Page images
PDF
EPUB

serve à un cours de répétition tous les deux ans. Ce cours dure 6 jours et est précédé d'un cours de cadres de 4 jours.

En somme, la durée du cours est à peu près la même qu'actuellement, seulement les cours de répétition auront lieu tous les deux ans et non tous les quatre ans. Cette prescription est logique et nécessaire. L'instruction de la landwehr, comme celle de l'élite, doit être améliorée et le cours de répétition actuel est absolument insuffisant. La réserve se trouve par là renforcée, non seulement au point de vue physique, et en ce qui concerne les effectifs et les cadres, mais aussi au point de vue de l'instruction.

Si l'on passe à l'instruction de la nouvelle landwehr (soit du 2o ban projeté) on constate, avec surprise, qu'il n'est prévu pour elle aucun autre exercice d'instruction qu'une inspection d'un jour pour la troupe et, pour les cadres, la possibilité d'être appelés à des exercices annuels de deux jours. En d'autres termes, la réserve est mise exactement sur le même pied que le landsturm, si bien que le même article de loi définit les obligations imposées à ces deux classes de l'armée.

Que sera cette landwehr formée de faibles bataillons non exercés, séparée par la formation de la réserve de la partie la plus jeune de ses éléments? Que sera-t-elle, disons-nous, sinon un double du landsturm. Former, de par la loi, un certain nombre d'unités tactiques, privées de tout exercice périodique, n'est-ce pas avouer implicitement que nous ne pouvons les instruire? Pourquoi donc ne pas réunir la landwehr au landsturm, plutôt que de former, sur le papier, des semblants d'unités, incapables de tout service sérieux? La chose est d'autant plus indiquée que le 1er ban, augmenté d'une année, pourrait parfaitement suffire à tous les besoins de notre armée de 2e ligne. Rappelons encore ici combien il est urgent de réduire les charges du service militaire, dans tout ce qui n'est pas essentiel, pour porter l'accent sur le point principal, l'instruction de l'élite.

Fondés sur ces considérations, voici ce que nous proposerions pour la landwehr:

1 Sont astreints à ce cours les troupes d'infanterie, de cavalerie, d'artillerie, de génie, de santé et du train. Toutefois, pour la cavalerie, l'art. 171 et l'art. 172 paraissent se contredire.

2 La durée du cours de l'infanterie est augmentée d'un jour seulement. (Article 139 de la loi de 1874.)

La landwehr est formée d'un seul ban et comprend les classes d'âge de 33 à 40 ans. Les classes d'age de 41 à 45 ans, forment à proprement parler le landsturm. Le landsturm actuel est supprimé.

On rajeunirait ainsi la landwehr et le landsturm, et l'on diminuerait les prestations militaires, dans les années où elles pésent le plus lourdement, pour augmenter, dans la mesure du nécessaire, les charges des classes les plus jeunes. L'infanterie de landwehr, formée des 8 classes de 33 à 40 ans, serait répartie en 48 bataillons de fusiliers et 4 de carabiniers. Elle comprendrait donc exactement la moitié des unités actuelles 1.

En effet, le chiffre de 32 bataillons de fusiliers ne représenterait pas un nombre d'unités suffisant pour pourvoir aux besoins de la deuxième ligne et garnir certains points en dehors du rayon de l'armée d'élite. 16 bataillons de plus permettent des combinaisons beaucoup plus nombreuses et faciles. La question est de savoir si cette proposition qui, sauf erreur de notre part, se rapproche de celle de M. le colonel divisionnaire Meister, est réalisable au point de vue des effectifs.

Nous ferons d'abord remarquer que, pour tout ce qui est service de deuxième ligne, il ne s'agit pas tant de produire, dans une ligne de bataille, un effet de feu déterminé, que de pouvoir disposer d'un certain nombre d'unités organisées, à répartir sur un certain nombre de points. Qu'il s'agisse d'obser ver une région ou de garder un passage de montagne, ou de former des troupes d'étapes ou de convois, la chose est vraie. Quant à renforcer l'armée d'élite par des unités de landwehr, nous ne croyons à la possibilité de le faire que dans des cas bien déterminés, par exemple pour la défense d'une position. De même, en matière de fortifications, si les bataillons sont trop faibles, on emploiera un bataillon de plus pour la défense de tel ou tel secteur et tout sera dit.

Enfin, moins les unités sont instruites et entraînées, plus leur effectif doit être réduit, parce qu'elles sont moins faciles à manier. Nous concevons donc, pour ces motifs, le bataillon de landwehr comme nécessairement plus faible que le bataillon d'élite.

Quant aux chiffres, nous n'avons pas la prétention de cal

Le projet du Département militaire, abstraction faite du 2e ban, ne conserve que le tiers de ces unités, soit 32 +4 bataillons, formés par 7 classes d'âge.

culer ici exactement quel pourrait être l'effectif de la future landwehr, telle que nous la comprenons. Il nous suffira de montrer, par un calcul très approximatif, que la chose est possible. La nouvelle landwehr compterait, d'après notre calcul, les deux tiers des classes d'age de la landwehr actuelle et les trois quarts de son effectif. L'infanterie de landwehr comptait, en 1895, 57507 hommes'. Si l'on retranche de ce chiffre environ 12%, comme déchet prévu, on obtient un chiffre rond de 50 000 hommes. Les trois quarts de cet effectif, soit 37 500, divisés entre 52 bataillons, nous donnent un effectif de 721 hommes par bataillon.

Or, les classes de landwehr sont actuellement particulièrement faibles. Grâce à l'entrée successive des classes de l'élite, et à l'augmentation continue que l'on peut prévoir dans le recrutement, ce chiffre s'accroitra chaque année et arrivera, avec le temps, à fournir des surnuméraires. Si cela ne suffisait pas, on pourrait encore renforcer, en cas de besoin, la landwehr avec la classe qui entre chaque année en landsturm.

Si donc, comme nous le dirons plus loin, on supprimait tout service pour le landsturm, sauf l'inspection, le service militaire effectif finirait à 40 ans, pour le temps de paix. Dans la pratique, il serait même possible de le faire cesser à 39 ans, si l'on exemptait de tout service, en temps de paix, la dernière classe de landwehr, avant son passage en landsturm 3.

(La fin au prochain numéro.) Colonel Camille FAVRE.

1 Rapport du Département militaire pour 1894, page 17.

2 Voir plus haut.

Pour tout dire, il faut bien avouer que ce système (comme d'ailleurs tout système de réduction des unités de landwehr), soulève une difficulté. Comment réduire de 8 à 4 les bataillons de carabiniers, puisque beaucoup de cantons ne fournissent qu'une compagnie à cette arme? On ne peut mélanger, dans une même compagnie, des éléments provenant de deux différents cantons. Nous nous contentons de poser ici ce problème, qui peut sans doute trouver sa solution.

[ocr errors]

Les colonnes de parc actuelles et futures.
(SUITE.)

16. Les conditions du ravitaillement des armées contemporaines se sont modifiées considérablement par l'utilisa

tion d'un nouveau et puissant moyen de transport : les chemins de fer; le télégraphe, aussi, contribue à en aplanir les difficultés.

A cet égard, la campagne des Français en Lombardie (1859) est particulièrement intéressante; malgré leur état rudimentaire, les chemins de fer jouèrent alors et pour la première fois, un rôle capital. Cependant, ce rôle ne pourra jamais consister à rendre inutiles les colonnes de munitions (second échelon), mais seulement à accélérer d'une part la mobilisation et la concentration de l'armée et, d'autre part, le ravitaillement des grands pares, par la diminution des charrois à l'arrière. Leur emploi ressortit donc, en général, au service des étapes; il n'arrivera pour ainsi dire jamais que leurs lignes puissent suppléer aux colonnes de munitions attelées de l'armée d'opérations, par le transport des munitions jusque dans les lignes des combattants.

On en fit déjà l'expérience en 1859: non seulement les chemins de fer italiens n'avaient qu'un rendement très médiocre, mais encore les services administratifs faisait au service de l'artillerie une concurrence obligée, mais terrible; enfin les Autrichiens avaient rompu les ponts de chemins de fer, si bien que lorsque l'armée française entra en opérations, il fut impossible à l'artillerie de faire suivre l'armée par des voitures de munitions, les voitures d'artillerie et les attelages manquant également. (Ploix, op. cit., p. 56.)

La répartition des moyens de transport de l'armée francosarde n'ayant pas été faite d'avance, les mêmes frottements se produisirent pendant toute la campagne; l'intendance et l'artillerie se disputaient la disposition des wagons, chacune voulant exécuter de son mieux les ordres venus de l'armée. Cette situation, au dire des témoins, était inquiétante, elle fut même devenue dangereuse si les succès des Français n'eussent été rapides et décisifs.

Au lendemain même de Solférino, lorsqu'il s'agit de faire le siège des places fortes du Quadrilatère, les préoccupations de l'état-major de l'artillerie deviennent de plus en plus vives: le ravitaillement en munitions devient insuffisant. Les parcs corps d'armée avaient presque entièrement rallié, il est vrai, mais aucune voiture du grand parc mobile ne rejoignit l'armée. (Ploix, op. cit., p. 66.) « Il y a un grand gaspillage de cartouches, écrivait-on au directeur général des pares de cam

de

pagne... vos attelages de réquisition sont insuffisants. Pour vos demandes, parlez, s'il le faut, au nom de l'Empereur »; comme on le voit, la tâche du service des parcs ne devait pas être facile.

Pour hater l'arrivée du matériel du siège, on en fit accompagner tous les envois de chemins de fer par des officiers.

Notons donc que, faute de mesures prises d'avance, l'armée française, n'eût été la rapidité de la campagne d'Italie, se fût trouvée, de l'aveu de ses chefs, dans une situation périlleuse, par suite de la pénurie de munitions.

Les chemins de fer et le télégraphe, il est vrai, rendirent de grands services.

De plus, l'on constata que les parcs de corps d'armée ne constituaient pas une ressource suffisante; le grand parc (nos pares de dépôt) doit être fortement constitué et en relation constante, par des colonnes de munitions, avec l'armée d'opérations. L'insuffisance du matériel roulant des chemins de fer italiens fut la cause des difficultés les plus inattendues et les plus considérables. Ce phénomène est aussi à noter, car il ne manquerait pas de se produire dans notre pays. Il y serait d'autant plus grave que nous ne pouvons suppléer à cette insuffisance par l'emploi de nombreux attelages: les derniers recensements n'ont-ils pas montré que la Suisse ne possède qu'un nombre de chevaux à peine suffisant pour l'armée ellemême ?

§ 17. La courte et brillante campagne menée par Farmée prussienne, en 1866, en Bohême, fut, elle aussi, intéressante par le rôle qu'y jouèrent, à des degrés différents, les artilleries belligérantes. Tandis que, d'une part, l'artillerie autrichienne, par son action énergique, en grande masse dès le début du combat, son esprit de sacrifice, sauvait d'une catastrophe l'armée vaincue à Sadowa, l'artillerie prussienne, au contraire, malgré son désir de se distinguer, fut, de l'avis de tous, inférieure à sa tàche. Hohenlohe, en particulier, dans ses classiques Lettres sur l'artillerie », le constate avec regret. Il ne l'attribue pas seulement au fait que l'artillerie prussienne, en 1866, presque sur tous les points, entre en scène bien trop tard et avec un nombre de pièces très restreint (1re lettre, p. 6), mais aussi au manque de munitions. Aussi à Königgrätz-Sadowa, au moment où les adversaires jouaient le tout pour le tout, le centre de l'armée prussienne (V. Langlois,

« PreviousContinue »