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Nous n'avons pas besoin de rappeler que, relativement à celle-ci, la bicyclette pliante qui, elle non plus, n'a pas dit son dernier mot, titue d'ores et déjà un énorme progrès.

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En attendant, l'auteur attribue encore aux cyclistes, la faculté « de jouer, dans la prochaine guerre, le rôle d'une enclume sur laquelle l'armée principale pourra marteler son adversaire », par suite de la possibilité qu'ils auront «de se porter sur les derrières de l'ennemi, et de prendre sur ses communications mêmes une position défensive; ce qui permettra à l'armée principale de frapper sur l'ennemi en le poussant contre eux comme une enclume ».

Enfin le service d'avant-postes, de grand'gardes, vedettes, etc., rentre encore, d'après l'auteur, dans les attributions des cyclistes.

En somme ses conclusions sont à peu près celle-ci, qui nous paraissent très dignes d'être méditées :

« L'évolution de la bicyclette pour les usages militaires suivra la même marche lente qui a marqué les autres perfectionnements de l'art de la guerre. L'initiative privée fournira des corps de volontaires. Puis le gouvernement essaiera d'employer, d'abord une compagnie, ensuite un régiment. Il ne manquera pas de plaisants au début pour tourner la chose en ridicule. Mais un beau jour une nation remportera sur une autre quelque grand succès, qu'on attribuera, à tort ou à raison, à la bicyclette et alors les autres suivront l'exemple et adopteront cet engin nouveau. »

(Revue du Cercle militaire).

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France. Le havre-sac nouveau modèle. L'Avenir militaire du 4 courant annonce que les corps-frontières ont commencé à recevoir des havre-sacs nouveau modèle. L'ancien modèle pèse 2 k. 370, le nouveau 1 k. 720, soit 650 grammes de moins, près d'un quart du poids. On a obtenu cette diminution par la suppression de courroies inutiles, l'emploi de boucles et passants métalliques plus légers, une réduction de l'épaisseur du bois-carcasse et la disparition du casier à cartouches devenu inutile, depuis que les munitions individuelles du combat sont portées en totalité dans les cartouchières. Comme dimension, le sac nouveau modèle a exactement celle de l'ancien diminué du casier à cartouches, soit 28 centimètres de hauteur sur 36 de largeur.

Cette diminution dans la hauteur de 8 centimètres permettra aux hommes de petite taille de tirer dans la position couchée, sans sentir le sac leur revenir sur la tête, inconvénient qui avait été constaté depuis l'emploi des cartouchières nouveau modèle.

«En adoptant ce nouveau type de havre-sac, il est regrettable, ajoute l'Avenir, de constater le maintien de la bretelle articulée, cause de gêne

pour le soldat, de punitions fréquentes pour les bas-gradés et de faiblesse pour cet appendice d'arrimage.

» Depuis l'adoption des bretelles de suspension, les 19/20 des hommes de troupe ne se servent plus des contre-sanglons qui on le sait se rattachent à l'articulation de la bretelle. Pour le 120 qui s'en sert encore, il serait facile d'avoir en magasin 2 ou 300 paires de bretelles articulées que l'on adapterait au sac en cas de besoin, puisqu'elles s'y rattachent par de simples boucles; les 19/20 se serviraient de la bretelle d'une seule pièce, plus commode, plus légère, plus solide et moins coûteuse.

» Ajoutons que tous les havre-sacs du service de réserve ont subi ou subiront une transformation, les rapprochant du dernier modèle-type. Il est à désirer que ce travail soit fait le plus tôt possible et qu'on l'étende aux sacs du service courant; faute de quoi il s'écoulera de nombreuses années avant que les hommes soient pourvus d'un havre-sac léger. »

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ALGÉRIE. M. le colonel de Villebois-Mareuil, admis sur sa demande à la retraite par décision du 29 décembre dernier, a remis, le 11 janvier, à Sidi-Bel-Abbės, le commandement du 1er régiment étranger à M. le lieutenant-colonel Bertrand.

En faisant ses adieux à la légion, le colonel de Villebois-Mareuil a exprimé ses voeux les plus ardents pour l'avenir de cette vaillante cohorte, et il a terminé ainsi :

« Il n'y a de vrais soldats que ceux qui savent mourir. A ce titre, tous les légionnaires sont d'admirables soldats. Qu'ils se pénètrent, cependant, de cette vérité qu'aujourd'hui, avec les engins modernes, le courage seul ne compense pas l'instruction. Qu'ils soient aussi des soldats remarquablement instruits, remarquablement entraînés, et il n'y aura pas de troupe humaine capable de leur résister. » Echo de l'Armée.)

BIBLIOGRAPHIE

Journal du lieutenant Woodberry (1813-1815), traduit de l'anglais par Georges HÉLIE. E. Plon, Nourrit et Cie, imprimeurs-éditeurs, rue Garancière, 10, Paris, 1896. 1 vol. in-18°. de 365 pages, avec une planche (fac-similé du manuscrit anglais). Prix: 3 fr. 50.

Le lieutenant Woodberry, cornette au 18e hussards (Royal Irish), fut embarqué avec son régiment, en janvier 1813, pour le Portugal, à l'âge de 21 ans. Wellington commençait alors son offensive contre le roi Joseph, qu'il se préparait à refouler jusqu'en France. Le lieutenant Woodberry prit part à la bataille de Vittoria, où il fut légèrement blessé; il reçut une blessure plus grave au combat d'Ureuray, dans les Basses-Pyrénées, mais put participer comme sous-lieutenant à la bataille de Toulouse (10 avril 1814) et assister aux entrées triomphales à Bordeaux et à Paris, avant de s'em

barquer à Calais. L'année suivante on le retrouve à Canterbury, puis à Londres, enfin, en Belgique, avec les forces anglaises, débarquées à Ostende, pour rouvrir la campagne contre Napoléon. Woodberry assiste à la bataille de Waterloo, à l'extrême gauche de l'armée de Wellington, avec toute la cavalerie de sir H. Vivian. Il n'est en action qu'à la fin de la journée, pour contribuer à une victoire qui ne laisse pas de le surprendre quelque peu. Il entre à Paris avec les alliés.

Pendant ces émouvantes campagnes, le lieutenant Woodberry a tenu assidûment et avec beaucoup d'exactitude le journal de ce qu'il a vu, observé, étudié et ressenti, autant comme touriste plein d'humour, comme chasseur, pêcheur et voyageur avide d'instruction, que comme militaire, et en vérité ce journal offre de l'intérêt à plus d'un titre. La librairie Plon et le traducteur, M. Georges Hélie, ont été bien inspirés en faisant connaître aux lecteurs français ce petit volume d'un adversaire, d'ailleurs très loyal, très sympathique à la France et peu enthousiaste de ses victorieux alliés. Sous ce dernier rapport, on peut même trouver qu'il va un peu loin, qu'entre autres il parle des Prussiens et de leur vaillant chef en termes qui auraient pu être plus mesurés.

Pour les bibliothèques militaires. La bibliothèque militaire fédérale possède une quantité d'anciens doubles, qu'elle offre gratuitement aux' bibliothèques militaires cantonales ainsi qu'aux bibliothèques des places d'armes. Les sociétés militaires et autres intéressés peuvent se procurer la liste de ces doubles à l'office ci-dessous.

Berne, 11 février 1896.

Bureau d'Etat-major fédéral.

Guerre de l'Erythrée. P.S. - Pour satisfaire à des demandes réitérées de renforts du général Baratieri, des 7 et 8 février, le gouvernement italien a décidé l'envoi à Massoua de 12 nouveaux bataillons, avec 6 batteries de montagne, du génie et 3 mille mules. Les premiers départs ont eu lieu, de Naples, le 12 courant et se poursuivront jusqu'au 20. A cette occasion, les chambres sont convoquées pour le 5 mars, en vue d'accorder les crédits nécessaires, les 20 millions de francs votés l'automne dernier étant déjà de beaucoup dépassés. En attendant, les deux armées ennemies restent en présence autour d'Entiscio, faisant de part et d'autre force démonstrations et reconnaissances, tout en évitant de s'engager à fond et en échangeant des messages sur la future paix.

-On apprend que c'est le 20 janvier, dernier jour de la distribution d'eau, que la garnison assiégée de Makallé a hissé le drapeau blanc, remplacé, le lendemain à 6 heures du soir, par le drapeau abyssin, et que c'est pour garantir le retour des mules prétées ou louées au bataillon Galliano que 10 officiers avaient été retenus en otage.

Lausanne. - Imp. Corbaz et Cie,

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Nous avons, dans un précédent article, envisagé l'organisation de nos corps de troupes. Après avoir rapidement passé devant le front de combat de notre infanterie, que le lecteur veuille bien pénétrer dans l'intérieur des lignes et examiner avec nous l'envers de notre armée.

Par bien des points, la question des trains rentre dans la loi d'organisation de l'armée. Cependant, comme elle lui échappe par quelques détails, c'est là un motif suffisant pour que nous la traitions dans un chapitre à part.

«Lorsque le combat commence, disait un officier, on est profondément impressionné par le déploiement des forces ennemies et par l'ordre imposant qui paraît régner sur son front. De l'autre côté, au contraire, tout semble désordre, mais ce n'est là qu'une question de point de vue. Si, au lieu de contempler le front de bataille de l'ennemi, vous pouviez pénétrer dans les lignes de votre adversaire, vous y verriez régner la même confusion que dans les vôtres ». Une fois arrivé au combat, ce raisonnement, très juste en lui-même, est de nature à rassurer; mais lorsqu'il s'agit d'organisation, la consolation est insuffisante et il est de la plus grande importance de diminuer, autant que possible, un désordre à peu près inséparable de toute organisation armée.

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Peu de gens s'intéressent à ces questions, cependant capitales, et beaucoup, arrivés au chapitre des trains, fermeraient volontiers le livre, en disant : « A la garde de Dieu ». Indiffé

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rence funeste qu'il faut s'appliquer à détruire en premier lieu si nous voulons progresser dans ce domaine. Aussi croyonsnous devoir insister quelque peu ici sur les préliminaires.

Sans des trains bien organisés, une armée ne peut ni marcher, ni combattre, ni cantonner, ni conserver une ferme discipline. Ce dernier point surtout est à envisager pour une troupe de milices.

C'est par derrière que l'indiscipline s'introduit dans les armées. Pour s'en rendre compte, il suffit de considérer la composition des trains, composition nécessairement disparate, réunissant dans un ensemble qui change chaque jour, en personnel et en matériel, les éléments les plus portés à échapper au joug de la discipline et à l'autorité du commandement. Les éclopés et les malades d'abord, les escortes sans cesse renouvelées des voitures de guerre, les cantiniers enfin et les voitures de réquisition. Tout ce monde a son commandement spécial et les armes y sont mêlées comme les gens. Les services de santé et le service administratif, l'infanterie et l'artillerie sont là avec leurs prétentions diverses à l'omnipotence et à la direction de la colonne. Lorsqu'un homme, un fantassin, par exemple, revient à son corps après avoir passé quelque temps dans ce service, toutes les chances sont pour qu'il ait vu s'amoindrir en lui l'esprit de discipline. Telle est la pente naturelle des choses.

Pour réagir contre cette tendance et assurer un bon fonctionnement des trains, plusieurs éléments sont nécessaires.

En premier lieu, il faut le concours dévoué et convaincu de tous ceux qui sont appelés, temporairement ou régulièrement, à faire partie de cet organisme, et particulièrement des cadres. Il faut donc enseigner aux gradés l'importance de ce service. Tant qu'ils ne l'auront pas compris, tant que le service des trains restera, dans l'opinion de beaucoup, un service secondaire, les meilleures mesures seront vaines. Il y aurait donc. lieu d'insister sur ce point dans toutes les parties de l'enseignement et, principalement, dans celui qui est donné aux officiers d'infanterie et d'administration.

Ce premier point réglé, il faut aux trains une bonne et forte. organisation et un bon matériel. Organisation s'entend ici surtout dans le sens de commandement. Et d'abord, à qui confier le commandement des colonnes du train pour y faire dominer l'ordre et la discipline? Est-ce aux officiers d'adminis

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