimant l'intérêt de

» la

» la difcipline plus que l'intérêt de l'ou

>> vrage».

Effais de Montaigne.

La difcipline des Romains ne fouffroit ni retard, ni relâchement, ni la moindre injuftice; cette difcipline étoit quotidienne & graduelle, quotidiè . . . . . & à primo ufque ad ultimum.

Si les Tribuns avoient le droit de punir les foldats, les Confuls avoient ce droit fur eux-mêmes, & ainfi de grade en grade, foit en defcendant, foit en remontant, du foldat au Dictateur, & toujours avec connoiffance de caufe, & avec les formes les plus égales & les plus équitables. La juftice étoit prompte, une & distributive. Le feul Général, le feul Chef fuprême de l'armée pouvoit punir, fans informer, fans inftruire, & fans Confeil de guerre.

<< Pœnas irrogandi jus habebant in mi» lites Tribuni, in Tribunos Confules, >> in focios Præfecti....... ... hoc tamen spectabat maximè ad fummum exercitûs

L

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