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Comme spécimen de l'outillage d'un atelier de construction, nous citerons un des grands ateliers de la marine impériale à Indret, qui comprend les machines ci-après :

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Disposition des machines-outils dans un grand atelier d'ajustage. — La disposition des machines-outils dans un grand atelier d'ajustage demande à être faite avec le plus grand soin. L'orientation de tous les appareils doit d'abord être étudiée avec soin. Il faut de l'air et du jour pour chaque outil.

L'accès doit être facile pour toutes les machines.

Il faut ménager des moyens de levage pour les pièces à travailler, souvent d'un grand volume et d'un grand poids. De grandes grues soulèvent les gros fardeaux: de petites grues roulantes, montées sur chariot, transportent les menues pièces.

Enfin l'ingénieur ne saurait prendre trop de précautions pour éviter les accidents pour empêcher, par exemple, que les vêtements des ouvriers soient saisis par des pièces en mouvement, on placera autour de chaque machine une balustrade et on con

seillera aux ouvriers l'usage de vêtements serrés et boutonnés n'ayant aucune partie flottante. Des échelles avec rampe, des passerelles solides, également munies de rampes, permettront l'accès facile de tous les paliers, qui doivent être visités et graissés; l'usage des graisseurs automatiques ne saurait dispenser de prendre ces précautions, très-peu dispendieuses quand elles sont prévues au. moment de la construction de l'atelier et qu'il est difficile au contraire de réaliser plus tard.

Choix du moteur. - Nous avons dit qu'il existait aujourd'hui une tendance assez générale à multiplier les moteurs. On conçoit en effet que, si la moindre avarie survient dans un moteur unique qui commande tout un atelier, tous les outils chôment à la fois et le travail est désorganisé.

Avec plusieurs moteurs, au contraire, un arrêt ne frappe qu'une partie de l'atelier; souvent même les moteurs peuvent se suppléer l'un l'autre. Nous avons parlé des distributions portant la vapeur dans toutes les parties d'un atelier et permettant de mettre en marche chaque outil. Avec ce système, nonseulement on ne dépense de vapeur que quand l'outil travaille, mais surtout on le fait marcher à la vitesse qui convient le mieux au travail demandé à l'outil, travail essentiellement variable. Un poinçon, qui doit traverser trois ou quatre épaisseurs de tôle, doit marcher plus lentement que lorsqu'il n'en a qu'une seule à percer.

Les industries autres que les ateliers de construction appré cient également les avantages que présente l'adjonction d'un moteur à chaque outil. Dans les machines à imprimer les étoffes, on sait que les dessins s'obtiennent à l'aide de cylindres qui viennent déposer sur l'étoffe unie des couleurs différentes en suivant des contours très-délicats, il importe, à un haut degré, de surveiller la marche de la machine, surtout au moment où chaque cylindre commence à travailler pour ajouter un trait et une couleur au trait et à la couleur laissés sur l'étoffe par le cylindre précédent. On obtient bien plus facile

ment ce résultat avec une prise de vapeur spéciale ouverte peu à peu, qu'avec une courroie mue par un arbre de couche qui commande tout l'atelier et dont on ne peut modifier la vitesse.

Marteau-pilon à vapeur. Révolution introduite dans le travail du fer par le marteau-pilon. Anciennement le fer se travaillait uniquement à la forge par les marteaux à main; il fallait, pour cette opération, des ouvriers très-robustes, très-expérimentés, très-longs à former et par conséquent peu nombreux.

Un premier progrès a été réalisé par la création des martinets mus par une roue hydraulique ou par la vapeur; mais on peut dire que la découverte du marteau-pilon a causé une véritable révolution dans le travail du fer. Il fut imaginé, en 1840, par M. Bourdon, du Creuzot, lors de la construction des premiers appareils transatlantiques de 450 chevaux'. Le but proposé était de forger les arbres et manivelles de ces appareils, dont les proportions dépassaient tout ce qui avait été forgé jusqu'alors.

Le marteau-pilon a produit deux grands résultats :

1° Il a apporté une notable économie dans les travaux de forge.

2o Il a permis de fabriquer à la forge directement des pièces presque impossibles à obtenir en fer jusque-là, en exigeant un nombre considérable de chaudes.

a) Réduction de prix. Il est bien difficile de chiffrer exactement la réduction de prix que l'usage du marteau-pilon a apportée dans les travaux de forge. Ce qu'on peut dire, c'est que les pièces forgées qui, en 1840, coûtaient 110 fr. p. 100 kilog. avec du fer à 35 fr. p. 100 kilog., valent aujourd'hui 65 fr. avec du fer à 25 fr. Dans le premier cas, la main-d'œuvre et les

L'invention du marteau-pilon en Angleterre est attribuée à Nasmyth, ingés nieur très-distingué; le brevet anglais ne porte cependant qu'une date postérieure celle du brevet français et postérieure aussi à un voyage fait par M. Nasmyth au Creuźot. On peut admettre que les mêmes besoins ont conduit, des deux côtés du détroit, à la réalisation d'une même idée.

menus frais s'élevaient à 75 fr. Dans le second cas, ils ne comptent que pour 40 fr., soit une différence en moins de 35 fr., qui tient en partie au progrès général de l'industrie, mais dans laquelle le marteau-pilon doit avoir sa large part.

b) Fabrication des grosses pièces. Le marteau-pilon permet d'obtenir avec la plus grande facilité les énormes pièces de bordage des navires cuirassés, les arbres d'hélice, les arbres de relevage des locomotives, des essieux coudés, etc.

On n'avait d'abord employé le marteau-pilon qu'à des travaux de forge exceptionnels; mais la facilité avec laquelle il se manœuvre a fait bien vite reconnaître qu'on pouvait y forger les pièces les plus petites et d'un usage journalier.

Deux systèmes de marteau-pilon sont employés :

1° Marteau attaché au piston et cylindre immobile.

La vapeur sert à remonter le marteau qui redescend par l'action de la pesanteur.

2o Piston immobile et marteau faisant corps avec le cylindre. La vapeur s'ajoute à la gravité pour lancer le marteau sur l'objet à travailler; elle est emmagasinée dans le bâti de la machine ou dans un cylindre spécial.

La marche de la machine peut être commandée par un ouvrier ou par la machine elle-même.

Jusqu'à ce jour le premier mode a été généralement suivi. L'ouvrier qui tient le régulateur dirige le coup à la demande du travail; cette opération exige de l'attention, mais on arrive à guider les coups de marteau avec la plus grande précision.

Le second mode a été proposé par certains constructeurs pour les ouvrages ordinaires de forme simple, et qui peuvent être forgés avec des coups d'égale intensité.

L'emploi du marteau-pilon a généralisé le mode de forgeage à la matrice. Les matrices sont des moules en fonte ou en acier à l'aide desquels on imprime, sous les coups du marteau-pilon, une forme déterminée au fer. En faisant succéder plusieurs matrices les unes aux autres, on arrive en quelque sorte à

mouler le fer et à lui donner des formes que les anciens forgerons n'auraient point osé concevoir.

Il n'y a, du reste, presque point d'ouvrage de forge dans lequel on ne réclame aujourd'hui l'emploi du marteau-pilon, et on s'en sert à chaque instant. A l'aide d'une tranche, on divise une grosse pièce en fragments de longueur ou de poids déterminės; avec des coins on ouvre une pièce pleine, et on la transforme en anneau. Sous le marteau-pilon, le fer prend toutes les formes et la matière obéit à la volonté de l'ouvrier. Ajoutons enfin que, grâce à la fréquence et à l'intensité des coups, le forgeage marche beaucoup plus rapidement qu'avec les anciens procédés, et que l'on peut diminuer le nombre des chaudes.

Aussi on ne conçoit plus un atelier sans un ou plusieurs marteaux-pilons; plusieurs usines en Angleterre possèdent 20, 50, 50 et mème, dit-on, 100 de ces appareils. En parlant des aciéries Krupp, nous avons mentionné à la fois le nombre des marteaux et l'existence de l'un d'eux pesant 50,000 kilog., et à l'aide duquel on forge les énormes blocs d'acier produits dans cet immense établissement.

On ne sait véritablement pas où s'arrêteront, au point de vue des dimensions, ces puissants appareils. L'exposition anglaise de 1867 en donnait trois spécimens:

Le premier est grand comme une maison; le bâti est en tôle : on n'a pas jugé la fonte capable de résister aux réactions considérables que donne le martelage des grandes pièces.

Le second est un marteau-pilon horizontal, composé de deux masses également horizontales de 30,000 kilog. chacune, mises en mouvement par une machine à vapeur placée sous le sol.

Le troisième, désigné sous le nom de frappeur mécanique, est un marteau à manche, dont un mouvement de va-etvient est déterminé dans un plan variable à volonté par une machine à vapeur qui tourne sur un anneau horizontal formant bâti. Le frappeur qui peut, au moyen d'une pression d'eau, être élevé à des niveaux différents, fait tant de travail

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