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lourds, il est indispensable d'assurer les moyens de les manœuvrer rapidement et facilement.

Le nombre des roues que possède un grand chemin de fer est considérable. Un atelier doit posséder un emplacement spécial pour leur réception et leur emmagasinement. Cet emplacement, désigné sous le nom de parc à roues, reçoit une trèsgrande longueur de voies, pour lesquelles il suffit d'employer des rails du plus petit modèle, ou même de simples barres de fer pesant quelques kilogrammes le mètre courant.

Machines accessoires. Grues de toute nature.

Nous ve

nons de dire que toutes les pièces à travailler étaient généralement lourdes; un atelier doit, dès lors, comprendre un grand nombre de machines élévatoires. Nous citerons les principales.

A l'extérieur des bâtiments:

Grues à pivot pour soulever une machine ou un tender et remplacer une paire de roues ;

Grues à chariot et à fosse pour le même travail. On évite, au moyen de ces appareils, de soulever des fardeaux aussi lourds qu'une machine; mais il faut creuser de grandes fosses, dont la présence dans un atelier est toujours une cause d'accidents. Avec les machines de montagne qui pèsent 50 à 56,000 kilogrammes, il vaut mieux employer les fosses que les grues. A l'intérieur des bâtiments:

Grues tournantes à pivot pour présenter les pièces sous les machines-outils;

Grues roulantes parcourant l'atelier dans toute sa longueur; Chariots roulants sans grue;

Treuil universel.

Le treuil universel est un instrument dont l'emploi se généralise dans les grands ateliers; il permet le mouvement d'une pièce à travailler dans tous les sens, longitudinal, transversal et vertical.

Cet appareil se compose essentiellement de deux poutres

transversales qui peuvent glisser sur des galets placés à la partie supérieure des murs longitudinaux de l'atelier; sur ces poutres roule un chariot qui lui-même porte un treuil. On conçoit dès lors qu'un objet suspendu à la corde de ce treuil puisse occuper un point quelconque dans l'atelier.

Une seule machine à vapeur suffit pour imprimer le mouvement à ces divers organes, et nous avons vu un treuil universel assez puissant pour manœuvrer un poids de 25,000 kilogrammes.

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La

Dispositions à prendre pour combattre les incendies. proximité des chaudières à vapeur, des forges, des fours à souder ou à réchauffer, les approvisionnements de matières grasses, de fagots pour l'allumage des machines, en un mot l'emploi de la chaleur comme force place, au point de vue des chances d'incendie, les ateliers de construction et de réparation des machines dans une situation particulièrement défavorable, et il importe de prendre des dispositions spéciales pour combattre ce genre de sinistres, et surtout pour en empêcher le développement.

Autant que possible, les bâtiments des chaudières doivent être séparés des bâtiments principaux. Il en est de même des dépôts de matières combustibles: il faut les isoler, et, dans certains cas, les mettre aussi loin de l'atelier que le permettent les superficies acquises. Des murs en maçonnerie de briques ou de moellons doivent être construits de façon à établir un certain nombre de séparations dans l'ensemble des constructions. Enfin un réseau de conduites d'eau en communication constante avec un réservoir élevé doit sillonner toutes les cours et présenter sur son parcours un nombre suffisant de bouches à incendie.

Il est indispensable aussi que les hommes des ateliers soient familiarisés avec l'usage des pompes à incendie; et il convient à cet égard de les répartir en brigades et de les exercer assez fréquemment pour qu'à la moindre alerte chaque homme soit à son poste et sache ce qu'il a à faire. Les bouches à incendie,

les pompes, les seaux, les agrès, doivent être constamment visités et entretenus. Nous avons vu de grands ateliers dans lesquels les robinets sont manœuvrés chaque jour.

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Orientation et ventilation des ateliers. L'orientation des ateliers ne saurait être négligée, surtout pour les ateliers d'ajustage. Il faut, autant que possible, qu'une lumière régulière tombe sur la pointe de l'outil; de larges fenêtres ouvertes sur le nord répondent le mieux à ce besoin. Dans tous les cas, rien ne saurait être négligé pour assurer la clarté des ateliers. Si les fenêtres sont un peu élevées, il faut que l'appui intérieur soit coupé en biseau très-allongé, de manière à ne laisser dans l'ombre qu'un angle très-petit.

Le chauffage au moins partiel et la ventilation des ateliers demandent à être étudiés avec grand soin; dans les ateliers qui donnent des poussières nuisibles, dans les aiguiseries de cuivre ou d'acier, il importe de prendre des mesures pour l'entraînement rapide à l'extérieur des parcelles métalliques dont l'inspiration cause de graves désordres chez les hommes qui vivent dans un semblable milieu.

Enfin, il faut donner aux cours de grandes dimensions, et cette disposition n'entraîne généralement aucune dépense, parce que ces cours peuvent être utilisées pour les grues extérieures, les parcs à roues, les approvisionnements de certaines matières premières, l'emmagasinement des déchets, etc.

En résumé, on trouvera toujours un avantage certain à placer les ouvriers d'un atelier dans les meilleures conditions pos. sibles d'espace, de lumière, d'aération; le travail sera mieux surveillé et tout naturellement mieux fait que dans les anciens ateliers, où les ouvriers pressés les uns contre les autres se gênent mutuellement.

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Considérations générales sur les machines-outils. - L'emploi des machines-outils a fait depuis quelques années des progrès considérables dans toutes les industries, et on ne saurait méconnaître la révolution qui se fait chaque jour dans le travail. Les machines font mieux, plus vite et à meilleur marché que l'homme; mais, contrairement à toutes les craintes qui ont été plusieurs fois formulées, l'introduction des machines, loin de diminuer la quantité de travail, l'a augmentée dans une proportion que personne n'avait su prévoir le labeur ingrat et mécanique, autrefois demandé à l'ouvrier, est exercé aujourd'hui par une machine, et, dans la tâche à accomplir, l'homme conserve ce qui exige l'intelligence et la volonté, souvent l'adresse et toujours le goût'.

Sans aucun doute, l'introduction subite d'une machine dans un atelier cause souvent une perturbation temporaire et donne naissance à des chômages dignes de la plus grande commisération; aussi cette introduction doit-elle être accompagnée de nombreuses précautions. Mais si l'on n'envisage que le résultat général, il est incontestable que la vulgarisation des machinesoutils est un bienfait, et que leur nombre ira toujours en croissant.

On ne saurait d'ailleurs, dans beaucoup de cas, comparer le 'travail effectué par une machine-outil au travail effectué à la main par des ouvriers. Les pièces énormes qui entrent aujourd'hui dans la construction des machines ne pourraient pas être fabriquées par des hommes réduits à l'emploi de la lime et

↑ « Les hommes ne travailleront pas moins; mais ils seront entrés dans le travail vraiment humain, qui consiste à conduire les forces, à diriger en maîtres le mouvement des serviteurs inanimés de l'homme. » (P. Gratry, la Morale et la loi de l'histoire, t. I, p. 183.)

du marteau. L'alésage des grands cylindres des machines trans‘atlantiques, le tournage des roues de machines locomotives seraient des opérations pour ainsi dire incompréhensibles, si on les demandait à la main de l'ouvrier, et on peut dire des machines-outils ce que nous avons dit des machines à vapeur en général, c'est qu'elles ont créé un mode de travail absolument nouveau et donné à l'homme sur la matière une puissance qui n'existait pas auparavant.

Caractère des machines-outils. Spécialisation. —Les machinesoutils se présentent sous deux caractères distincts: tantôt elles peuvent exercer un certain travail dans des conditions assez différentes, tantôt elles ne l'exercent que dans une condition déterminée. Ainsi une machine à plier les tôles pourra être disposée de façon à plier des feuilles de dimension et d'épaisseur très diverses; mais elle pourra aussi être disposée de façon à ne plier qu'une feuille de dimension et d'épaisseur invariables pour produire toujours le même objet.

Sans aucun doute, la première machine peut rendre des services plus variés, mais la seconde livrera des produits à meilleur marché. Ces dernières machines, désignées sous le nom d'outils spéciaux, sont employées en Angleterre sur une échelle de jour en jour plus grande, et sur les prospectus des constructeurs anglais l'on voit sans cesse annoncées des machines destinées à la fabrication des objets les plus divers.

Ces outils spéciaux sont souvent d'un prix élevé, et il faut, pour payer les frais d'installation et d'entretien, que le fabricant puisse compter snr une large consommation; aussi le développement des marchés anciens, la recherche de marchés nouveaux sont-ils la préoccupation constante du commerce et du gouvernement anglais.

On admirait avec raison, à la dernière Exposition universelle de Paris, une machine à fabriquer des charnières. Que l'on suppose la consommation des charnières faible sur un marché, une semblable machine ne pourra être utilisée.

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