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crise survienne et force nos deux établissements à réduire leurs prix de vente, le premier pourra se contenter d'un faible bénéfice sur le remboursement de ses dépenses de matière première et de main d'œuvre; le second, forcé d'ajouter à ce remboursement la dépense qui représente l'intérêt du capital, ne pourra lutter et il succombera.

On ne comprendra jamais assez en France combien est profonde la différence qui existe entre deux établissements dont l'un a amorti tout son capital de premier établissement et qui, chaque année, ne perfectionne et ne complète son outillage qu'avec une partie des bénéfices réalisés, et dont l'autre n'a rien amorti et souvent même a emprunté pour développer un atelier. En Angleterre, l'industrie travaille avec un capital et un outillage amortis; en France, au contraire, l'industrie trop souvent supporte le fardeau de ce capital, et elle le supportera longtemps par suite du partage incessant des héritages et de la liquidation permanente des industries. Comment amortir des établissements qui seront licités tous les quinze ou vingt ans? Espérons que nous saurons résoudre ces graves questions; mais si tous les peuples sont appelés à lutter sur les mêmes marchés, il importe de connaître l'influence que peut exercer sur la capacité industrielle de chacun d'eux l'ensemble des lois sociales qui le régissent.

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Comparaison entre le prix des machines en Angleterre et en France. Les dépositions entendues dans l'enquête relative au traité de commerce permettent de comparer les prix des machines en Angleterre et en France vers 1860. Toutes les fois que les constructeurs des deux pays se trouvent en présence de marchés d'égale importance, ils livrent des machines à des prix sensiblement les mêmes; dès que pour une nature de machines un marché s'agrandit, les prix s'abaissent.

Pour les machines locomotives, la France et l'Angleterre en produisent, chaque année, des quantités à peu près égales : M. Koechlin, de Mulhouse, M. Robinson, de Manchester, déclarent

que le prix de 210 fr. les 100 kilogrammes représente la valeur courante des machines. Nous verrons ce prix bien abaissé.

Pour les machines destinées à la marine militaire, c'est-à-dire pour des appareils de dimensions exceptionnelles, les constructeurs français luttent avec les constructeurs de l'amirautė.

M. Penn demande, par force de cheval, 1,550 à 1,600 fr.; M. Maudslay, 1,400; le Creuzot, 1,450; les Forges et chantiers, 1,420.

Il y a égalité presque complète; mais si de la marine militaire on passe à la marine marchande, les constructeurs de Newcastle et de Glascow descendent à 1,200, à 1,000, à 900 fr. même par cheval.

Pour les chaudières de machines fixes, pour les machines fixes elles-mêmes, pour les appareils de transmission, les prix anglais en 1860 sont inférieurs de 25 à 40 p. 100 aux prix français.

Depuis le traité de commerce conclu entre la France et l'Angleterre, l'écart des prix diminue entre les deux pays; en 1868, on peut compter en France sur les prix ci-après :

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Grosses chaudières à bouilleurs de 55 à 65 fr. les 100 kilog. Chaudières tubulaires y compris tubes en laiton. 120 à 140 fr. Machines verticales avec condenseur.. 100 à 120 fr. Machines horizontales sans condenseur. . . . . 100 à 110 fr. Lorsque l'on fait des comparaisons de prix, il importe de bien préciser la nature des pièces fournies. On conçoit que l'adjonction des appareils alimentaires, des appareils de sûreté, de pièces de rechange, peut notablement augmenter un prix moyen.

Variations dans le prix des locomotives et des tenders en

France dans une période de vingt-trois ans. Les deux tableaux ci-après indiquent les variations notables survenues en France sur le prix des machines locomotives et des tenders dans une période de vingt-trois ans (de 1845 à 1868). Dans les treize premières années, de 1845 à 1858, les prix sont stationnaires 2 fr. 10 le kilogramme pour les machines avec une tendance à la hausse; 2 fr. 46 en 1854. Mais à partir de 1860,

la baisse fait de rapides progrès, et les marchés de 1868 sont conclus à 1 fr. 36, c'est-à-dire à 44 p. 100 au-dessous des prix de 1864.

Pour les tenders, on est descendu de 1 fr. 35 à 0 fr. 80 c. le kilogramme, comme l'indique le second tableau ci-après.

Ces deux tableaux se rapportent au chemin de l'Est, mais les autres réseaux donneraient des résultats exactement semblables.

Tableaux indiquant les variations survenues dans le poids et le prix des machines locomotives au chemin de fer de l'Est, de 1845 à 1868.

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Question générale de la surveillance des machines à vapeur. La question de la surveillance des machines à vapeur peut être abordée sous deux points de vue très-différents : l'intérêt privé du propriétaire, l'intérêt public au nom duquel il y a lieu de prendre certaines mesures.

Nous ne parlerons pas de l'intérêt privé: il est toujours suffisamment éveillé. Chaque propriétaire de machine sait exercer une surveillance suffisante pour obtenir de sa machine tout le travail qu'elle peut rendre; souvent même on peut redouter que la chaudière ne soit en quelque sorte surmenée et qu'elle n'arrive à un état où elle devient un danger, non-seulement pour le propriétaire et les ouvriers qu'il emploie, mais encore pour le public.

La machine à vapeur est incontestablement un appareil dont l'emploi comporte l'intervention de pouvoirs publics agissant au nom de tiers.

Mode de surveillance adopté en France et en Angleterre. L'administration française n'a pas hésité sur le rôle qu'elle avait à remplir au sujet des machines à vapeur, et elle a édicté une série de mesures que nous ferons connaître, et qui ont toutes

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