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et qui ne pouvaient tarder à devenir plus confiants.

Un grave incident eut lieu à Constantinople à l'occasion d'un réfugié hongrois qui s'était fait naturaliser citoyen des États-Unis, et que le consul d'Autriche avait fait arrêter, sans tenir compte de sa nationalité nouvelle. La diplomatie mit tous ses soins à apaiser un conflit qui aurait pu avoir des suites fort regrettables.

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En cette même année l'empereur François-Joseph épousa sa cousine, la princesse Élisabeth-Marie-Eugénie, duchesse de Bavière. La nouvelle impératrice d'Autriche n'avait point encore atteint l'âge de seize

ans.

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En Prusse, le gouvernement, qui se trouvait assez fort pour braver la révolution et s'affranchir des promesses imposées par la violence, travaillait à modifier pièce à pièce la constitution du 31 janvier 1850 et à exhumer du passé l'autorité royale et les priviléges de l'aristocratie. Il convoquait les anciennes diètes provinciales pour prendre leur avis sur des 'difficultés pratiques en matière de législation communale et de répartition d'impôts. Contrarié à cet égard par la seconde Chambre, il s'appuyait sur la première. La pairie, en Prusse, n'avait été organisée qu'à titre provisoire. Il s'agissait de procéder à son organisation définitivé, et alors se développait, dans des systèmes opposés, la pensée des partis. Les uns voulaient attribuer au roi le choix d'un certain nom

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bre de membres héréditaires parmi les nobles possesseurs des majorats, et d'un certain nombre de membres à vie parmi les grands dignitaires de la cour et les principaux fonctionnaires du royaume. Les princes du sang, ceux de la maison de Hohenzollern et les descendants des princes médiatisés eussent été, de droit, membres héréditaires. Cette combinaison était appuyée par le roi. Le parti féodal eût voulu, en conservant au roi la prérogative de choisir les membres héréditaires parmi les possesseurs de grands fidéicommis, faire nommer les membres à vie par la Ritterschaft. Le parti centralisateur eût voulu faire choisir par le roi les membres à vie surtout parmi les grands fonctionnaires des différents ordres. Un système de transaction entre ces plans divers fut présenté par M. Koppe; la Chambre les rejeta tous. Le 27 avril 1852 un message royal saisit la Chambre d'un nouveau projet, aux termes duquel la composition de la pairie devait être réglée par ordonnance royale, sans désignation des catégories dans lesquelles devraient être faits les choix. La proposition contenue dans le message royal fut repoussée, le 6 mai, dans la seconde Chambre du parlement, par 181 voix contre 13. Plusieurs amendements qui s'étaient produits pendant la discussion avaient été successivement écartés. Cette persistance dans l'opposition, ce parti pris de repousser tout projet de révision de la Constitution parurent à quelques-uns d'un assez mauvais augure pour la continuation du gouvernement représentatif en Prusse. L'époque fixée par la loi étant venue, on procéda aux élections géné

rales pour les deux Chambres. Le gouvernement prévalut, et toutefois un élément nouveau fut introduit dans le parlement prussien par ces élections : c'était l'élément catholique, jusqu'alors représenté par un très-petit nombre de membres, et qui, en comptant désormais plus de cinquante, pouvait à son gré déplacer la majorité.

La nouvelle session s'étant ouverte (1852-1853), le gouvernement royal, par l'organe accrédité de M. de Manteuffel, persista dans sa résolution de réformer le pacte constitutionnel et d'accroître les priviléges de la couronne. La tâche lui était rendue plus facile par cela même que des élections de 1852 était sortie une Chambre au sein de laquelle l'élément libéral se trouvait à peine représenté. Dès lors le << parti de la Croix, Kreuz-Zeitung », et l'on désigne sous ce nom un parti conservateur exagéré, qui se fait de l'appui de la Russie une arme contre toute espèce de progrès, le parti de la Croix, disons-nous, se trouvait plus que jamais en mesure de revendiquer les anciens priviléges de l'aristocratie territoriale et de comprimer toutes les manifestations du libéralisme prussien, s'il est en Prusse un parti qui puisse être appelé libéral.

V

Le royaume de Danemark voyait toujours son avenir compromis par deux problèmes politiques d'une solution très-dificile: la question des duchés et le règlement de la succession au trône.

1852-1853]

ATTITUDE DU DANEMARK.

121

Le Danemark avait proposé à la Prusse, à la Russie et à l'Autriche, un plan d'organisation qui réunissait sous la même loi les différentes parties du royaume; dans cette combinaison les deux duchés appartenant à la Confédération germanique auraient eu des assemblées législatives spéciales et des représentants particuliers au conseil des ministres. Le Sleswig eût possédé également son assemblée législative, une administration ministérielle et locale distincte, et quelques institutions communes avec le Holstein.

Le gouvernement danois cherchait par là à concilier les vues différentes des deux grands partis qui se divisaient le Danemark. L'un de ces partis, qui s'intitulait expressément national, portait encore le nom de parti de l'Eider. Il voulait faire un même corps du Danemark et du Sleswig, réunis sous des institutions communes avec un parlement unique, et donner au Holstein et au Lauenbourg une représentation et une administration distinctes. La fusion de parties renfermant des éléments antipathiques lui semblait un danger pour l'unité et pour l'indépendance du royaume, et il voyait dans une communauté de ce genre une cause permanente de désordre et d'intrusion étrangère. L'autre parti était celui de l'intégrité (Heelstatsparti). Celui-là, tenant peu de compte des différences de nationalité et de langue, voulait imposer au Sleswig, comme aussi au duché de Holstein, une communauté d'institutions destinée à faire disparaître à peu ce qui restait de l'autonomie de ces deux provinces.

peu

Le 28 janvier 1852 le roi de Danemark, ayant

reconstitué son ministère, publia une ordonnance qui avait pour objet d'établir l'union intime et réelle de toutes les parties de la monarchie danoise. Cet acte du souverain, tout en respectant certains priviléges et en accordant à chacun des duchés une représentation spéciale, mécontenta les hommes qui s'attribuaient, dans les diverses contrées soumises à la couronne du roi Frédéric VII, la dénomination exclusive de parti national. On dut s'attendre à des protestations, à des résistances.

En ce qui concernait la succession au trône, il existait, parmi les différents compétiteurs, un prince de la maison de Sleswig-Holstein-Sonderbourg-Gluksbourg, le prince Chrétien de Gluksbourg, neveu, par sa mère, du roi Chrétien VIII, et appartenant, par son père, à la descendance mâle du roi de Danemark. C'est ce prince qui fut choisi, du consentement du roi Frédéric VII. Ce choix mettait fin aux objections allemandes et assurait l'intégrité de la monarchie danoise. A ce point de vue ce choix fut accueilli avec joie par la majorité des Danois; mais, en même temps, il consacrait le principe de la loi salique et effaçait celui de la loi danoise, la lex regia de 1665, qui admet la succession par hérédité féminine. L'instinct national craignait de ce côté les réserves faites par le chef de la maison de Holstein-Gottorp, l'empereur de Russie, qui avait maintenu ses droits éventuels à la succession d'une partie du duché de Holstein au cas d'une extinction de la ligne mâle de la dynastie nouvelle. Les puissances signataires du traité de Londres n'avaient pas expressément garanti à jamais l'intégrité

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