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authentique d'une volonté déja manifestée par la nation.

« Ce décret, qui vous défère un nouveau titre, et qui, après vous, en assure l'hérédité à votre race, n'ajoute rien ni à votre gloire, ni à vos droits (1).

« L'amour et la reconnoissance du peuple françois ont, depuis quatre années, confié à votre majesté les rênes du gouvernement. La dénomination plus imposante qui vous est décernée n'est donc qu'un tribut que la nation paye à sa propre dignité, et au besoin qu'elle sent de vous donner chaque jour un nouveau témoignage de son respect.

« Et comment le peuple françois pourroit-il mettre des bornes à sa reconnoissance, lorsque vous n'en mettez aucune à votre sollicitude pour lui?

« Les armées étoient vaincues, les finances en désordre, les factions en présence, tous les principes anéantis: votre majesté a paru, elle a rappelé la victoire sous nos drapeaux, l'ordre dans les finances, le repos dans l'intérieur, les principes dans la morale et dans la religion....

« Le peuple françois a, pendant plu

(1) Quels étoient donc les droits de Buonaparte à la couronne de France? S'il en avoit, pourquoi les renouveler? S'il n'en avoit pas, pourquoi les reconnoître? Avec beaucoup d'esprit, des messieurs manquoient souvent de logique.

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sieurs siècles, goûté les avantages attachés à l'hérédité du pouvoir,

« Il use librement de ses droits pour déléguer à votre majesté impériale une puissance que son intérêt lui défend d'exercer par lui-même.

<< Il stipule pour les générations à venir; il confie le bonheur de ses neveux à des rejetons de votre race (1),

« Heureuse la nation qui, après tant de dissentions, a trouvé dans son sein celui qui peut apaiser la tempête des passions, concilier tous les intérêts, réunir toutes les voix !

<< Heureux le prince qui tient son pouvoir de la volonté, de la confiance et de l'affection des citoyens (2)! »

L'empereur répondit en ces termes :

« Tout ce qui peut contribuer au bien de la patrie est essentiellement lié à mon bonheur. J'accepte le titre que vous croyez utile à la gloire de la nation.

« Je soumets à la sanction du peuple la loi de l'hérédité. J'espère que la France

(1) En principe général, et abstraction faite de l'expérience, comment M. Cambacérès pouvoit-il, au nom des hommes qui avoient fait et qui prolongeoient la révolution, pouvoit-il, dis-je, stipuler pour les générations à venir, et confier le bonheur d'une nation à des rejetons éventuels?

(2) Ce n'est donc pas seulement d'aujourd'hui, et avec une bonhomie qui fait pitié, qu'on peut compter, pour la stabilité des empires, sur l'affection des peuples!

ne se repentira jamais des honneurs dont elle environne ma famille.

<<< Dans tous les cas, mon esprit ne sera plus avec ma postérité le jour où elle cesseroit de mériter l'amour et la confiance de la grande nation. »

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tion des

Cette grande affaire ainsi terminée, le Nominanouvel empereur se hâta de composer sa grands-dicour, de nommer ses grands-dignitaires gnitaires. et de distribuer des récompensés en proportion des services qu'on lui avoit rendus. Savoir récompenser en pareil cas, c'est déja prouver qu'on est digne de régner. Il nomma MM. Joseph Buonaparte grand-électeur;

Louis Buonaparte, connétable;
Le général Murat, grand-amiral;
Cambacérès, archichancelier de l'em-

pire;

Lebrun, architrésorier;

Eugène Beauharnais, archichancelier d'état;

Talleyrand-Périgord, vice-grand-élec‐

teur;

Duroc, gouverneur du palais ;

Les généraux Moncey, Jourdan, Masséna, Augereau, Bernadote, Soult, Brune, Lannes, Mortier, Ney, Davoust, Bessières, Kellermann, Lefebvre, Pérignon, Seru. rier, maréchaux de l'empire;

1804.

MM. de Montesquiou, grand-chambellan; de Caulaincourt, grand-écuyer; Berthier, grand-veneur;

de Ségur, grand-maître des cérémonies, etc. etc.

Nous terminerons cette nomenclature

par une réflexion extraite du rapport que M. Lacépède fit au sénat à ce sujet.

« Ces constitutions, dit-il, rendent l'hommage le plus éclatant à la souveraineté nationale. Elles font plus : elles consacrent et fortifient par de sages institutions le gouvernement que la nation françoise a voulu dans les plus beaux jours de la révolution, et lorsqu'elle a manifesté sa volonté avec le plus d'éclat, de force et de grandeur,

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En prononçant ces paroles, M. Lacépède pouvoit bien être l'interpréte du sénat, mais certes le sénat n'étoit alors ni l'interprète ni le représentant de la nation.

FIN DU TOME SECOND,

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