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de ces bandes connues sous le nom de grandes compagnies et particulièrement sous ceux de Routiers, Cotereaux et surtout Brabançons, parce qu'elles s'étaient formées dans le Brabant, bandes dont Duguesclin délivra sa patrie dans le XIVe siècle.

Mais enfin, XVe siècle ou XIVe, ce serait seulement à cette époque qu'Anvers aurait été élevée sur l'emplacement du bois occupé par Antigone, dont M. de Fréminville a fait Tygon.

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Que deviennent alors, en remontant dans la série des temps, et l'étendue ainsi que la population d'Anvers en 1124, à l'époque de saint Norbert, et la destruction de cette ville par les Normands en 837, - et les donations, etc., de 725, intra Castellum Antwerpis, in Antwerpo Castello, et l'Andowerpis dont il est fait mention en 646 dans la vie de saint Éloi, - et l'érection en 641, par saint Amand, de l'église des Saints-Pierre et Paul à Anvers, et le château-fort d'Anvers, Andoverpium oppidum dont parle Sigebert de Gembloux, etc., etc., etc.

Que devient, en remontent encore plus haut, l'occupation de la rive de l'Escaut en face de la Tête-deFlandre, dès le temps des Romains, comme le démontre la trouvaille d'une inscription romaine, et de plusieurs peutêtre ', sur le sol actuel d'Anvers?

1 Voir dans les Acta sanctorum I Juni, p. 942, une note de P. PAPEBROCHIUS sur plusieurs inscriptions découvertes au fort St-Michel à Anvers, inscriptions dont deux ont été reproduites par DE MONTFAUCON, l'Antiquité expliquée, suppl., V. p. 122, pl. L. MM. TORFS et MERTENS ont démontré qu'une seule de ces inscriptions provient d'Anvers, et en effet on trouve les autres comme provenant de Rome, dans les recueils épigraphiques de REINESIUS, appendix, no XLIV, DONIUS, p. 386, MURATORI, 1564, 5, et GRUTER, 304, 5, etc.

Quant à une seconde inscription romaine d'Anvers, voir un travail de M.A. WAGENER, Ann. de l'Acad. d'archéol. de Belg., série II, t. II, pp. 364 et 365, et Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, VII, p. 39.

D'un trait de plume, tout cela est biffé; un écrivain français s'est trouvé qui, à la simple vue du monument de Massys, sans en connaître, sans en demander l'auteur, sans se rendre compte du souvenir légendaire consacré par le travail de l'artiste, s'est chargé de démontrer qu'Anvers avait été bâtie très-peu d'années avant ce monument, et s'est permis de taxer d'ignorants, d'insouciants, de grossiers, etc., etc., les Anversois dont bien certainement il n'a compris ni le langage, ni la pensée, si toutefois il s'est donné même la peine de les interroger par un intermédiaire.

Et tout cela a été inséré dans une revue française, qui continue à se publier de nos jours et à laquelle collaborent des savants de premier ordre. . .

En vérité, si les inepties de M. de Fréminville n'avaient pas été recueillies par une société savante aussi sérieuse que celle des antiquaires de France, elles n'eussent pas mérité d'être relevées!

Mais c'est ainsi que nous traitent trop souvent nos voisins du Midi. Sans parler des légèretés de langage qui leur échappent à notre égard, au point de vue de nos mœurs, de nos usages, de nos institutions, et pour rester uniquement dans le domaine scientifique, n'avonsnous pas vu un savant célèbre et digne du reste de sa célébrité, Guérard, l'auteur du Polyptique de l'abbé Irminon, dans un mémoire couronné, oui! couronné par l'Institut de France', déclarer que le pagus Haspungowe, où il est si facile de reconnaître notre Hesbaye, appelée au moyen âge Haspingow, Hespengow, Hasbaniensis pagus, est un PAGUS INCERTAIN !

1 Essai sur le système des divisions de la Gaule, depuis l'âge romain jusqu'à la fin de la dynastie carlovingienne, p. 155,

Et même, après que les mémoires de notre Académie royale de Belgique avaient, dès 1854, vulgarisé ces notionslà', ne voilà-t-il pas que, dans les mêmes Bulletins de la Société des antiquaires de France qui avaient donné accueil aux élucubrations de M. de Fréminville sur la fontaine de Massys, le comte Ponton d'Amécourt déclare encore en 1865, d'après Guérard, que le Haspungowe est un PAGUS INCERTAIN!

Combien d'erreurs scientifiques, et de plus fortes encore si on se donnait la peine de les relever, ne trouverait-on pas dans les revues françaises, et comme M. A. Wauters avait grandement raison de se plaindre tout récemment ' de ce fait, peu encourageant pour nos érudits, que les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, avec certains rapports sur la géographie ancienne de notre pays, n'ont été connus de la commission de la Carte des Gaules que par un extrait tardif publié par hasard dans un recueil français.

Il est vrai qu'en se dispensant de recourir aux sources belges, ladite commission a transformé nos Condrusi en Condursi sur la carte affichée au musée de Saint-Germain.

1 CH. GRANDGAGNAGE, Mémoire sur les anciens noms de lieux de la Belgique orientale, (t. XXVI des Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers). 2 1865, p. 71.

3 Revue trimestrielle, janvier 1867, p. 5, en note.

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EMMANUEL - PHILIBERT, DUC DE SAVOIE,

GÉNÉRALISSIME DES ARMÉES DE CHARLES-QUINT ET DE PHILIPPE II, AUX PAYS S

es de l'Académie d'Archéologie de Belgique.t. XXIV, 2 Serie, t.IV

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