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suis persuadé que cet honorable dignitaire et son peloton n'auront pas terminé la journée à la tête de leur brigade.

«Enfin, la revue et les grandes manœuvres sur le Monte-Cenere se sont généralement bien passées, et chacun est rentré dans ses foyers, heureux d'avoir eu l'occasion de transpirer au service de sa patrie et d'avoir eu l'occasion de visiter ce beau canton du Tessin que le reste de la Suisse connaît généralement si mal. ›

Une colonne du dernier rassemblement de troupes a fait une fort intéressante marche forcée, à l'occasion du mouvement tournant ordonné, de la Lévantine, par la vallée de Blegno, sur la position de Biasca. Voici quelques détails :

Le 26 août, à 5 heures du matin, le lieutenant-colonel Hug (qui a rempli, il y a quelques années, les fonctions de major dans le bataillon genevois no 20) se mit en route avec les deux bataillons nos 74 (Unterwald) et 75 (Uri) pour pénétrer dans le Val Blegno, en passant par le Val Piora, le Pas de Colombe et le Val Campsa. Avec cette colonne, se trouvait un lieutenant-colonel wurtembergeois qui fait partie de l'état-major du XIIIe corps d'armée allemand, et qui avait été curieux de suivre cette expédition tout alpestre, comportant une marche de 12 heures au moins à fournir dans la journée.

La plus rude partie de la tâche a été l'escalade des parois de rocs qui s'élèvent au-delà du village de Piotta, sur la rive gauche du Tessin ; ces versants abruptes sont surtout du plus pénible accès à partir de la hauteur du hameau d'Altanca jusqu'au lac Ritom, bassin qui occupe le fond du cul-de-sac formé par le Val Piora, parallèlement à la partie septentrionale de la Lévantine. Il est à noter que dans l'estimation des distances pour les marches militaires on compte, en outre des longueurs horizontales, une heure de marche au moins par 300 mètres d'altitude. Or le lac Ritom est à 1.829 mètres (près de 6,508 pieds) au-dessus du niveau de la mer, tandis que Piotta se trouve à 1,012 mètres seulement; cette différence de niveau, en outre, ne se traduisait pas par une pente plus ou moins facile comme celle des routes de montagne, mais par un relief d'une extrême raideur dont il s'agissait de venir à bout sans l'aide d'un passage frayé quelconque. Aussi les 800 mètres dont il s'agit ne purent être franchis par la colonne qu'en 4 h. 1/2 d'une ascension ininterrompue. Trois guides l'accompagnaient, l'un marchant à l'avant-garde, l'autre avec le gros de la troupe, le troisième avec le commissariat.

La direction était très difficile à conserver; un touriste se retrouve aisément en pareille circonstance avec quelque connaissance générale des Alpes et l'instinct des localités, et il finit par arriver à son but après des écarts dont il ne s'aperçoit pas lui-même; mais les conditions d'ascension sont tout autres pour une colonne militaire dont chaque homme est lourdement chargé, dont les mouvements sont nécessairement embarrassés; il faut, en outre, maintenir une constante cohésion de la tête à la queue, afin que celle-ci ne risque pas de s'égarer, de se fatiguer inutilement, et de rester finalement en arrière, si même elle ne finit par se perdre complètement.

Dans la vallée, avant le départ, les affirmations des gens du pays étaient fort divergentes en ce qui concernait la nature du passage et la possibilité pour la colonne d'emmener avec elle ses quadrupèdes. Les officiers montés voulurent d'abord tenter le passage avec leurs chevaux, mais ils furent bientôt forcés de renoncer à leur résolution et d'abandonner leurs montures, car le chemin à suivre se montra sur divers points malaisé même pour des piétons. Le point culminant du col au-dessus de Piotta une fois atteint, vers 9 h. 1/2 du matin, la colonne marcha plus librement par un sentier traversant de l'Ouest à l'Est le val Piora jusqu'au Pizzo Columbe, qui ferme cette vallée à l'Est, droit au nord de Dazio

Grande; elle côtoya ensuite la rive nord-ouest du lac Ritom, traversa le hameau de S. Carlo, passa au sud d'un autre réservoir alpestre, le lac Cadogno, et longea le torrent de la Marinascia, traversant les villages de Piora et de Marinascio, pour arriver à 11 heures à l'alpe Caroreggio, beau pâturage sur lequel les deux bataillons firent une halte de deux heures, combinée avec un frugal déjeuner de lait et de café, bravement gagné.

Après ce repos, la colonne s'engagea dans un col élevé de 2586 mètres, au sud du Pizzo Columbe, pour déboucher dans le Val Campsa, par lequel le passage du Lukmanier vient aboutir au val Blegno. A Bronico, elle atteignit la route du Lukmanier et arriva enfin, en suivant tantôt la rive gauche, tantôt la rive droite du Breno, à Semascova, puis bientôt après au gros village d'Olivone, non loin du confluent du Breno et d'un autre torrent qui descend du col de Greina. Il était 7 heures du soir lorsque les deux bataillons d'Uri et d'Unterwald firent leur entrée à Olivone après une étape de 14 heures, dont 12 heures de marche, fatigués comme on peut le penser, mais n'en témoignant pas moins leur bonne humeur par ces joyeux joddel auxquels se plaisent les montagnards des Alpes.

Cette troupe n'avait eu que quatre traînards, qui rejoignirent leur corps le soir même, et le lendemain matin de bonne heure elle était en route pour descendre le Val Blegno jusqu'à Dongio et Motto; le surlendemain 28 août, elle se trouvait près du débouché de cette vallée sur la Lévantine; là elle se vit arrêtée en amont de Biasca par un détachement du corps du Sud, après avoir accompli le mouvement tournant ordonné par le commandant de la division.

NOUVELLES ET CHRONIQUE.

Le 25 septembre s'ouvre à Thoune l'école fédérale des caporaux d'infanterie, sous le commandement du colonel fédéral Stadler, avec le colonel Wieland comme remplaçant. Les troupes composées d'officiers, de sous-officiers et des caporaux de tous les cantons, forment une brigade réduite d'environ 1550 hommes, placés sous le commandement du colonel fédéral de Vallière, divisée en trois bataillons d'environ 500 hommes. Chaque bataillon est commandé par un major fédéral avec un capitaine ou lieutenant fédéral comme aide-major. A la fin de l'école, lorsque les troupes seront exercées aux manœuvres de brigade, les bataillons seront divisés en demi-bataillons, de manière à figurer deux régiments, chacun avec les trois bataillons, comme si le nouveau projet de loi militaire était déjà adopté. Ces régiments seront commandés par un lieutenant-colonel fédéral. L'école durera 4 semaines, soit jusqu'au 24 octobre.

Le général Herzog est actuellement dans l'Allemagne du Sud pour assister aux manoeuvres d'automne.

Nous venons de recevoir la brochure que le Département militaire fédéral a fait élaborer cette année pour la première fois et intitulée: « Récapitulation des résultats du tir des bataillons d'infanterie de l'armée fédérale pendant l'année 1873. » Les tableaux comparatifs qu'elle contient serviront à stimuler le zèle de nos tireurs et à développer l'aptitude au tir dans notre infanterie. Nous enverrons à nos abonnés, en supplément au prochain numéro, un exemplaire de cette instructive récapitulation.

Vaud.

La société pour l'amélioration de la race chevaline dans la Suisse occidentale a eu ses troisièmes courses annuelles à Yverdon, le jeudi 10 septembre. On sait que ces courses n'ont aucun but spéculatif. La modicité des prix accordés aux vainqueurs leur donne plutôt le caractère de primes d'encouragement et ne permet pas aux possesseurs de bons chevaux de les transformer en cartes à jouer, comme cela a lieu dans les grands pays. Ces courses ont aussi un caractère de grande simplicité. Il n'y a là que des tribunes provisoires en planches brutes, et si le public y afflue, chaque fois un peu plus nombreux, ce n'est point pour y exhiber des toilettes ou faire parade d'un luxe quelconque.

Le temps n'a malheureusement pas été favorable. Dans l'après-midi en particulier une pluie fine a commencé à tomber, mais elle s'est maintenue assez modérée pour ne pas trop détremper le sol et gâter la piste.

De 10 heures à midi ont eu lieu les courses de chevaux attelés.

A la course de chevaux au-dessous de 5 ans, le premier prix, offert par le canton de Genève, a été gagné par M Ed. Viguet (distance parcourue: 1700 mètres; temps employé 4 minutes 35 secondes). Venaient ensuite MM. Berger, Gachet, Zimmermann.

A la course de chevaux au-dessus de 5 ans, les noms des propriétaires primés sont sortis dans l'ordre suivant: MM. Roussy (distance: 2600 mètres; temps : 6 minutes 19 secondes), Roulet, Despland, Courvoisier, W. de Rham. Venait ensuite avec une presque égalité de temps, M. Girardet.

Dans l'après-midi ont eu lieu les courses montées, qui ont donné les résultats suivants :

Course au trot de chevaux au-dessous de 5 ans. Propriétaires primés: 1. MM. Viguet; 2. Berger; 3. Zimmermann.

Course plate au galop pour chevaux également au dessous de 5 ans : 1. MM. B. Mercier (distance: 1700 mètres; temps: 1 minute 54 secondes); 2. Berger; 3. Viguet.

Course au trot de chevaux au-dessus de 5 ans : M. Résin est arrivé le premier (distance 2600 mètres; temps: 6 minutes 17 secondes), puis M. Wagnières; mais, comme pendant la course ils avaient eu quelques enlèvements au galop, ils ont dû céder leur rang (d'après décision du jury) à MM. Despland et Pigueron.

La course au galop de chevaux au-dessus de 5 ans a dû être annulée, le jury ne l'ayant pas jugée faite avec assez de régularité.

Les courses que nous venons d'indiquer ne pouvaient avoir lieu qu'avec des chevaux nés en Suisse; les suivantes étaient destinées aux chevaux de toute prove

nance.

A la course militaire au galop, le premier prix (un mousqueton offert par le Département militaire fédéral) a été gagné par le brigadier de dragons Ramuz. Venaient ensuite Cart, dragon, et Peytregnet, maréchal-des-logis-chef.

Une course, destinée spécialement aux officiers, était annoncée, mais personne ne s'est présenté pour la courir. Espérons qu'une autre fois nos officiers de cavalerie, d'état-major et d'artillerie auront assez d'amour-propre pour ne pas laisser vide le champ de course qui leur est offert.

A la course au trot pour tous chevaux, les arrivées ont été dans l'ordre sui

vant :

1. MM. Régis-Dapples; 2. Ramuz, brigadier; 3. Duc; 4. de Reynold; 5. Haldenwang. Toutefois, M. Duc ayant eu un ou deux enlèvements au galop, a dû céder son rang à M. de Reynold.

La course plate au galop pour tous chevaux a été courue par un seul cheval, étalon appartenant à M. Fréd. Roulet (distance: 1700 mètres; temps: 2 minutes 35 secondes).

La course de haies a été courue également par un seul cheval, appartenant à M. Barbaroux, et monté par M. Felschow.

Enfin a eu lieu une poule de trois cavaliers avec haies, gagnée par le brigadier Ramuz, qui ainsi avec le même cheval (Cocotte, provenant de l'armée Bourhaki), a gagné le premier prix dans deux courses et le deuxième dans une autre.

Il est à noter que les chevaux qui ont remporté des prix dans différentes courses, à la même allure (la poule exceptée) n'ont pu en recevoir qu'un.

La compagnie des chasseurs de gauche du 26e, capitaine Campart, a terminé le 17 septembre son service de cordon sanitaire dans le Jura. Rentrée ce jour-là à Lausanne, dans de bonnes conditions, elle y a été licenciée.

Italie. Le lieutenant-général Sirtori, ancien chef d'état-major de Garibaldi en 1860, commandant de la 5e division à la bataille de Custozza, député de Milan depuis cinq législatures, et président du comité de l'infanterie, vient de mourir subitement à Rome. L'Italie perd en lui un de ses plus vaillants généraux et de ses meilleurs patriotes Les funérailles ont eu lieu le 21 septembre, à Rome, avec tous les honneurs dus à son rang élevé et au milieu d'une immense foule.

IL VIENT DE PARAITRE

chez

TANERA, éditeur à Paris; GEORG, éditeur à Genève et Bâle; PACHE, imprimeur à Lausanne, et chez les principaux libraires de la Suisse et de l'étranger: RELATION HISTORIQUE ET CRITIQUE

DE LA

GUERRE FRANCO-ALLEMANDE

EN 1870-1871

PAR

FERDINAND LECOMTE,

colonel fédéral suisse.

TOME TROISIÈME

Un volume grand in-8o, avec 4 cartes. Prix 10 francs.

Ce volume comprend les siéges de Strasbourg et de Metz, celui de Paris et les opérations sur la Loire jusqu'à la fin de l'année 1870, avec une carte du siége de Strasbourg, une du blocus de Paris, une de la région entre Paris et la Loire, une de la bataille de Coulmiers et d'Orléans. Ce tome sera suivi d'un quatrième et dernier qui paraîtra dans quelques mois.

VIS.

J'ai l'honneur d'informer Messieurs les officiers suisses que j'ai déposé chez M. Durussel, armurier de l'Etat, à Lausanne, à la Barre, des échantillons de revolvers à six coups pour cartouches d'ordonnance. Ils pourront, après examen, en commander par souscription, et leurs ordres seront exécutés ponctuellement.

Liége, juin 1874.

Auguste FRANCOTTE.

Un modèle nikélisé, exempt de rouille moyennant un chiffon doux ou une peau de daim passés dessus; prix: 60 fr.

Un modèle fer trempé : 53 fr., prix du modèle fédéral.

Ces armes ont une pénétration telle qu'à 500 pieds la balle, après avoir traversé un pouce de bois de sapin, s'aplatit sur la molasse de près de 7 lignes. Le travail est de première qualité.

La Revue militaire suisse paraît deux fois par mois à Lausanne. Elle publie en supplément, une fois par mois, une Revue des armes spéciales. Prix: Pour la Suisse, 7 fr. 50 c. par an Pour la France, l'Allemagne et l'Italie, 10 fr. par an. Pour les autres Etats, 15 fr. par an. - Pour tout ce qui concerne l'Administration et la Rédaction, s'adresser au Comité de Direction de la Revue militaire suisse, à Lausanne, composé de MM. F. LECOMTE, colonel fédéral; VAN MUYDEN, capitaine fédéral d'artillerie; CURCHOD, capitaine d'artillerie. Pour les abonnements à l'étranger, s'adresser à M. Tanera éditeur, rue de Savoie, 6, Paris, ou à la librairie Georg, à Genève.

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REVUE MILITAIRE SUISSE

No 20.

SOMMAIRE.

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Réorganisation militaire suisse. Société militaire fédérale. Réunion de délégués à Olten les 24 et 25 septembre. La guerre civile en Amérique, par M. le comte de Paris. Nouvelles et chronique.

ARMES SPÉCIALES.

Récapitulation des résultats de tir des bataillons d'infanterie

de l'armée fédérale en 1873. 1 broch. in-4o.

REORGANISATION MILITAIRE SUISSE.

Société militaire fédérale.

Réunion d'officiers à Olten. Rapport au comité vaudois.

Tit. En attendant le protocole de la réunion d'Olten, qui vous parviendra prochainement, je crois devoir, comme l'officier le plus ancien de la délégation vaudoise, vous donner ci-dessous un résumé succinct des délibérations (').

Ladite réunion complait 89 assistants au début. Elle a tenu trois séances, les 24 et 25 septembre. Elle a été appelée à émettre une vingtaine de vœux, préparés par le comité central d'après les rapports des sections.

Quelques-uns de ces vœux, plus ou moins amendés, ont été adoptés à l'unanimité, par exemple à l'égard des chevaux d'officiers et de cavalerie, de l'équipement des corps, de la révision du code, de la nomination du commandant en chef avant les levées et non après, ainsi que des remercîments à l'autorité fédérale pour ses louables efforts et ses grands travaux en vue du progrès de nos institutions militaires.

D'autres vœux n'ont été admis qu'à la majorité, quelques-uns dans des rédactions nouvelles; d'autres simplement inscrits au procèsverbal.

Les propositions de la commission de Mürren ont prévalu en deux points marquants :

a) Les troupes d'administration ont été diminuées, notamment de la section des bouchers et des boulangers.

b) Le bataillon aurait quatre fortes compagnies.

En revanche, les articles du Conseil fédéral sur les cours d'instruction (durée et graduation), sur l'instruction préparatoire militaire, sur l'acceptation forcée de tous les grades, ont obtenu la majorité.

Ces divers points et d'autres encore, tel que celui des établis et des séjournants, soulevèrent des discussions prolongées et souvent intéressantes. A cette occasion, quelques orateurs présentèrent des observations générales ou examinèrent divers points en dehors du programme, sur lesquels l'assemblée ne put naturellement être appe

(1) Cette délégation était composée de MM. Lecomte, colonel fédéral; Faraudo, commandant; majors Gaulis, Lochmann, Veillon, David, Carrard, Muret; capitaine André, lieutenant Montandon.

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